L'heure est venue. Les Ombres sont sur vous.
#5
Les Ombres sont sur vous

Après avoir fait quelques provisions aux frais de citoyens inconnus, contre leur volonté, Hanish n'eut pas de mal à retrouver la venelle abandonnée.

Il se faufila sous le mur écroulé, franchit les arcades et s'arrêta à la porte.
Une gravure attira son attention, qu'il n'avait pas vu la première fois : une dague noire au manche ivoire laisser perler à sa pointe une goutte rouge.
La dague qui ne le quittait plus désormais en avait l'empreinte parfaite quand il la superposa dessus.
La porte s'ouvrit en silence...

S'enfonçant dans la faible lumière ambiante qui l'avait déjà surpris, il retrouva sans peine la salle de lecture.
Il se sentait à l'aise dans ces murs, même si une longue investigation l'attendait pour s'orienter dans les cryptes et les passages qu'il devinait aisément.

Il passa de nombreux jours à la lecture des ouvrages retrouvés, du moins ceux que le temps avait épargnés et ceux dont il reconnaissait l'écriture, somme toute un nombre très restreint sur tout ce qu'il avait à portée.
Il apprît toutefois assez pour aiguiser son envie et le conforter dans son choix.


La guilde oubliée portait le nom du Conclave des Ombres.

A ce qu'il comprit, c'était une compagnie de parias rejetés par la société, officiellement ou officieusement.
Elle n'avait pas d'âge connu.
Elle n'avait pas de lien avec le Cheik, elle n'avait pas de lien avec la Main ... en fait, elle n'avait pas de lien.
Elle n'avait pas de règles strictes non plus.

Pour assurer sa subsistance, on lui confiait des contrats : meurtre, contrebande, surveillance, renseignement...

Elle avait acquis une grande expérience et une grande réputation, aujourd'hui oubliée.

Elle avait sombré progressivement dans l'oubli, ses membres étant un a un éliminés par la vie, la Main et les guerres avec le Monde.

Elle avait un messager, nommé Melmoth, qui changeait de visage d'âge en âge, toujours rebelle, toujours la voix officielle de la guilde.
Ce dernier était resté seul de longues années avant sa mort.
C'est lui qui reposait maintenant au sol en poussière sous les pieds d'Hanish.
Il avait emporté la guilde avec lui... ou presque.

Il avait passé un pacte avec les Dieux, pour que la guilde puisse toujours être un refuge aux âmes rejetées de tous.


Hanish comprit tout cela de ses lectures et de ses pérégrinations dans le repaire, qu'il s'appropriait progressivement.
Il se sentait à l'aise dans ces murs.
Il s'était aménagé une alcôve avec ses maigres biens et les équipements trouvés ici, quoique vieux et usés, armes, armures, artéfacts... ne permettant aux mieux qu'un entrainement au regard de leur état.
Il ne sortait plus que pour s'approvisionner, volant de droite et de gauche, sur les marchés, dans les cours des nobles, dans les remises des négociants.
Il se mit à s'entrainer avec les livres des Ombres.
Il apprît beaucoup, mais se forgea surtout une volonté sans faille.

Curieusement, il ne fit le rapprochement de ses aventures avec le pacte de Melmoth qu'après une épuisante course d'endurance dans les couloirs de la guilde (un véritable dédale, très utile pour se déplacer à l'abri du regard dans le sol de la ville) qui l'avait laissé pantelant : son devoir était de reformer la guilde ! C'était le pacte passé par le Gardien ! Il était la nouvelle voix des Ombres !

Il prit conscience de sa mission nouvelle, pour laquelle l'échec n'était pas permis.

Il continua plusieurs semaines durant à organiser le repaire, tâche rendue facile par la propreté des lieux.
Il avait fini par comprendre que l'absence de poussière signifiait absence de traces, vital pour la guilde...

Après un entraînement acharné, il se mit en tête de recruter enfin.
Il devait se fondre dans la masse pour recruter sans attirer l'attention.
Il devait aussi accumuler de l'expérience.

Il décida de n'être qu'un aventurier parmi d'autres.

Il se présenta aux portes du temple, méconnaissable avec sa cape élimée et ses chaussures de cuir souple.
Seules ses tresses blanches serrées de rubans noirs faisaient plisser les yeux aux gardes des portes.

Mais cela ne dura que quelques fractions de secondes : son premier objectif était atteint, on ne l'avait pas reconnu.

Il reçut sa mission d'un des gardes : on signalait d'étranges activités au nord du fleuve

Il accepta le mot et partit vers les portes de la ville, comme les nombreux aventuriers qui l'épaulaient de toutes parts.


L'heure était venue.
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