05-12-2013, 00:21:07
Attends-moââ ! Attends-moâ !
Mais l'oiseau de malheur ne l'écoutait pas.
Elle sautait, et plus son corps bougeait, vibrait, plus son ancienne blessure lui faisait mal.
Elle fronçait les sourcils à chaque saut, à chaque accélération, pour finalement s'arrêter, complètement perdue. Elle inspira profondément mais ses poumons la brûlaient.
Encore seule.
Encore perdue.
Elle jeta un regard en arrière. Il y avait des bruits.
Mais rien d'intéressant.
Elle fronça les sourcils en se penchant. Les éléments lui étaient si dociles… mais les esprits étaient muets à ses appels. Aucune âme ici ne l'aurait aidé de son plein grès. Elle enfonça ses doigts dans la terre, d'un air vaguement las.
Qu'est-ce que diable avait-elle… ?
Qu'est-ce qui poussaient les esprits à la fuir ?
Tu es pourrie à l'intérieur.
Tu sens la mort, Quoth.
Elle releva les yeux et croisa les iris brillants du corbeau d'ombre.
Il avait raison. Elle n'était plus véritablement la bienvenue ici. Elle avait fait souffrir les êtres. Elle avait condamné plus d'esprits à errer ici-bas qu'elle n'en avait libérés. C'était pourtant sa mission. De guider les esprits…
Tu ne m'as pas attendu, corrrbeau de malheurrr.
Tu avais besoin de te perdre.
Pourrrquoââ ?
Pour mieux te retrouver, Quoth…
Elle le fixa, d'un air trouble.
Elle avait du mal à comprendre.
Ces derniers jours, son monde n'était plus rien. Sa raison s'étiolait. Tout lui semblait si étrange… comme si tout s'éparpillait autour d'elle en une centaine de milliers de petits morceaux.
Tu ne m'as jamais aidé avant aujourd'hui.
Pourquoi fais-tu ça ?
Le corbeau gonfla son plumage et sembla hausser ses ailes comme un humain l'aurait fait.
Elle eut un petit rire, naïf, peiné également.
Tu ne m'aides pas.
Tu ne fais que m'enfoncer.
Un bruit sourd résonna au loin. Quelque chose venait de cogner.
Ses yeux s'ouvrirent, fixant l'obscurité qui l'entourait. Bientôt ce serait l'aube.
Et avec ça… la mort du corbeau d'ombre, jusqu'au soir suivant.
Elle jeta un regard au corbeau qui attendait, perché sur son bâton de buis.
Tu l'as entendu, toi aussi ?
Tu ne vas pas tarder à sentir.
Quoth frissonna. Quelque chose passa dans l'air. C'était froid et désagréable.
L'odeur suivit. Une odeur chaude, mais acre. Elle grimaça, jetant un regard au corbeau.
Tu sais.
Tu te mens à toi-même.
Tu sais exactement ce que c'est que ce bruit, que cette odeur.
Et tu te mens en grimaçant, Quoth. Tu es née pour ça.
Observe ! et apprends…
Le corbeau disparut dans l'obscurité, emportant avec lui les quelques réponses qu'il ne lui dirait pas.
Elle grimaça et se releva, doucement, comme un jeune roseau, aussi flexible que souple. Un peu trop squelettique pour que ce soit véritablement élégant – ça avait le mérite d'être au moins effrayant.
Elle fit quelques pas, lents, posés, calmes.
Il lui semblait que le temps s'était ralentit. Ou était-ce à cause de ce bruit de bouillis régulier et lourd ?
Elle s'approcha d'un arbre, y posant ses doigts blancs avant de pencher à peine la tête pour observer l'étrange spectacle. Elle eut un petit frisson, mélange d'horreur et d'excitation, sans pour autant savoir exactement ce que ces deux sentiments pouvaient bien faire là devant un monstre macabre.
Il ne la voyait pas, trop absorbé par les chocs et la chair, trop absorbé par le sang et les viscères.
Elle, elle ne faisait pas vraiment attention au gobelin qui somme toute n'était déjà plus qu'une purée de sang et de muscle un peu gras. Elle l'observait lui. Son visage guérit et blanc. Sa morsure, à elle. Un sourire mauvais se patina sur sa gueule, pas assez longtemps cependant car déjà un bruit survenait de plus loin.
Il l'avait entendu. Trop tard, pensa-t-elle, sans bouger.
Il avait fui. Maintenant, il n'avait qu'à souffrir… et se débrouiller.
Tout seul.
Comme elle.
Comme elle avait toujours fait.
Ses doigts s'enfoncèrent dans l'écorce de l'arbre, se cachant dans l'obscurité où elle tenait si bien, ses yeux seuls brillant dans la pénombre.
Le choc fut brutal. Le troll avait l'air terrible.
Elle eut un sourire, sa longue tignasse formant un halo sombre autour de son crâne, une auréole de ténèbres.
Qu'il souffre, comme il l'avait faite souffrir.
Qu'il souffre… devant ses yeux.
Parce qu'elle en avait décidé ainsi.
Mais l'oiseau de malheur ne l'écoutait pas.
Elle sautait, et plus son corps bougeait, vibrait, plus son ancienne blessure lui faisait mal.
Elle fronçait les sourcils à chaque saut, à chaque accélération, pour finalement s'arrêter, complètement perdue. Elle inspira profondément mais ses poumons la brûlaient.
Encore seule.
Encore perdue.
Elle jeta un regard en arrière. Il y avait des bruits.
Mais rien d'intéressant.
Elle fronça les sourcils en se penchant. Les éléments lui étaient si dociles… mais les esprits étaient muets à ses appels. Aucune âme ici ne l'aurait aidé de son plein grès. Elle enfonça ses doigts dans la terre, d'un air vaguement las.
Qu'est-ce que diable avait-elle… ?
Qu'est-ce qui poussaient les esprits à la fuir ?
Tu es pourrie à l'intérieur.
Tu sens la mort, Quoth.
Elle releva les yeux et croisa les iris brillants du corbeau d'ombre.
Il avait raison. Elle n'était plus véritablement la bienvenue ici. Elle avait fait souffrir les êtres. Elle avait condamné plus d'esprits à errer ici-bas qu'elle n'en avait libérés. C'était pourtant sa mission. De guider les esprits…
Tu ne m'as pas attendu, corrrbeau de malheurrr.
Tu avais besoin de te perdre.
Pourrrquoââ ?
Pour mieux te retrouver, Quoth…
Elle le fixa, d'un air trouble.
Elle avait du mal à comprendre.
Ces derniers jours, son monde n'était plus rien. Sa raison s'étiolait. Tout lui semblait si étrange… comme si tout s'éparpillait autour d'elle en une centaine de milliers de petits morceaux.
Tu ne m'as jamais aidé avant aujourd'hui.
Pourquoi fais-tu ça ?
Le corbeau gonfla son plumage et sembla hausser ses ailes comme un humain l'aurait fait.
Elle eut un petit rire, naïf, peiné également.
Tu ne m'aides pas.
Tu ne fais que m'enfoncer.
Un bruit sourd résonna au loin. Quelque chose venait de cogner.
Ses yeux s'ouvrirent, fixant l'obscurité qui l'entourait. Bientôt ce serait l'aube.
Et avec ça… la mort du corbeau d'ombre, jusqu'au soir suivant.
Elle jeta un regard au corbeau qui attendait, perché sur son bâton de buis.
Tu l'as entendu, toi aussi ?
Tu ne vas pas tarder à sentir.
Quoth frissonna. Quelque chose passa dans l'air. C'était froid et désagréable.
L'odeur suivit. Une odeur chaude, mais acre. Elle grimaça, jetant un regard au corbeau.
Tu sais.
Tu te mens à toi-même.
Tu sais exactement ce que c'est que ce bruit, que cette odeur.
Et tu te mens en grimaçant, Quoth. Tu es née pour ça.
Observe ! et apprends…
Le corbeau disparut dans l'obscurité, emportant avec lui les quelques réponses qu'il ne lui dirait pas.
Elle grimaça et se releva, doucement, comme un jeune roseau, aussi flexible que souple. Un peu trop squelettique pour que ce soit véritablement élégant – ça avait le mérite d'être au moins effrayant.
Elle fit quelques pas, lents, posés, calmes.
Il lui semblait que le temps s'était ralentit. Ou était-ce à cause de ce bruit de bouillis régulier et lourd ?
Elle s'approcha d'un arbre, y posant ses doigts blancs avant de pencher à peine la tête pour observer l'étrange spectacle. Elle eut un petit frisson, mélange d'horreur et d'excitation, sans pour autant savoir exactement ce que ces deux sentiments pouvaient bien faire là devant un monstre macabre.
Il ne la voyait pas, trop absorbé par les chocs et la chair, trop absorbé par le sang et les viscères.
Elle, elle ne faisait pas vraiment attention au gobelin qui somme toute n'était déjà plus qu'une purée de sang et de muscle un peu gras. Elle l'observait lui. Son visage guérit et blanc. Sa morsure, à elle. Un sourire mauvais se patina sur sa gueule, pas assez longtemps cependant car déjà un bruit survenait de plus loin.
Il l'avait entendu. Trop tard, pensa-t-elle, sans bouger.
Il avait fui. Maintenant, il n'avait qu'à souffrir… et se débrouiller.
Tout seul.
Comme elle.
Comme elle avait toujours fait.
Ses doigts s'enfoncèrent dans l'écorce de l'arbre, se cachant dans l'obscurité où elle tenait si bien, ses yeux seuls brillant dans la pénombre.
Le choc fut brutal. Le troll avait l'air terrible.
Elle eut un sourire, sa longue tignasse formant un halo sombre autour de son crâne, une auréole de ténèbres.
Qu'il souffre, comme il l'avait faite souffrir.
Qu'il souffre… devant ses yeux.
Parce qu'elle en avait décidé ainsi.