05-12-2013, 00:31:32
Une semaine plus tard...
Une semaine était somme toute peu de temps, pourtant cela sembla lui paraître une éternité. Tantôt bercée par l'image sanguinolente d'un homme-fleur-fontaine-de-sang, tantôt par son totem-corbeau à la voix de malheur, la jeune femme ne comprenait plus, et ne cherchait d'ailleurs plus vraiment à comprendre.
Seul le silence lui importait. Le calme. Le repos.
C'était la première fois que le silence mortuaire du Manoir lui semblait être une bénédiction. Elle l'avait longtemps pris comme une punition, comme une énième façon de se rire d'elle et de l'ignorer. Aujourd'hui elle priait qu'on ne lui parle pas, pas même un mot, qu'on ne lui demande rien, et surtout pas d'expliquer pourquoi ou comment.
Son cœur n'était pas prêt à dire, et sa bouche pas prête à s'ouvrir. Encore moins pour s'excuser d'avoir disparue comme ça, une, deux semaines elle ne se souvenait plus. Elle se rappelait seulement du goût qu'avait eu la chair et de la tristesse. Elle se souvenait avoir ressenti, et cela la rendait heureuse. La coquille vide qu'elle avait toujours été s'était rempli un instant, de presque rien, mais d'un néant qui aujourd'hui était matière.
Elle se rappelait la force qu'elle avait pu dégager de ses bras maigrelets, la colère qui avait remplacé petit à petit tout son sang, et finalement la joie et le plaisir de voir souffrir et gicler le sang sur son visage et sa peau. Tout ça lui avait offert quelque chose. La mort d'Eäril lui avait offert plus qu'elle n'aurait pu espérer de son vivant.
Vivant, il aurait été un compagnon. Ils se seraient détruits. En mourant, il avait libéré son âme pour qu'elle puisse le dévorer et ainsi compléter ce qu'elle avait toujours cru divisé de moitié.
Aujourd'hui plus que jamais elle était ainsi : complète.
Diablement complète.
S'extirpant du lit, le corps encore glacé de la douche qu'on lui avait donné à l'aube, elle se couvrit de sa robe propre et nettoyée. Les salissures et le sang n'étaient pas admis à l'intérieur du Manoir. Jusqu'au palier, oui, mais jamais au-delà. Séléné n'aimait pas ça. Séléné n'aimait rien.
Elle rattrapa son bâton de buis, l'attirant à elle par un simple courant d'air. Elle s'appuya dessus, le corps encore cassé mais déjà plus costaud que lorsqu'elle était arrivée. Elle n'aurait pas besoin d'une semaine de plus pour récupérer. Dans une semaine, elle serait prête. Prête pour la suite.
Pour autant son sang se glaça. La porte venait de grincer. Et…
Il était là. Bien sûr, elle aurait dû le prévoir.
Il n'était pas assez tard pour qu'il ne soit déjà partit, pas assez tôt pour qu'il ne soit pas encore rentré de vadrouille.
Il n'était pas venu la voir une seule fois.
S'il était venu, elle ne le savait pas.
Ce qu'elle ne savait pas, n'existait pas.
Et là. Il était là.
Elle le fixa, surprise au premier abord, puis finalement son visage sembla se rembrunir. Ses yeux jetèrent des éclairs qu'elle n'était plus capable de produire. Pas aussi malmenée.
On toque aux porrrtes quand on est bien élevé…
Elle n'avait pas perdu sa verve, sa fougue.
Elle en avait gagné. Et ça, il l'apprendrait à ses dépends.
Une semaine était somme toute peu de temps, pourtant cela sembla lui paraître une éternité. Tantôt bercée par l'image sanguinolente d'un homme-fleur-fontaine-de-sang, tantôt par son totem-corbeau à la voix de malheur, la jeune femme ne comprenait plus, et ne cherchait d'ailleurs plus vraiment à comprendre.
Seul le silence lui importait. Le calme. Le repos.
C'était la première fois que le silence mortuaire du Manoir lui semblait être une bénédiction. Elle l'avait longtemps pris comme une punition, comme une énième façon de se rire d'elle et de l'ignorer. Aujourd'hui elle priait qu'on ne lui parle pas, pas même un mot, qu'on ne lui demande rien, et surtout pas d'expliquer pourquoi ou comment.
Son cœur n'était pas prêt à dire, et sa bouche pas prête à s'ouvrir. Encore moins pour s'excuser d'avoir disparue comme ça, une, deux semaines elle ne se souvenait plus. Elle se rappelait seulement du goût qu'avait eu la chair et de la tristesse. Elle se souvenait avoir ressenti, et cela la rendait heureuse. La coquille vide qu'elle avait toujours été s'était rempli un instant, de presque rien, mais d'un néant qui aujourd'hui était matière.
Elle se rappelait la force qu'elle avait pu dégager de ses bras maigrelets, la colère qui avait remplacé petit à petit tout son sang, et finalement la joie et le plaisir de voir souffrir et gicler le sang sur son visage et sa peau. Tout ça lui avait offert quelque chose. La mort d'Eäril lui avait offert plus qu'elle n'aurait pu espérer de son vivant.
Vivant, il aurait été un compagnon. Ils se seraient détruits. En mourant, il avait libéré son âme pour qu'elle puisse le dévorer et ainsi compléter ce qu'elle avait toujours cru divisé de moitié.
Aujourd'hui plus que jamais elle était ainsi : complète.
Diablement complète.
S'extirpant du lit, le corps encore glacé de la douche qu'on lui avait donné à l'aube, elle se couvrit de sa robe propre et nettoyée. Les salissures et le sang n'étaient pas admis à l'intérieur du Manoir. Jusqu'au palier, oui, mais jamais au-delà. Séléné n'aimait pas ça. Séléné n'aimait rien.
Elle rattrapa son bâton de buis, l'attirant à elle par un simple courant d'air. Elle s'appuya dessus, le corps encore cassé mais déjà plus costaud que lorsqu'elle était arrivée. Elle n'aurait pas besoin d'une semaine de plus pour récupérer. Dans une semaine, elle serait prête. Prête pour la suite.
Pour autant son sang se glaça. La porte venait de grincer. Et…
Il était là. Bien sûr, elle aurait dû le prévoir.
Il n'était pas assez tard pour qu'il ne soit déjà partit, pas assez tôt pour qu'il ne soit pas encore rentré de vadrouille.
Il n'était pas venu la voir une seule fois.
S'il était venu, elle ne le savait pas.
Ce qu'elle ne savait pas, n'existait pas.
Et là. Il était là.
Elle le fixa, surprise au premier abord, puis finalement son visage sembla se rembrunir. Ses yeux jetèrent des éclairs qu'elle n'était plus capable de produire. Pas aussi malmenée.
On toque aux porrrtes quand on est bien élevé…
Elle n'avait pas perdu sa verve, sa fougue.
Elle en avait gagné. Et ça, il l'apprendrait à ses dépends.