Le début d'une nouvelle vie
#11
L'inspection des lieux fut rapide : il n'y avait guère plus de mobilier dans cette grotte que dans la hutte du chef tribal, ce qui en soit pouvait aisément se comprendre. Pourtant, Farouk eu cette fois d'avantage de chance. Nulle bourse remplie de rognures d'ongles ici mais une veine de mithril qui lézardait une paroi au fond de la grotte. Quelle aubaine ! Sans attendre d'avantage, Farouk agrippa la pioche qu'il gardait attachée dans son dos et entreprit d'extraire le précieux minerai. Le raffut attirerait probablement l'attention des autres hélions mais Farouk n'en n'avait que faire : il ne pouvait passer à côté d'un tel pactole.

Et effectivement, les coups répétés de la pioche et le fracas des métaux s'entrechoquant eurent tôt fait d'attirer un hélion qui s'attendait plus certainement à trouver un nouveau groupe de gobelin qu'un hélion solitaire minant un filon fraîchement découvert. L'individu portait un masque qui ne laissait rien entrevoir de son visage et cachait son corps sous une longue cape sombre.

L'inconnu émit un bruit à peine audible, comme un murmure.

- Mmmh...

Bien que son visage ne fût pas visible, l'ombre immobile de sa capuche semblait trahir un regard insistant, comme si l'inconnu tentait de voir à travers lui. D'une voix sombre, il s'adressa à Farouk.

- Voilà une bien curieuse rencontre au cœur d'un campement sauvage. Mais le butin semble à la hauteur du risque. Est-ce là une des matières les plus rares d'Ecridel que je crois deviner sous ta pioche ?

Farouk aurait pu cacher sa trouvaille, mais le rôdeur devait l'avoir observé depuis longtemps. Il ne servirait à rien de nier.

- Il s'agit bien là d'un filon de mithril, répondit Farouk. Les gobelins n'auront probablement pas eu le matériel nécessaire pour l'extraire ou bien ne connaissaient-ils peut-être pas sa valeur marchande.

- Mmmmh. Les autres auront sans doute achevé d'inspecter le village sans succès. Il y aura plus probablement de quoi leur salir les mains que de quoi leur remplir la bourse.

A ces mots, un petit rire nerveux s'échappa de la capuche, comme si la situation l'amusait. Farouk, lui, resta immobile fixant son homologue en se demandant si celui-ci lui réclamerait une part du filon de mithril qu'il venait de découvrir. L'inconnu reprit.

- Je suis Hanish. Quel nom puis-je mettre sur ta personne ?

- Farouk Al Mahjoub, lui répondit-il sobrement.

- Que les Ombres protègent tes pas Farouk Al Mahjoub, lui lança-t-il d'un ton bienveillant. Il reprit alors, une pointe d'ironie dans la voix. Je t'ai observé durant ton voyage depuis Babylios. Tu sembles aussi seul qu'une vieille hyène malgré l'énergie qui semble t'habiter. Une tanière et une meute sont souvent à-même d'alléger le quotidien...

A ces mots, Farouk fronça les sourcils, méfiant de ces mots mystérieux à la limite de la provocation.

- Que dis-tu ?

Alors le rôdeur tendit une main nue, un petit morceau de parchemin plié entre le majeur et l'index.

- J'ai peu de temps. Ton butin m'intéresse mais je n'ai pas sur moi les moyens de te le payer. Je t'offre pour ce minerai le meilleur prix que tu trouveras en ville. Rends-toi au rendez-vous indiqué sur ce parchemin lors de la prochaine nuit sans lune.

Hanish marqua un temps d'arrêt, semblant observer la réaction de Farouk et sa réceptivité à la proposition qui lui était faite. Sans attendre la réponse de ce dernier, Hanish reprit.

- Viens seul. Nous pourrons prendre du temps pour mieux faire connaissance. Mon intuition me dit que nous avons un bout de chemin à faire côte à côte.

Farouk prit le parchemin et tourna la tête vers le filon enfiché dans la paroi de la grotte. Quand il tourna de nouveau son visage vers l'inconnu, ce dernier avait disparu dans les ombres.
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