Histoire de famille
#4
Rowley ne cilla pas. Ses grands yeux rouges fixèrent tout le long la vieille Sélèna alors que Quoth tourna vers Emmett puis le Grizzli ses prunelles pourpres, les fixant, les yeux durs. Elle avait encore l'innocence et l'ignorance de son âge, aussi son père ne la reprit pas. Il savait qu'il lui faudrait du caractère ou une totale soumission pour vivre sous ce toit, et il fallait que la famille Goupil goûte pour une fois à un héritier Corbic fort dans l'âme – il connaissait ici mieux que personne ce que le cœur de sa fille renfermait au plus profond.
Le père, lui, se contentait d'échanger avec l'ancienne un regard entendu et empli de respect, restant à la place qu'on lui avait accordé. Il hocha la tête, comme il comprenait à chaque phrase, mais il se permit une objection.

« Ma fille a eu la même éducation que tous les Corrrbic avant moi, dame Sélèna, et j'ose croâre qu'une seule rrrare fois nous vous avons déçu à cause d'un hérritier trop fragile, rrrapidement remplacé par l'un des plus persistants. » Il marqua une pause, comme Quoth posait ses yeux un peu partout dans la pièce, curieuse de tout.« Ma fille, Quoth, n'a… n'aurrra je l'espèrre, nul besoin de corrections de la part de sir Emmett. »

Aucune confiance. Si Rowley ne le regardait pas, il avait eu assez de vents de son oncle Orru pour comprendre le personnage, et rien qu'à le savoir dans cette maison avec sa jeune fille, il ne pouvait que la serrer davantage contre son torse, protecteur jusque dans l'abandon.

Il se tut de nouveau, les yeux droits devant lui. Le Corbic était un homme droit, loyal et honnête, malgré qu'il aurait fait presque n'importe quoi pour soustraire sa fille à cette dure épreuve.

Quoth, elle, suivait du regard chacun des protagonistes de sa future vie. Elle enregistra ainsi leur nom et leur fonction. Elle comprit qu'elle rencontrerait bientôt l'héritier des Goupil et au fond d'elle espéra qu'il serait plus sympathique que le vieux père Grizzli qu'elle n'aimait déjà pas ; une petite grimace déforma sa bouche quand elle comprit qu'auprès de lui aussi elle suivrait des leçons. Qu'importe, elle ne les retiendrait jamais devant lui, mais si un jour on le lui demandait en public, alors sous l'œil courroucé du vieux, elle répondrait juste comme si elle avait toujours su, ce qui le mettrait en furie de le prendre pour un idiot. Déjà l'esprit enfantin se jouait des adultes et semblait vouloir s'amuser de cette nouvelle situation.

Mais vint le petit froncement de sourcil quand elle comprit que son père allait partit dès maintenant.

Le Corbic déposa sur le sol la petite danseuse au plumage noir bleuté. Il embrassa tendrement son front de petite fille et déposa près d'elle une valise avec de jolies robes que Lenore avait absolument voulu lui donner, pour maintenant ou plus tard, des robes de Corbic, dressées de plumes longues et propres, et de bijoux de famille – car elle était la seule fille de la nichée pour l'instant.

« Bien dame Séléna. »

Il détourna le regard de sur la renarde puis posa sa main sur la tête de l'enfante, le regard un peu dur, comme il retenait des larmes de colère sans que ses yeux ne soient humides.

« Sois obéissante et instrrruite, rrrend-nous fiers de toâ, Quoth. »

La petite fille eut un long regard pour son géniteur mais aucunes larmes ne glissèrent sur ses joues rebondies de petite fille. Elle resta bien droite, ses yeux suivant le Corbic s'effaçant dans l'obscurité, partant. La porte refermée, ses yeux se reposèrent sur la vieille dame aux cheveux roux. Elle la détailla quelques secondes avant d'inspirer profondément.

« Je ne faillirrrais pas. »

C'est ce qu'on lui avait dit de dire. Elle en pensait les mots, mais était-elle assez grande pour les comprendre ?
Rien n'était sûr.
Répondre


Messages dans ce sujet

Atteindre :