Une rencontre fortuite
#3
La sylvaine eut un petit sourire, pincé.
Avait-elle le droit de dire de quelle façon elle avait rencontré ce Korrigan et par quelle mégarde elle avait du suivre le chemin traverssant les palissades du Royaume d'Andoras ? Allait-elle devoir raconter comment elle avait fuit le danger, et comment six skilithes avaient pisté sa trace jusqu'à temps qu'elle ne rejoigne sa forêt natale ?
Elle observa Olibrius, et sembla en conclure quelque chose : on ne la croirait pas.

Avec son air fière, cet air qu'ont les lionnes qui reviennent de chasse, la rousse jeta un regard à la centauresse qui traînait derrière eux. Si elle était aussi druide qu'elle, elle était de moindre confiance que Olibrius. Le regard émeraude de la druidesse s'attardait sur les courbes de la biche, sans faire vraiment attention, elle réfléchissait davantage à ses habits, puis finalement détourna le regard et reprit la conversation avec Olibrius.

« J'ai croisé le Korrigan en ramassant des fleurs de gentianes, près des palissades.
Je devais retrouver un petit anneau magique, mais au retour, j'ai été chassé par deux bandits et un crocodile. Il a cru que je fuyais avec son butin, alors... il a fait de mes habits le sien. »


C'était la seule explication sincère qu'elle pouvait donner.
Yava n'avait pas l'âme mauvaise. C'était certes une guerrière, une battante, de ce genre de tête dure qui ne se brise pas au premier coup de pioche, mais elle n'avait rien d'une furie meurtrière. Elle n'avait jamais tué d'êtres vivants, qu'ils fussent nains ou elfes comme centaures. Elle respectait la vie, et semblait croire que tout le monde avait une place ici bas. Même si parfois, elle doutait.

« Je me dépêche jusqu'au village.
Je te rendrais ta cape sitôt fait. A moins que tu veuilles la récupérer dès maintenant? »


Elle était calme.
Elle n'avait pas besoin d'être nue pour être fière. Elle l'était naturellement. D'une fierté de chêne, implacable et droit. C'était cette fierté qui s'incarnait en elle, cette fierté de gardien de la forêt. Elle était droite dans ses bottes, et rien qu'à marcher au milieu de la plaine, la crinière en arrière, ça se voyait.
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