01-02-2014, 02:58:32
![[Image: zvqmjF2.png]](http://i.imgur.com/zvqmjF2.png)
La faille s'enfonçait dans les entrailles de la terre comme un long boyau. C'était une faille assez grande en soit, presque une caverne. Elle était assez haute, tout juste, pour laisser passer un troll adulte, et trois hommes au coude à coude sur la largeur. C'était bien assez pour les habitants sombres et sales du cœur de la Montagne.
Dès l'entrée, l'odeur était intenable, suffocante. Pourtant, le parfum âcre qui remontait des entrailles du tunnel n'était pas dû aux nombreux excréments et autres déchets naturels des gobelins et des trolls environnants, mais à quelque chose de plus fort, de plus amer encore : c'était une odeur de sang.
Perçant la roche noire, des chardons de sang étaient éclairés par les quelques lumières des cristaux incrustés, donnant alors au labyrinthe d'ébène des reflets pourpre et pivoine, dansant devant le regard du spectateur dégoûté. C'était sanglant, sans même qu'il n'y ait de sang.
Pour en rajouter encore, comme si la merde de troll et l'odeur de sangs séché n'étaient pas suffisants, il y avait également des cris. D'innombrables cris. Des cris qui sortaient du corps et du cœur, des perçants, des forts, des rugissants. C'était aussi horrible que pénible, à en fendre les cœurs les plus fragiles, à en faire pleurer toutes les déesses du panthéon hélion.
On n'imaginait que difficilement ce que l'on pouvait faire à ces pauvres âmes en souffrance, et dans le fond, eut il quelqu'un d'assez fou pour vouloir y penser ?
Le décor était ainsi planté. Le trou dans la montagne était béant, comme une blessure à vif.
Elle laissait le pus en sortir, et c'était sous la forme de gobelins plus immondes les uns que les autres que se présenter le tableau de l'innommable.
Le nomade avait eu peur de cet endroit, et il avait sans doute eu raison.
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Le petit garde frontalier n'était pas un Gobelin comme les autres. Son rôle n'était d'ailleurs pas d'attaquer. De la hiérarchie de la Caverne, il était au plus bas, une vermine, un moins que rien. Son rôle n'était que d'observer les allers et venues de chacun, de ses grands yeux sans pupille, aussi laiteux qu'un nuage de lait caillé.
Il prit quelques coups à l'entrée, sans doute pour la forme. Il ne résista pas, mais n'attaqua pas en retour, allant même jusqu'à se terrer dans un coin de la caverne en attendant que l'étrange cortège ne passe et ne le laisse en paix. Il n'avait que faire s'ils passaient : les Grands Trolls se chargeraient d'eux, et lui.. Lui il serait de nouveau en paix.
Cependant, il ne le fut pas longtemps.
Le mage le vit. Il frissonna, son petit être se contracta mais ses yeux restèrent grands ouverts, comme trop curieux pour les fermer, ou alors il ne craignait rien du Lahad. Il émit un gémissement suraigu, assurant que la première option était la plus plausible, sifflant comme un hamster qu'on aurait trop serré, puis renâcla, un long filet de bave glissant de sa babine inférieure pour parfaitement épouser la main puissante du mage.
Il se laisserait faire, mais ce n'était qu'à la condition que l'hélion ne le secoue pas trop.
Comme un animal en effet, le gobelin grisâtre montrait les dents, enfin, les crocs.
Il écouta le mage.
Un instant, son air se figea, semblant réfléchir. Il hésitait. La peur lui tiraillait le ventre car il avait vu comment les hommes du Tunnel tuaient ses frères et ses cousins. S'ils n'en restaient plus un seul, ils se retourneraient contre lui, le pauvre Garde frontalier… Mais s'il disait… S'il racontait..
Il frissonna. Non, non. Il ne serait pas content. Il le tuerait. Oui, il le tuerait ! … Mais le mage en ferait de même.
Crachant sur le sol un mollard gluant, le gobelin renifla ensuite en reculant d'un pas, apeuré mais même dans cet état, il était difficile d'éprouver un tant soit peu de pitié tant il était dégoûtant :
![[Image: 100161.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/100161.png)
Comme les yeux laiteux de la créature se fixaient sur Anwaar, les cris cessèrent aussitôt, tout d'un coup. Le Gobelin plissa le nez, et seulement quelques secondes après, remplaçant les cris féminins, c'était au tour d'un homme de se mettre à hurler, tout du moins, vraisemblablement, il s'agissait d'un homme… ou d'un autre Gobelin ?
Le frontalier lui-même l'ignorait.
![[Image: 100161.png]](https://royaume-andoras.net/images/icones/v4/100161.png)
Son dos se mit à râper le mur, comme pour échapper à la fureur du mage si jamais la réponse ne lui convenait pas. Si jamais le mage partait, il irait se vautrer dans un coin de grotte, attendant que le massage ait lieu, et que la « paix » revienne dans le Tunnel…