10-02-2014, 23:21:05
On connaît les ivrognes. Ceux qui hantent les bars et racontent leur dernière nuit au premier inconnu venu pour avoir de la compagnie. Ils racontent souvent que, dans leur folle jeunesse, rien ne leur résistait, qu'ils avaient fait des choses inimaginables.
Mais ce ne sont souvent que des racontars.
Je vais vous raconter une histoire, une vraie, qu'il n'est pas impossible d'imaginer mais qui reste cependant une valeur sure dans son authentique vérité où le voile de l'incertitude se lève aussi vite que le soleil à l'orient.
Chao Hu, dans son habit de vaurienne, s'était assise en d'ailleurs sur le sol de sa maison. A côté de la table renversée, une bouteille de gnole à la main, et le sang de ses parents sous son séant. L'air sentait encore la mort et les plantes vertes frémissaient encore de la rougeur sanguine de l'événement.
Mais la petite ne s'en arrêtait pas là, elle descendait le liquide alcoolisée aussi vite qu'un rocher rond sur une pente ardue. Son esprit s'enlaçait dans moult nœuds sinueux, ses pensées s'imbriquaient à l'image des mots de son papy dans une phrase. Si l'alpage était vivifiant, l'ivresse était enivrante. Dans les fumées félines finissant de faire fuir les futilités en feintant la raison, l'assassine prenait sa première cuite.
Une fois son cerveau vide de toute habileté cognitive, son habileté vide de toute motricité fine, elle n'avait plus qu'à laisser la demeure vide de toute présence humaine vivante. Elle sortit donc dans la rue. L'air frais du soir lui caressa le visage avec une douceur laineuse, et un passant vint la voir, pour lui demander comment allaient ses parents.
« Mes frapents, pafrents, parents, ils zont comme ils voivent, boivent, doivent, magner. Aller. Fiou. Z'est dur de larper. F'est ssiant. »
L'homme la regarda sans comprendre. Il s'inquiéta de sa santé, et approcha sa main de son épaule. La posant délicatement dessus, il s'enquit de ce qui arrivait à Chao Hu d'un voix calme. La mayonnaise monta aux oreilles de la petite, et la moutarde au nez. Elle n'entendait rien, et elle avait envie d'exploser.
Elle dégagea violemment la main de celui qui lui voulait du bien et se mit à hurler.
« NE, ME, TOUSSE…. PAS ! »
Elle prit sa dague et l'enfonça dans la gorge du pauvre homme qui s'écroula sur elle. Se dégageant tant bien que mal, crachant le sang du macchabée qui lui coulait un peu partout dessus. Lorsqu'enfin elle put se remettre sur ses jambes, elle remarqua une femme interloquée au bout de la rue. Elle jura, fit faire un demi tour à son arme en l'air, la rattrapa par la lame, et la lança en direction de la témoin génante, sans réfléchir. Son lancer était loin d'envier celui d'un archer expérimenté, et le tranchant de l'objet termina sa course en rebondissant sur un piquet d'une yourte. Un garde arriva en courant à côté d'elle en sortant d'une ruelle perpendiculaire et regarda la petite. Remarquant ensuite le corps sans vie et le sang sur la gamine, il lui lança un regard incompréhensif.
Elle articula du mieux qu'elle put.
« La mama, mamadame, elle a tutué, mon coupaing. Mais elle m'a raté. Z'ai peur. C'est un quirminelle tu sais, ze l'ai rere, ze l'ai rere, ze l'ai rereconnue. »
La pauvre femme était toujours figée, au loin, incapable d'effectuer le moindre geste, traumatisée par ce qu'elle venait de voir.
Le nouvel arrivant banda son arc et tira en plein cœur, souleva l'hélionne et la mit sur ses épaules pour aller examiner sa victime. Il connaissait la petite depuis longtemps maintenant, et il avait l'habitude de se promener en ville avec elle.
Lorsqu'ils arrivèrent près de la femme sans vie, le défenseur de Babylios hoqueta.
Il venait de reconnaître la boulangère. Le temps de comprendre que la petite lui avait mentit, son sang ne fit qu'un tour. Du cœur, jusqu'aux poumons, puis jusqu'au cœur à nouveau. Il n'atteint jamais sa nouvelle étape. Un kriss bien planté dans le ventre du garde venait de sectionner l'artère pulmonaire du pauvre homme qui vit un liquide rouge et crasseux gicler devant lui. Ses yeux se fermèrent alors qu'il s'écroulait. Chao Hu roula dans le sable dans la chute de son porteur, et resta allongée quelques minutes.
Elle ricana.
Consciente de n'être pas encore sortie d'affaire, elle glissa sa dague dans la main du garde, et l'adrénaline lui permit de courir à peu près droit jusqu'au temple où elle pénétra, en trombe, complètement essoufflée. Les vénérateurs de Solaris la regardèrent avec effroi, elle qui avait l'apparence d'un guerrier nain qui sortait d'un massacre, la barbe en moins. Reprenant lentement son souffle, elle finit par expliquer.
« C'est terrible. Ignoble, désastrophique ! Z'était avec… *Souffle.* Avec le garde qui était cro zentil avant. Il… *Souffle. * C'était Zanzimar. Il… *Sanglot.* Il a tué mes parents et les a mis dans la cave. *Sanglot.* Il m'a ammenée dehors et… *Souffle.* Il m'a donné à boire du zus de fruit qui m'a fait tourner la tête. C'était pas bon. Alors z'ai pleuré. Alors y'a un… *Souffle.* Un zentil monsieur il est venu le voir pour lui dire que c'était pas bien et… *Sanglot.* Et alors Zanzimar il l'a tué. Et la boulanzère adorable qui me donnait du pain et ben… Et ben elle a tout vu. Alors il a tiré, et elle était toute… *Sanglot.* Elle était toute mourute après. Alors il a voulu s'enfuir. Et ze l'ai poursuivi. Et z'ai réussi à lui attraper les zambes en sautant. Heureusement que sa narmure elle l'a ralentit. Et après, z'ai eu peur, alors… *Nombreux sanglots.* Alors ze l'ai tuée. »
Elle fondit en larme. La comédie, elle savait faire, maintenant. Cachant sa tête dans ses mains, elle ne s'arrêta que pour répondre à un des prêtres qui s'était approché d'elle en lui demandant de leur montrer l'endroit. Ils prirent une troupe d'hommes armées avec eux et suivirent la petite.
Une fois sur le lieu du crime, nombreux furent les hommes qui vomirent. D'autres en allèrent de leurs petits commentaires. "Il ne m'avait jamais inspiré confiance, de toute manière. " , "Je savais que cet homme était incontrôlable. ", " Il suffisait de voir ses fréquentations pour savoir qu'il n'était pas fiable. " . Les fils de Dieu offrirent à la jeune fille de venir habiter dans le temple, en attendant que tout se tasse.
La nuit fut difficile. L'alcool retourna le ventre de la pauvre fillette qui ne se réveillait que pour vomir, entre deux cauchemars.
Elle ne se souvint de rien à son réveil, elle n'avait qu'un sentiment, au fond d'elle, un profond malaise qui lui faisait penser qu'elle avait un démon en elle qu'elle devait exorciser.
Quand on lui raconta la nuit le lendemain, elle se rappela qu'elle avait sur ses mains la vie de ses parents.
Au fur et à mesure que l'histoire se déroulait, tous les instants lui revinrent doucement à la mémoire. Elle ne dit rien.
Elle était tirée d'affaire, et ses crimes resteraient inconnus et impunis.
Moi même qui vous raconte cette histoire, si vous pouvez m'écouter, c'est que vous m'avez rejoint aux cieux.
Vous voyez, les anges n'ont pas que des histoires marrantes…
Mais je suis son ange gardien, et je dois veiller sur elle. Car aujourd'hui, elle tente de se faire pardonner ses pêchés. Elle aide sa patrie, et aime ses alliés. Elle a prit la voie de la rédemption, et je dois l'aider.
Mais ce ne sont souvent que des racontars.
Je vais vous raconter une histoire, une vraie, qu'il n'est pas impossible d'imaginer mais qui reste cependant une valeur sure dans son authentique vérité où le voile de l'incertitude se lève aussi vite que le soleil à l'orient.
Chao Hu, dans son habit de vaurienne, s'était assise en d'ailleurs sur le sol de sa maison. A côté de la table renversée, une bouteille de gnole à la main, et le sang de ses parents sous son séant. L'air sentait encore la mort et les plantes vertes frémissaient encore de la rougeur sanguine de l'événement.
Mais la petite ne s'en arrêtait pas là, elle descendait le liquide alcoolisée aussi vite qu'un rocher rond sur une pente ardue. Son esprit s'enlaçait dans moult nœuds sinueux, ses pensées s'imbriquaient à l'image des mots de son papy dans une phrase. Si l'alpage était vivifiant, l'ivresse était enivrante. Dans les fumées félines finissant de faire fuir les futilités en feintant la raison, l'assassine prenait sa première cuite.
Une fois son cerveau vide de toute habileté cognitive, son habileté vide de toute motricité fine, elle n'avait plus qu'à laisser la demeure vide de toute présence humaine vivante. Elle sortit donc dans la rue. L'air frais du soir lui caressa le visage avec une douceur laineuse, et un passant vint la voir, pour lui demander comment allaient ses parents.
« Mes frapents, pafrents, parents, ils zont comme ils voivent, boivent, doivent, magner. Aller. Fiou. Z'est dur de larper. F'est ssiant. »
L'homme la regarda sans comprendre. Il s'inquiéta de sa santé, et approcha sa main de son épaule. La posant délicatement dessus, il s'enquit de ce qui arrivait à Chao Hu d'un voix calme. La mayonnaise monta aux oreilles de la petite, et la moutarde au nez. Elle n'entendait rien, et elle avait envie d'exploser.
Elle dégagea violemment la main de celui qui lui voulait du bien et se mit à hurler.
« NE, ME, TOUSSE…. PAS ! »
Elle prit sa dague et l'enfonça dans la gorge du pauvre homme qui s'écroula sur elle. Se dégageant tant bien que mal, crachant le sang du macchabée qui lui coulait un peu partout dessus. Lorsqu'enfin elle put se remettre sur ses jambes, elle remarqua une femme interloquée au bout de la rue. Elle jura, fit faire un demi tour à son arme en l'air, la rattrapa par la lame, et la lança en direction de la témoin génante, sans réfléchir. Son lancer était loin d'envier celui d'un archer expérimenté, et le tranchant de l'objet termina sa course en rebondissant sur un piquet d'une yourte. Un garde arriva en courant à côté d'elle en sortant d'une ruelle perpendiculaire et regarda la petite. Remarquant ensuite le corps sans vie et le sang sur la gamine, il lui lança un regard incompréhensif.
Elle articula du mieux qu'elle put.
« La mama, mamadame, elle a tutué, mon coupaing. Mais elle m'a raté. Z'ai peur. C'est un quirminelle tu sais, ze l'ai rere, ze l'ai rere, ze l'ai rereconnue. »
La pauvre femme était toujours figée, au loin, incapable d'effectuer le moindre geste, traumatisée par ce qu'elle venait de voir.
Le nouvel arrivant banda son arc et tira en plein cœur, souleva l'hélionne et la mit sur ses épaules pour aller examiner sa victime. Il connaissait la petite depuis longtemps maintenant, et il avait l'habitude de se promener en ville avec elle.
Lorsqu'ils arrivèrent près de la femme sans vie, le défenseur de Babylios hoqueta.
Il venait de reconnaître la boulangère. Le temps de comprendre que la petite lui avait mentit, son sang ne fit qu'un tour. Du cœur, jusqu'aux poumons, puis jusqu'au cœur à nouveau. Il n'atteint jamais sa nouvelle étape. Un kriss bien planté dans le ventre du garde venait de sectionner l'artère pulmonaire du pauvre homme qui vit un liquide rouge et crasseux gicler devant lui. Ses yeux se fermèrent alors qu'il s'écroulait. Chao Hu roula dans le sable dans la chute de son porteur, et resta allongée quelques minutes.
Elle ricana.
Consciente de n'être pas encore sortie d'affaire, elle glissa sa dague dans la main du garde, et l'adrénaline lui permit de courir à peu près droit jusqu'au temple où elle pénétra, en trombe, complètement essoufflée. Les vénérateurs de Solaris la regardèrent avec effroi, elle qui avait l'apparence d'un guerrier nain qui sortait d'un massacre, la barbe en moins. Reprenant lentement son souffle, elle finit par expliquer.
« C'est terrible. Ignoble, désastrophique ! Z'était avec… *Souffle.* Avec le garde qui était cro zentil avant. Il… *Souffle. * C'était Zanzimar. Il… *Sanglot.* Il a tué mes parents et les a mis dans la cave. *Sanglot.* Il m'a ammenée dehors et… *Souffle.* Il m'a donné à boire du zus de fruit qui m'a fait tourner la tête. C'était pas bon. Alors z'ai pleuré. Alors y'a un… *Souffle.* Un zentil monsieur il est venu le voir pour lui dire que c'était pas bien et… *Sanglot.* Et alors Zanzimar il l'a tué. Et la boulanzère adorable qui me donnait du pain et ben… Et ben elle a tout vu. Alors il a tiré, et elle était toute… *Sanglot.* Elle était toute mourute après. Alors il a voulu s'enfuir. Et ze l'ai poursuivi. Et z'ai réussi à lui attraper les zambes en sautant. Heureusement que sa narmure elle l'a ralentit. Et après, z'ai eu peur, alors… *Nombreux sanglots.* Alors ze l'ai tuée. »
Elle fondit en larme. La comédie, elle savait faire, maintenant. Cachant sa tête dans ses mains, elle ne s'arrêta que pour répondre à un des prêtres qui s'était approché d'elle en lui demandant de leur montrer l'endroit. Ils prirent une troupe d'hommes armées avec eux et suivirent la petite.
Une fois sur le lieu du crime, nombreux furent les hommes qui vomirent. D'autres en allèrent de leurs petits commentaires. "Il ne m'avait jamais inspiré confiance, de toute manière. " , "Je savais que cet homme était incontrôlable. ", " Il suffisait de voir ses fréquentations pour savoir qu'il n'était pas fiable. " . Les fils de Dieu offrirent à la jeune fille de venir habiter dans le temple, en attendant que tout se tasse.
La nuit fut difficile. L'alcool retourna le ventre de la pauvre fillette qui ne se réveillait que pour vomir, entre deux cauchemars.
Elle ne se souvint de rien à son réveil, elle n'avait qu'un sentiment, au fond d'elle, un profond malaise qui lui faisait penser qu'elle avait un démon en elle qu'elle devait exorciser.
Quand on lui raconta la nuit le lendemain, elle se rappela qu'elle avait sur ses mains la vie de ses parents.
Au fur et à mesure que l'histoire se déroulait, tous les instants lui revinrent doucement à la mémoire. Elle ne dit rien.
Elle était tirée d'affaire, et ses crimes resteraient inconnus et impunis.
Moi même qui vous raconte cette histoire, si vous pouvez m'écouter, c'est que vous m'avez rejoint aux cieux.
Vous voyez, les anges n'ont pas que des histoires marrantes…
Mais je suis son ange gardien, et je dois veiller sur elle. Car aujourd'hui, elle tente de se faire pardonner ses pêchés. Elle aide sa patrie, et aime ses alliés. Elle a prit la voie de la rédemption, et je dois l'aider.