11-05-2013, 11:01:12
![[Image: lettrine_C.png]](http://nwnt4c.free.fr/images/lettrines/lettrine_C.png)
Voilà plusieurs semaines que nous avons quitté la capitale pour nous installer dans ce village, non loin de la bourgade de Féréal.
Père et mère ont refusé de trop s'étendre sur les raisons de notre départ. D'après ce que j'ai compris, ils ont fait quelque chose qui n'a pas plu à des personnes importantes. Rien qui ne vaille la peine de laisser derrière nous notre maison et nos amis, à mon avis, mais bon.
En tout cas, la vie ici m'a l'air bien monotone. Les grandes tours de nacre d'Astéras ont laissé place à d'immenses arbres aux troncs si épais que je n'arrive pas à en faire le tour avec les bras. Les belles et hautes maisons elfique sont remplacées par des chaumières très simple presque intégralement faites de bois. Les grandes artères pavées de la capitale ne sont plus qu'un souvenir devant la rue tellement boueuse qu'elle pourrait passer pour un égout à ciel ouvert si il ne lui en manquait pas l'odeur.
Et pourtant, j'aime déjà ce village.
Cette ville miniature représente une face de l'empire que beaucoup semblent oublier à Astéras : la possibilité de cultiver sa terre et de vivre une vie, certes monotone, mais surtout simple et tranquille, loin des frasques de la cour.
Ici, nul besoin de se rendre à un observatoire ou de se munir d'appareils compliqués pour observer les étoiles. L'absence de toutes les lumières de la grande ville me permet de les observer distinctement depuis la fenêtre de ma chambre. L'air est plus frais, il embaume la rosée et les fleurs sauvages. Et le bruissement des arbres sous le vent sonne comme une musique à mes oreilles.
Mes amis me manquent un peu, mais je m'en suis fait de nouveaux ici. Il n'est plus question du poste occupé par nos pères ou de la richesse amassée par nos aïeux. Tous les enfants jouent ensemble, qu'ils soient fils du forgeron, du boucher, d'un fermier ou d'un simple habitant, comme moi. Enfin, tous... Tous sauf ma sœur.
Selena semble s'habituer moins bien à la vie ici que je ne le fais. Pour l'instant, elle reste à l'intérieur, plongé dans des livres. J'ai essayé de la faire sortir un peu, de lui montrer de belles choses qu'on ne trouve nulle part ailleurs, sans succès jusqu'à présent. Mais je ne perds pas espoir : j'arriverai bien à lui faire lever le nez de ses bouquins et à lui faire prendre goût à notre nouvelle ville.
En attendant, je m'amuse plutôt bien : nous grimpons aux arbres pour y construire des cabanes, on met au point des pièges pour capturer des lapins, ... Je n'avais jamais eu l'occasion de faire des choses pareilles en ville, et j'avoue y prendre beaucoup de plaisir. Nous nous entraînons même avec des bâtons, en imitant les adultes quand ils se battent.
Je me plais beaucoup ici, et j'avoue ne pas regretter la capitale. J'espère que nous y resterons longtemps.
Assez rêvassé, je ferai mieux de rentrer, maintenant. Le soleil commence à se coucher, père et mère doivent sans doute me chercher. Et ils ne me trouveront sans doute pas tout en haut de cet arbre. Mais avant de descendre, un dernier coup d'œil à la nature qui nous accueille ...