12-01-2011, 20:52:41
Le désert de glace
Dès l'ouverture des portes, Melmoth prend la direction du Nord-Est, d'abord à marche rapide puis à pas de course.
A quelques lieues à peine, à l'orée des bois bordant les neiges éternelles, le rôdeur croise un compagnon Elfe dont le nom est synonyme d'un passé oublié : Eydan !
Le guerrier est debout à la bordure des arbres, immobile, seule sa longue chevelure blanche éclatante le faisant remarquer sur la sombre bordure de la forêt.
Comme les nerfs à vif, la rage perceptible à fleur de peau et pourtant d'un calme terriblement froid, une main sur la poignée d'une de ses épées dans son dos, il observe le rôdeur qui passe devant lui à quelques empans seulement.
Melmoth, arc et flèche en mains, le dépasse de quelques pas et fait halte en souplesse, le guerrier légèrement en retrait sur sa droite.
Ne tournant que la tête dans la direction du guerrier, il attend à son tour en l'observant, sa capuche rabattue sur son visage.
Après quelques minutes à s'observer en silence, comme si le temps s'était arrêté, tout se précipite d'un seul coup dans l'urgence, sans prévenir, dans un tourbillon d'une vitesse vertigineuse.
Les deux Elfes échangent enchaînent leurs gestes d'entrainement sans un mot, rapides, efficaces, sans agressivité, avec pour seul désir de jauger et d'améliorer de leurs techniques.
L'épée de l'un frappe comme l'éclair, la flèche de l'autre pique à la vitesse du serpent.
Aucune attaque ne touche pourtant malgré leur vitesse irréelle, les mouvements fluides des deux partenaires leur permettant d'échapper à la morsure de l'acier.
Puis tout s'arrête aussi vite que cela a commencé.
Les deux Elfes se font face, leurs armes rangées.
Ils s'observent quelques temps encore, puis le rôdeur recule d'un pas.
Saluant le guerrier d'un geste rapide et appuyé de la tête, en signe de respect et de salut, et reprend sa course vers la forêt toute proche.
A mesure de sa progression vers le Nord-Est, les frondaisons se font de plus en plus denses, les sons de plus en plus étouffés, l'enchaînement des gestes de plus en plus machinal.
Après plusieurs jours de course rapide dans la pénombre, la lumière éclatante stoppe le rôdeur comme si une arme l'avait fauché en pleine course, un froid mordant lui rendant un peu de sa lucidité endormie par sa course effrénée.
Le rôdeur débouchait soudainement de la forêt directement sur la plaine de glace.
Les rayons froids du soleil pourtant haut dans le ciel semblaient colorer tout l'espace d'un blanc bleuté d'un froid glacial.
A perte de vue au Nord, la glace et la neige, un horizon plat et vide à perte de vue, un vent faible mais continu balayant tout l'espace et soulevant des vagues de neige d'Est en Ouest.
Au sud, le contraste était saisissant avec les vertes prairies qui prenaient naissance et forcissaient à mesure que la neige disparaissait.
A l'Ouest dans son dos, la bordure de la forêt était d'un vert profond et sombre, impénétrable.
Le rôdeur se permit une nuit complète de repos et un repas chaud auprès d'un faible feu.
Il ne savait pas quand il pourrait faire une nouvelle pause.
Dans la froideur de l'aube, après quelques étirements et ses habituels gestes d'entrainement, après avoir brisé avec par trois fois le plumeau disposé à près de cent pas avec une flèche longue, l'Elfe prît encore la direction du Nord-Est au pas de course.
Il devait courir plusieurs jours sur cette étendue de glace, tout arrêt signifiant sa mort par le froid, imparable compte-tenu de son faible équipement.
Près de six jours après son départ, ses forces s'amenuisaient sévèrement, ses faibles rations de jambon séché et de pain de marche ne suffisant pas à maintenir sa chaleur corporelle tandis qu'il les mâchait très lentement avant de les avaler, sans jamais s'arrêter pour maintenir ses muscles en mouvement.
Le froid avait transformé en glace la buée qui filtrait à travers de l'écharpe qui couvrait presque tout son visage.
La corde de son arc était d'une telle rigidité qu'il redoutait qu'elle ne se rompe si il était amené à l'utiliser.
Ses membres étaient endoloris, autant par le froid que par l'effort.
Puis la température lui sembla remonter en un instant lorsque des formes grises se dessinèrent sur l'horizon, irrégulières, grandissant à mesure de sa progression rapide.
Les formes devinrent vite des montagnes, de plus en plus hautes, de plus en plus froides et dures en remontant vers l'Ouest et le Nord.
Vers l'Est, la ligne sombre s'abaissait doucement et un son cristallin de plus en plus fort se faisait entendre.
Arrivé devant la Combe Froide, qui fermait le Cercle de Pierre de la source du Ru de Glace de l'Erion, Melmoth mit un genou à terre, totalement épuisé après sa course dans le désert de glace.
Devant lui s'écoulait l'impétueux ruisseau glacial, et quelques truites, ou plutôt leurs ombres, se tenaient immobiles juste sous la faible couche de glace givrée sur quelques pas en bord de rive.
Malgré son repos, sa vue se brouillait tant sa fatigue était grande. Il devait se restaurer.
Afin de conserver un peu de ses maigres réserves pour la suite de sa mission, il décida de tenter sa chance avec les poissons d'argent, mais ceux-ci étaient trop rapides et aucun ne tomba sous ses flèches, cachés bien plus profondément que ne le laissait supposer la limpidité des eaux.
Après plusieurs minutes acharnées, le rôdeur était encore plus las.
Trempé jusqu'aux os, il devrait faire un feu pour ne pas succomber au gel.
Il ressortit de l'eau glaciale, fit quelques pas avant de s'écrouler sur le sol, roulé en boule.
Il sombra dans un sommeil profond.
Il ne pouvait pas savoir combien de temps il avait sombré dans l'inconscience.
Le jour se levait à peine.
Secouant la tête, une fine pellicule de givre retomba en fine pluie devant ses yeux.
Son corps était presque totalement engourdi.
Ses jambes ne bougeaient plus, ses mains étaient de bois.
Seuls ses bras bougeaient avec une lenteur incroyable, et il avait l'impression que le moindre choc pouvait le briser en mille morceaux.
A la seule force de sa volonté, il réussit à se mouvoir assez, bougeant son torse de droite et de gauche pour renverser son sac sur le sol devant lui.
Il se laissa tomber le plus doucement possible vers le morceau de jambon durci qui roula sur quelques pas.
Il mangea autant de neige et de glace que de jambon.
Fermant les yeux, il attendait qu'un peu d'énergie le réchauffe, les rayons du soleil aidant un peu également.
Après plusieurs minutes, il reprit quelques couleurs, des picotements de plus en plus forts rendant tous ses muscles douloureux.
D'après ses estimations, il avait dû s'écouler plusieurs jours depuis son évanouissement.
Les truites avaient disparu, le froid semblait moins mordant et le givre sur les rives moins étendu, signe de radoucissement.
Pourquoi n'était-il pas mort de froid ?
Seul son entrainement de rôdeur avait dû le sauver.
Ayant retrouvé un peu de sa mobilité, il regroupa ses affaires, mangea un peu de pain de marche et fit quelques mouvements pour continuer à se réchauffer.
Vers midi, presque totalement remis, il reprit sa marche vers l'Est sans forcer l'allure.
Dans deux jours, il redescendrait vers le Sud et la cité des Nains, en quête d'une proie.
[EDIT : texte coupé en deux, plus facile à lire]
Dès l'ouverture des portes, Melmoth prend la direction du Nord-Est, d'abord à marche rapide puis à pas de course.
A quelques lieues à peine, à l'orée des bois bordant les neiges éternelles, le rôdeur croise un compagnon Elfe dont le nom est synonyme d'un passé oublié : Eydan !
Le guerrier est debout à la bordure des arbres, immobile, seule sa longue chevelure blanche éclatante le faisant remarquer sur la sombre bordure de la forêt.
Comme les nerfs à vif, la rage perceptible à fleur de peau et pourtant d'un calme terriblement froid, une main sur la poignée d'une de ses épées dans son dos, il observe le rôdeur qui passe devant lui à quelques empans seulement.
Melmoth, arc et flèche en mains, le dépasse de quelques pas et fait halte en souplesse, le guerrier légèrement en retrait sur sa droite.
Ne tournant que la tête dans la direction du guerrier, il attend à son tour en l'observant, sa capuche rabattue sur son visage.
Après quelques minutes à s'observer en silence, comme si le temps s'était arrêté, tout se précipite d'un seul coup dans l'urgence, sans prévenir, dans un tourbillon d'une vitesse vertigineuse.
Les deux Elfes échangent enchaînent leurs gestes d'entrainement sans un mot, rapides, efficaces, sans agressivité, avec pour seul désir de jauger et d'améliorer de leurs techniques.
L'épée de l'un frappe comme l'éclair, la flèche de l'autre pique à la vitesse du serpent.
Aucune attaque ne touche pourtant malgré leur vitesse irréelle, les mouvements fluides des deux partenaires leur permettant d'échapper à la morsure de l'acier.
Puis tout s'arrête aussi vite que cela a commencé.
Les deux Elfes se font face, leurs armes rangées.
Ils s'observent quelques temps encore, puis le rôdeur recule d'un pas.
Saluant le guerrier d'un geste rapide et appuyé de la tête, en signe de respect et de salut, et reprend sa course vers la forêt toute proche.
A mesure de sa progression vers le Nord-Est, les frondaisons se font de plus en plus denses, les sons de plus en plus étouffés, l'enchaînement des gestes de plus en plus machinal.
Après plusieurs jours de course rapide dans la pénombre, la lumière éclatante stoppe le rôdeur comme si une arme l'avait fauché en pleine course, un froid mordant lui rendant un peu de sa lucidité endormie par sa course effrénée.
Le rôdeur débouchait soudainement de la forêt directement sur la plaine de glace.
Les rayons froids du soleil pourtant haut dans le ciel semblaient colorer tout l'espace d'un blanc bleuté d'un froid glacial.
A perte de vue au Nord, la glace et la neige, un horizon plat et vide à perte de vue, un vent faible mais continu balayant tout l'espace et soulevant des vagues de neige d'Est en Ouest.
Au sud, le contraste était saisissant avec les vertes prairies qui prenaient naissance et forcissaient à mesure que la neige disparaissait.
A l'Ouest dans son dos, la bordure de la forêt était d'un vert profond et sombre, impénétrable.
Le rôdeur se permit une nuit complète de repos et un repas chaud auprès d'un faible feu.
Il ne savait pas quand il pourrait faire une nouvelle pause.
Dans la froideur de l'aube, après quelques étirements et ses habituels gestes d'entrainement, après avoir brisé avec par trois fois le plumeau disposé à près de cent pas avec une flèche longue, l'Elfe prît encore la direction du Nord-Est au pas de course.
Il devait courir plusieurs jours sur cette étendue de glace, tout arrêt signifiant sa mort par le froid, imparable compte-tenu de son faible équipement.
Près de six jours après son départ, ses forces s'amenuisaient sévèrement, ses faibles rations de jambon séché et de pain de marche ne suffisant pas à maintenir sa chaleur corporelle tandis qu'il les mâchait très lentement avant de les avaler, sans jamais s'arrêter pour maintenir ses muscles en mouvement.
Le froid avait transformé en glace la buée qui filtrait à travers de l'écharpe qui couvrait presque tout son visage.
La corde de son arc était d'une telle rigidité qu'il redoutait qu'elle ne se rompe si il était amené à l'utiliser.
Ses membres étaient endoloris, autant par le froid que par l'effort.
Puis la température lui sembla remonter en un instant lorsque des formes grises se dessinèrent sur l'horizon, irrégulières, grandissant à mesure de sa progression rapide.
Les formes devinrent vite des montagnes, de plus en plus hautes, de plus en plus froides et dures en remontant vers l'Ouest et le Nord.
Vers l'Est, la ligne sombre s'abaissait doucement et un son cristallin de plus en plus fort se faisait entendre.
Arrivé devant la Combe Froide, qui fermait le Cercle de Pierre de la source du Ru de Glace de l'Erion, Melmoth mit un genou à terre, totalement épuisé après sa course dans le désert de glace.
Devant lui s'écoulait l'impétueux ruisseau glacial, et quelques truites, ou plutôt leurs ombres, se tenaient immobiles juste sous la faible couche de glace givrée sur quelques pas en bord de rive.
Malgré son repos, sa vue se brouillait tant sa fatigue était grande. Il devait se restaurer.
Afin de conserver un peu de ses maigres réserves pour la suite de sa mission, il décida de tenter sa chance avec les poissons d'argent, mais ceux-ci étaient trop rapides et aucun ne tomba sous ses flèches, cachés bien plus profondément que ne le laissait supposer la limpidité des eaux.
Après plusieurs minutes acharnées, le rôdeur était encore plus las.
Trempé jusqu'aux os, il devrait faire un feu pour ne pas succomber au gel.
Il ressortit de l'eau glaciale, fit quelques pas avant de s'écrouler sur le sol, roulé en boule.
Il sombra dans un sommeil profond.
Il ne pouvait pas savoir combien de temps il avait sombré dans l'inconscience.
Le jour se levait à peine.
Secouant la tête, une fine pellicule de givre retomba en fine pluie devant ses yeux.
Son corps était presque totalement engourdi.
Ses jambes ne bougeaient plus, ses mains étaient de bois.
Seuls ses bras bougeaient avec une lenteur incroyable, et il avait l'impression que le moindre choc pouvait le briser en mille morceaux.
A la seule force de sa volonté, il réussit à se mouvoir assez, bougeant son torse de droite et de gauche pour renverser son sac sur le sol devant lui.
Il se laissa tomber le plus doucement possible vers le morceau de jambon durci qui roula sur quelques pas.
Il mangea autant de neige et de glace que de jambon.
Fermant les yeux, il attendait qu'un peu d'énergie le réchauffe, les rayons du soleil aidant un peu également.
Après plusieurs minutes, il reprit quelques couleurs, des picotements de plus en plus forts rendant tous ses muscles douloureux.
D'après ses estimations, il avait dû s'écouler plusieurs jours depuis son évanouissement.
Les truites avaient disparu, le froid semblait moins mordant et le givre sur les rives moins étendu, signe de radoucissement.
Pourquoi n'était-il pas mort de froid ?
Seul son entrainement de rôdeur avait dû le sauver.
Ayant retrouvé un peu de sa mobilité, il regroupa ses affaires, mangea un peu de pain de marche et fit quelques mouvements pour continuer à se réchauffer.
Vers midi, presque totalement remis, il reprit sa marche vers l'Est sans forcer l'allure.
Dans deux jours, il redescendrait vers le Sud et la cité des Nains, en quête d'une proie.
[EDIT : texte coupé en deux, plus facile à lire]