Par une nuit de nouvelle lune, des milliers d'étoiles illuminant un ciel vierge de nébulosité, le mage était allongé. Elle s'était envolée, partie, faisant place à un vide que le mage supportait avec peine. Il avait réalisé à quel point il tenait à elle progressivement, au fur et à mesure que leurs contacts s'espaçaient. A présent lancée dans une grande aventure elle était hors de portée. Scrutant le cortège d'astres il se demanda si le ciel était différent là-bas, quelles odeurs et formes pouvaient avoir les fleurs ou encore à quoi ressemblait la faune... Tant de questions sans réponses … la rêverie l'avait arraché des bras Morphée.
Confidente ou petite sœur, il n'aurait su expliquer par un seul mot ce qu'elle représentait pour lui d'autant plus qu'il n'avait jamais eu ni l'une ni l'autre. Il sourit, les mots … encore une chose qui le ramenait à elle, son goût pour l'écriture. Après quelques minutes de songes, sentant le sommeil insaisissable, il sortit un calepin et une plume de son sac puis se mit à l'ouvrage.
Les jours passèrent et avec eux de nombreuses ratures et manuscrits chiffonnés mais le résultat était potable ou tout du moins c'est ce que Silence se disait. Les rimes étaient pauvres mais l'ensemble se tenait. Sans fioritures mais sans toutefois être dépourvu d'une certaine calligraphie il prit alors sa plus belle plume avec laquelle il caressa un vélin qu'il avait acquis dans la capitale.
A tes yeux un intérêt j'avais gagné
Rapidement j'ai pu goûter
A ton caractère bien trempé
Originale par de multiples autres aspects
Ta personnalité suscite mon respect
Faisant fi de ma nature farouche
Ton charme sans nul doute a su faire mouche
Petit à petit dans mon intimité
Délicatement tu t'es invitée
Finalement je me suis constaté
Inévitablement apprivoisé
Heureux je me suis retrouvé
Ton enthousiasme m'a inspiré
Dans un élan passionné
Telle une muse tu m'as plongé
Indubitablement j'en sors grandis
Et affectueusement t'en remercie
Aujourd'hui je te raconte tout cela
Car me défaire de toi je ne veux pas
Egaré en terrain inconnu
En ces vers je découvre une vertu
Me voici à la fois serein et en émoi
Dans ce silence effarouchant je pense à toi