Nevermore (Plus jamais)
#3
Il retrouva l'étrange oiseau à Jada.

Après avoir remporté le défi qu'ils s'étaient d'un commun accord lancé, certes avec fourberie, Eäril n'eut pas l'occasion de rediscuter avec la Corbac: les combats s'étant engagés avec les centaures aussitôt après, s'enchaînèrent alors très vite les sorts, les coups d'épée et les tirs de flèches et de javelots, accompagnés de leurs lots de blessures, de cris, de souffrances...
Et de morts.

Plus d'une fois il failli retourner dans le sein d'Estalia, la Mère vie, mais il tenu bon, en partie et notamment grâce à cette étrange fille: il s'en aurait voulu pour l'éternité et bien plus encore s'il était parti s'en pouvoir profiter pleinement de sa récompense...

Et à présent sa proie était là, juste devant lui.

Cette fille avait quelque chose qui le captivait, comme les papillons nocturnes aimantés par la moindre source de lumière. Ce n'était pas vraiment de par son physique : les cheveux en bataille, certains impeccablement lisses, d'autres couverts de nœuds et négligés ; cette peau balafre et blême, presque cadavérique. Il était aisé de trouver mieux : la ville était remplie de femmes, le plus souvent félines, arborant une sensualité et des formes particulièrement troublantes. Rien à voir avec de morceau de chair livide, crasseuse et rachitique, couverte d'os et de plumes qui lui faisait face actuellement.
Et pourtant.
Une aura très particulière se dégageait d'elle, glauque et morbide, empreinte de mysticité et de malaise.
Et il aimait ça.

Se fichant si la Corbac l'avait déjà remarqué ou non, il se dirigea vers elle d'un pas souple et, arrivé à sa hauteur, mis un genou à terre, puis avec un grand sourire tout en sortant de sa besace une fleur de mana, prit l'air solennel du poète déclarant sa flamme à sa muse et lança à haute voix à la femme-corbeau:

Ah, Hallista soit louée, tes entrailles ne nourriront pas tes semblables ce soir !
Mon petit cœur étranglé par la cupidité eu bien failli éclater quand j'eu appris que ma compagnonne de jeu s'était faite plumée par ces brutes et sots de centaures, mais quelle joie de voir que tu possèdes encore une grande partie de ton pennage !

J'ai bien tenté de ramasser celles que tu avais perdues afin de te les rendre, mais je n'ai réussi qu'à trouver par terre et entre les sabots de ces barbares sans subtilité cette fleur rescapée de l'horreur, dont le bleu féerique se marie à ravir avec celui de tes yeux mystérieux.
Je suis un incapable et un idiot certes, mais permet moi au moins de te l'offrir en gage de dédommagement, ainsi aurais-je l'illusion de servir à quelque chose dans ce triste monde !

Après avoir offert la fleur à la Corbac, il se redressa et, s'approchant d'un pas supplémentaire vers elle, murmura, avec un sourire malsain:

En parlant de gage...
Tu n'as pas oublié notre "petit" accord, n'est-ce pas ?
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