Karad Zirkomen dresse ses épaisses murailles autour des solides maisons construites en pierres de taille, abritant le peuple des nains.
Les rues pavées résonnent des pas des habitants de la capitale, pressés de rentrer chez eux et d'y retrouver la soupe chaude, leurs nanillons sentant le propre et le sourire de leur compagne.
Dans l'imposant bâtiment accueillant la salle de réunion et le laboratoire des Maîtres des Runes de la capitale, la fin de journée baigne d'une lumière mordorée les longues barbes et les tuniques de tissu épais de vieux nains aux visages préoccupés.
Certains d'entre eux tiennent dans leurs mains calleuses, aux doigts épais, les bâtons gravés de runes soulignant leur fonction dans la capitale.
La conversation a comme sujet le Korrigan et les étranges pouvoirs dont il a fait preuve.
Et bien que chacun des cinq maîtres nains rassemblés soit renommé pour son savoir et ses talents de dialecticien, la discussion manque de dynamisme, et pour cause :
Aucun d'entre eux n'est familier du petit peuple, aucun d'entre eux n'est donc en mesure d'apporter au Thain et à ses conseillers les réponses que ceux-ci attendent.
Les quelques tentatives de réflexion laissent bientôt place à un silence sans gêne, soulignant l'intense réflexion des sages.
La froideur de la grande salle au haut plafond est compensée par la chaude lumière du couchant baignant les murs et les visages.
L'un des anciens, caressant d'un geste mécanique les tresses de sa longue barbe grise, prend la parole :
- Par la barbe de Thuri, force est de reconnaître que nous ne sommes pas capables de trouver une réponse satisfaisante à la demande de Baram.
Mais je connais peut-être un nain pouvant résoudre notre problème. Il se nomme Grundel.
En face de lui, un nain épais, aux traits marqués de profonds sillons et à la peau burinée par le soleil, prend la parole :
- Grundel ? L'éclaireur ? Celui qui a reçu les honneurs à l'issue du siège de Karad il y a 8 ans ? Mais c'est un guerrier, comment en saurait-il plus que nous ?
- Celui-là même. Mais détrompe-toi mon ami, c'est un guerrier mais c'est aussi un érudit, maitrisant la lecture et l'écriture aussi bien que toi ou moi. Il a fait de l'étude d'Ecridel son passe-temps favori.
C'est un naturaliste au sens large : botanique, ethnologie, géologie, zoologie, entomologie, sont autant de ses sujets de réflexion. Il passe son temps à parcourir la région de long en large. On dit aussi qu'il est les yeux et les oreilles de Baram sur les terres d'Ecridel. Il saura certainement nous aider.
Un des sages, apparemment le plus jeune, la barbe effleurant à peine le haut de son torse, prend la parole :
- Un naturaliste, c'est quoi exactement ?
- Ah ça c'est une nouveauté mon ami. Le mot vient de Grundel lui-même. Un naturaliste, c'est quelqu'un dont la préoccupation constante est d'améliorer la transmission des connaissances et leur mode d'acquisition par le plus grand nombre. Il tend à vulgariser les sciences et à développer ses talents de pédagogue. Un naturaliste, c'est aussi un nain de terrain. Mais bien que Grundel prenne parfois sous son aile certains des rangers de l'armée afin de partager ses connaissances, il est actuellement le seul à mériter cette appellation.
- Et en quoi pourrait-il nous aider ?
- Cela ne te parait-il pas évident ? Parcourant sans cesse le monde, il note systématiquement toutes ses observations afin de les conserver pour la postérité. Si quelqu'un a déjà entendu parler des Korrigans, voire observé un des leurs, cela ne peut être que lui. Et il a l'avantage de ne pas être un mystique ni un esprit faible. Ce n'est pas non plus un superstitieux. On peut compter sur la valeur de ses observations.
- Et où se trouve-t-il ce Grundel ?
- C'est le problème, il peut être n'importe où. Mais je sais que l'armée a les moyens de le contacter en cas d'urgence. Je crois vraiment que la seule solution qu'il nous reste est d'avouer notre manque de connaissances dans ce domaine et de faire appel à lui...
- Hmm... Avouer notre impuissance au Thain ? Ce ne serait pas signer la fin de la confiance qu'il place en nous ?
Un des anciens silencieux jusqu'alors, aux cheveux aussi longs que sa barbe, prend la parole d'une voix grave et chaude :
- Au contraire, il n'est jamais trop tard pour apprendre. Ne serait-ce que l'humilité. Cette dernière épargne bien souvent les affres de l'humiliation. Mais notre peuple, je crois, a bien du chemin à faire dans l'apprentissage de cette vertu. Je pense que c'est une bonne idée. Votons.
Le lendemain, les portes de Karad Zirkomen laissaient passer plusieurs rangers de l'armée naine, l'un d'entre eux ayant comme mission de se rendre à la dernière position connue de Grundel, au nord-ouest d'Ecridel, là où neige, mer et plaine se rencontrent.
Les autres avaient comme mission de parcourir les terres en présentant un portrait de Grundel aux nains rencontrés, afin qu'ils puissent l'inviter à se rendre à Karad si d'aventure ils venaient à le croiser avant les rangers.
Le Korrigan, petit être insignifiant à la laideur repoussante, était maintenant à l'origine d'une intense activité sur les terres d'Ecridel.
Elfes et nains, ennemis d'honneur et de sang, étaient pour l'heure réunis, bien qu'en même temps adversaires, dans la quête issue de la Complainte du Korrigan...
Les rues pavées résonnent des pas des habitants de la capitale, pressés de rentrer chez eux et d'y retrouver la soupe chaude, leurs nanillons sentant le propre et le sourire de leur compagne.
Dans l'imposant bâtiment accueillant la salle de réunion et le laboratoire des Maîtres des Runes de la capitale, la fin de journée baigne d'une lumière mordorée les longues barbes et les tuniques de tissu épais de vieux nains aux visages préoccupés.
Certains d'entre eux tiennent dans leurs mains calleuses, aux doigts épais, les bâtons gravés de runes soulignant leur fonction dans la capitale.
La conversation a comme sujet le Korrigan et les étranges pouvoirs dont il a fait preuve.
Et bien que chacun des cinq maîtres nains rassemblés soit renommé pour son savoir et ses talents de dialecticien, la discussion manque de dynamisme, et pour cause :
Aucun d'entre eux n'est familier du petit peuple, aucun d'entre eux n'est donc en mesure d'apporter au Thain et à ses conseillers les réponses que ceux-ci attendent.
Les quelques tentatives de réflexion laissent bientôt place à un silence sans gêne, soulignant l'intense réflexion des sages.
La froideur de la grande salle au haut plafond est compensée par la chaude lumière du couchant baignant les murs et les visages.
L'un des anciens, caressant d'un geste mécanique les tresses de sa longue barbe grise, prend la parole :
- Par la barbe de Thuri, force est de reconnaître que nous ne sommes pas capables de trouver une réponse satisfaisante à la demande de Baram.
Mais je connais peut-être un nain pouvant résoudre notre problème. Il se nomme Grundel.
En face de lui, un nain épais, aux traits marqués de profonds sillons et à la peau burinée par le soleil, prend la parole :
- Grundel ? L'éclaireur ? Celui qui a reçu les honneurs à l'issue du siège de Karad il y a 8 ans ? Mais c'est un guerrier, comment en saurait-il plus que nous ?
- Celui-là même. Mais détrompe-toi mon ami, c'est un guerrier mais c'est aussi un érudit, maitrisant la lecture et l'écriture aussi bien que toi ou moi. Il a fait de l'étude d'Ecridel son passe-temps favori.
C'est un naturaliste au sens large : botanique, ethnologie, géologie, zoologie, entomologie, sont autant de ses sujets de réflexion. Il passe son temps à parcourir la région de long en large. On dit aussi qu'il est les yeux et les oreilles de Baram sur les terres d'Ecridel. Il saura certainement nous aider.
Un des sages, apparemment le plus jeune, la barbe effleurant à peine le haut de son torse, prend la parole :
- Un naturaliste, c'est quoi exactement ?
- Ah ça c'est une nouveauté mon ami. Le mot vient de Grundel lui-même. Un naturaliste, c'est quelqu'un dont la préoccupation constante est d'améliorer la transmission des connaissances et leur mode d'acquisition par le plus grand nombre. Il tend à vulgariser les sciences et à développer ses talents de pédagogue. Un naturaliste, c'est aussi un nain de terrain. Mais bien que Grundel prenne parfois sous son aile certains des rangers de l'armée afin de partager ses connaissances, il est actuellement le seul à mériter cette appellation.
- Et en quoi pourrait-il nous aider ?
- Cela ne te parait-il pas évident ? Parcourant sans cesse le monde, il note systématiquement toutes ses observations afin de les conserver pour la postérité. Si quelqu'un a déjà entendu parler des Korrigans, voire observé un des leurs, cela ne peut être que lui. Et il a l'avantage de ne pas être un mystique ni un esprit faible. Ce n'est pas non plus un superstitieux. On peut compter sur la valeur de ses observations.
- Et où se trouve-t-il ce Grundel ?
- C'est le problème, il peut être n'importe où. Mais je sais que l'armée a les moyens de le contacter en cas d'urgence. Je crois vraiment que la seule solution qu'il nous reste est d'avouer notre manque de connaissances dans ce domaine et de faire appel à lui...
- Hmm... Avouer notre impuissance au Thain ? Ce ne serait pas signer la fin de la confiance qu'il place en nous ?
Un des anciens silencieux jusqu'alors, aux cheveux aussi longs que sa barbe, prend la parole d'une voix grave et chaude :
- Au contraire, il n'est jamais trop tard pour apprendre. Ne serait-ce que l'humilité. Cette dernière épargne bien souvent les affres de l'humiliation. Mais notre peuple, je crois, a bien du chemin à faire dans l'apprentissage de cette vertu. Je pense que c'est une bonne idée. Votons.
Le lendemain, les portes de Karad Zirkomen laissaient passer plusieurs rangers de l'armée naine, l'un d'entre eux ayant comme mission de se rendre à la dernière position connue de Grundel, au nord-ouest d'Ecridel, là où neige, mer et plaine se rencontrent.
Les autres avaient comme mission de parcourir les terres en présentant un portrait de Grundel aux nains rencontrés, afin qu'ils puissent l'inviter à se rendre à Karad si d'aventure ils venaient à le croiser avant les rangers.
Le Korrigan, petit être insignifiant à la laideur repoussante, était maintenant à l'origine d'une intense activité sur les terres d'Ecridel.
Elfes et nains, ennemis d'honneur et de sang, étaient pour l'heure réunis, bien qu'en même temps adversaires, dans la quête issue de la Complainte du Korrigan...