Nevermore (Plus jamais)
#12
Elle resta sans rien, sans un mot. Si tous les mots qu'il aurait pu lui dire ne l'avait pas atteinte, elle qui avait payé les erreurs des siens mais n'avait jamais voulu de sa condition, elle n'acceptait pas le dernier mot. C'était la dernière chose qui lui restait.
C'était - non - la seule chose qu'elle n'avait jamais eu. Sa pureté. Le diable de corbeau n'avait jamais dit oui aux avances, et elle avait été trop occupée à faire souffrir et à souffrir pour s'entacher d'un nouveau vice.
Elle serra les dents, le fixant alors qu'il jetait lui-même sa colère et sa haine sur le bois. Des éclats. Seulement des éclats qu'elle aurait aimés, tant aimé, lui enfoncer là, dans la gorge, pour que plus jamais il ne parle, pour que plus jamais elle ne l'entende.

Elle le détestait car encore une fois, il avait mentit. Il n'y connaissait rien. Il ne lisait pas les âmes comme elle avait appris à le faire, comme elle savait si bien faire.
Elle sera plus fort le poing et traversa finalement les quelques mètres qui les séparer, avec l'air d'une furie grecque tout droit sorti du Styx.

Je n'suis pas une trrraînée !

La baffe avait fini par griffer la peau du pauvre type qui n'avait pas eu le temps de voir venir le coup. Ou alors il l'avait vu, et n'avait pas bougé.
Dans tous les cas, elle recula aussitôt d'un pas, ramenant à elle sa main aux griffes rougies.
Aussi rougies que son visage tordu par la colère.

Tu mens ! Tu mens ! Elle parjurait presque, mais qu'y pouvait-elle ?
Tu es aussi idiot et insignifiant qu'eux ! Tu n'vaux rrrien ! Tu.. Tu…
Elle inspira profondément, comme elle aurait aimé le tuer mais qu'elle ne se sentait en même temps pas capable de le toucher sans qu'il ne la brûle : Je suis meilleurrre que toââ, je ne suis l'esclave que parce que je le veux, je…

Elle arracha de sa tignasse sombre la fleur, prête à la jeter mais finalement l'écrasa entre ses phalanges, destructrice. Mais était-ce contre la fleur, contre lui ou contre elle-même qu'elle était furieuse ? Sans doute que tout était lié, intimement lié.
Ses yeux se relevèrent, se fixant sur lui.

Mon âme est chaos, mon âme est silencieuse. La tienne est… tout l'inverrrse…

Ses mots se détachaient, petit à petit, comme elle cherchait une raison. Il n'y en avait peut-être pas. Peut-être qu'ils n'étaient, ni l'un, ni l'autre, ce qu'ils pensaient être.
Peut-être que tous les deux étaient des menteurs. Peut-être qu'ils étaient dans le même temps deux chaos : l'un bruyant, l'autre silencieux.
Sa main frappa de nouveau mais cette fois-ci du plat, comme pour faire plus de bruit.
Trop de silence la tuerait.
Elle en était malade.
Trop de silence, trop d'indifférence, pour une si petite chose apeurée à l'idée de rester seule avec elle-même. Avec cette chose qu'elle était, et qui lui faisait si peur.
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