Pas touche à ma forêt !
#3
[Non loin d'un autre adepte des arcanes, placidement allongé dans un fauteuil sommaire, Bardarem devisait devant des petits braises rougeoyantes. La nuit n'apportait pas son obscurité habituelle, "violée" par une pleine lune.
On entendait quelques discussions feutrées, des légers cliquetis de métal. La coupe du bois reprendrait probablement à la levée du jour, mais en l'instant, un jeune bucheron, adolescent dans les critères elfiques, discutait avec l'élémentaliste.]


Ce serait mieux avec un grand feux, je n'aime pas cette lumière. J'ai l'impression qu'on nous regarde.

[Bardarem considera l'ouvrier avec curiosité, avant de soupirer]

Oui, c'est précisément ça. On nous regarde. D'ailleurs, un grand feu t'aurait probablement exposé un superbe tir. Avec un peu de chance la flèche t'aurait tué net, tu n'aurais pas senti la douleur. Personnellement ces braises m'iront largement.

[Décomposé, le bucheron laissa tomber sa hache dans l'herbe]

Pourquoi ils ne viennent pas alors ? Ma mère m'a toujours dis que les Sylvains étaient sans pitié quand on s'en prenait aux arbres.

[Le sorcier se fit un plaisir de secouer la tête en ricanant]

Nooon tu crois ?...Les sauvageons sont sans pitié quand tu marches sur la queue d'un écureuil. Quand tu arraches un gland d'un chêne...Et s'ils peuvent être une dizaine pour te le spécifier, ils le feront. Couper un arbre...C'est pire. Ils iront peut être même sortir de leur cachettes. Mais il faut savoir qu'ils n'aiment pas ça. Quelque part, cette mission pour le peuple va les amener à bouger leur postérieurs humides de rosée et d'humus. Tu vois...Faire débouler l'Elendae, en l'ayant clamé dans toutes les auberges d'Asteras, c'était le meilleur moyen d'en informer les espions de chez eux. En gros, c'est comme de planter des pancartes pour leur dire "nous viendrons chez vous, pensez a vous faire beaux...pour une fois"...

Moi je trouvais ça dommage, mais j'adore ma chef, elle est très jolie, donc bon, je ne discute pas.

[Voyant les joues du jeune homme rougir, le magicien continua]

Oui...Toi aussi donc...C'est que se battre pour les haut elfes, ça rend beau...En tout cas j'aimerai bien.

[Un sourire timide sur les lèvres, le bucheron repris]

La fôret est enchantée non ? Elle a une vie propre non ? Si les...Sylvains...ont été prévenus...Nous n'avons aucune chance c'est ça ?

[Tirant sa capuche en arrière, Bardarem laissa ses longs cheveux d'or tomber sur ses épaules, et plongea son regard azur dans celui du jeune elfe]

Non non la fôret n'a rien de particulier mon bon...Si je devais comparer ces arbres, je dirai que c'est un peu comme de l'eau, ou de la terre. On peut plus ou moins la contrôler. Alors oui, les sauvageons jouent la dessus pour rendre les bois impressionnants, il n'en est rien. Du bois, des feuilles, trois bestiolles...

Par contre, c'est certain, c'est un endroit parfait pour s'y cacher. Et ça depuis que je suis petit, je suis au courant. Je jouais a me cacher...hmmm...Oui...Bon ça ne t'interesse pas. Néanmoins, la ou je me cachais dans une remise, ou dans les rues, les sauvageons se cachent entre les feuilles. Ils se griment le visage avec de la terre...Ils ne se lavent pas, ce qui leur donne cette faculté a bien s'intégrer dans la nature...Ou à s'accoupler avec les centaures...Enfin ça c'est une autre histoire, je n'ai jamais vu une telle chose. Et j'éspère ne pas le voir de mon vivant. Après c'est ce qui se dit...

[D'un geste de la main, l'ouvrier coupa le sorcier en parlant d'une voix plus forte]

Et vous n'avez pas peur ? On a entendu un hurlement qui nous traitait de laches ! Et vous me dites qu'on est attendus !

[Le sourire du sorcier se fit tout à coup féroce]

Pardon ? Peur ? Nous ? Oh oui. Moi en tout cas je suis terrifié. Il n'y a que les crétins qui n'ont pas peur, ou les fous. C'est de contenir et de maîtriser sa peur qui a de l'intérêt. Personnellement se mettre à courir comme un poulet sans tête les bras en l'air transforme rarement une déroute en victoire.

L'Elendae est venue en territoire ennemi, du moins à sa frontière. Nous ne sommes pas assez nombreux. Le peuple haut elfe, s'intéresse moins à la reconstruction de la ville détruire par ces pourritures de demi portions que nous. Mais nous sommes la. C'est une insulte, une bravade. Nous en avons informé les sauvageons. Qu'ils n'aient pas été la aurait été très décevant.
Quelle que soit l'issue de notre sortie, le message sera clair. Pour notre peuple, nous agissons.

Alors oui...Quand nos guerriers ensorcellés sont de sortie, ils sèment la mort, mais comme toute élite, nous sommes trop peu. En face, ils sont légions. Il n'est qu'une question de temps avant que nous soyons obligés de plier. D'ailleurs, réfléchis. Si nous avions vraiment voulu organiser tout cela proprement. Nous aurions plutôt fait en sorte qu'un autre peuple les attaque quelque part, pour profiter de leur absence.

Allons...ne t'en fais pas. Demain sera un autre jour...

[Quelques heures plus tard, la lueur de l'aube n'était pas rouge, n'en déplaise a quelques prophéties. Le jour se levait timidement. Les oiseaux chantaient. Les bucherons retournaient a leur travail. Et l'avalanche de mort commença. Des hurlements, des cris, moins bucolique forcement...Le camp n'était que chaos. A découvert, exposés dans la plaine, les haut elfes en sous nombre étaient laminés. Chaque corps haut Elfe pouvait bien emporter cinq Sylvains, que cela ne suffirait pas

Avançant dans le campement, les mains croisées derrière le dos, Bardarem pris place devant les bucherons en chantant un hymne à la gloire de la race. En voyant le corps du jeune elfe inerte avec qui il discutait la veille, grièvement blessé auprès d'une tente, il ne put s'empêcher de rire]


Tout ceci n'est qu'une farce. Vous n'êtes qu'une farce...
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