La table des géants
#2
Le lendemain, elle eut du mal à s'extraire de sa cache tant il avait neigé.
A l'inverse de ses récoltes, ses réserves étaient de plus en plus maigres. Il ne lui restait de tout ce qu'elle avait acheté à Karad Zirkommen guère qu'un quinion de pain rassis et une tranche de jambon fumé par les nains. La gourde était vide depuis longtemps, mais il lui suffisait de prélever une poignée du tapis floconneux qui couvrait le sol pour se désaltérer.

Elle grava sa marque sur l'un des pieds de la table, un petit ogam qui rappelait vaguement la forme d'un oiseau prenant son envol, afin d'être réellement certaine a son retour que tout ceci n'était pas un songe. Le petit peuple n'existait pas. C'est du moins ce qu'on lui avait appris à l'école. Et pourtant elle avait vu ce lutin noueux comme s'il était réel, et entendu l'énigme. Elle avait d'ailleurs passé tout le début de la nuit à la ressasser et à cogiter, à tel point qu'elle avait finit par se lancer « germes soporifiques » sur elle-même pour trouver le repos.

Elle grimpa sur la table de pierre pour choisir son itinéraire. Le mieux semblait d'aller vers cette forêt de conifères à l'est, elle y débusquerai certainement quelque gibier. Après un dernier regard au paysage matinal qui s'offrait à ses yeux, elle reprit sa route, peinant encore plus que la veille dans la neige qui lui montait jusqu'à la taille. Le chemin se fit heureusement moins ardu lorsqu'elle atteignit les premiers épicéas. La neige était restée sur les branche et le sol était quasiment dégagé.

Il ne lui fallut que quelques minutes de marche pour trouver des traces de chevreuil fraîches. Elle troqua son bâton de sorcier pour l'arbalète, après l'avoir armée d'un carreau. Il ne lui en restait pas moins de 58, mais cela ne lui semblât pas de trop, car elle était très loin d'avoir les aptitudes d'Ehluine en matière de chasse. La chance lui sourit dans une clairière au milieu de laquelle trônait un magnifque chêne, dont l'absence de feuille laissait pleinement voir la majesté des branchages. A son pied, le chevreuil en question grattait de son sabot. Gwendolwenn était sous le vent. Elle visa le cou de l'animal, qui levait la tête en mâchouillant lichens et mousses. Soudain, remarquant la similitude de ses bois avec les branches de l'arbre, elle lâcha : « Mais oui ! Les ramures ! »

Le chêne avait été mortellement touché et le déjeuner de Gwendolwenn s'enfuyait au loin, alerté par sa phrase, mais elle n'en avait cure... Elle s'assit et entreprit de faire l'inventaire des arbres aux ramures de cerf. Un peu plus loin, au nord, elle voyait un frêne. « Oui..... » Plus à l'ouest, un énorme buisson de buis, qui avait gardé ses feuilles, mais avait plus l'élégance d'un gros mouton verdâtre que d'une coiffe de cervidé... « Non... ».
Soudain elle remarqua au sud des taches rouges. En s'approchant elle vit un arbuste qui avait encore ses fruits. Elle ne savait les nommer, mais elle les connaissait pour être comestibles.
Ce déjeuner-là ne s'enfuirait pas. Et elle s'installa au milieu du buisson pour en cueillir les faveurs.
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