Douce solitude
#3
Il avait remarqué mon affection pour les contes et autres récits. De fait, il avait suscité ma curiosité. Et celle-ci avait été satisfaite. Au fil du temps, j'avais appris à l'apprécier jusqu'au jour où nos routes s'étaient séparées. Il avait aussitôt perdu toute importance.


Mot d'ordre : ne jamais s'attacher. Avoir des amis ce n'est qu'une expression pour les opportunistes et les doux rêveurs. A travers les propos de ces derniers, on découvre leur crédulité et leur touchante innocence. Moi-même j'ai tendance à rêver. Cependant, je ne rêve pas de ces choses-là. Oui, je ne laisse aucune place à l'amitié, ni à l'amour. Ce sont des rêves d'une autre sorte. Pour autant, je ne suis pas asociale. Il est vrai que je ne me laisse pas guider par mes sentiments, et peut-être ne suis-je pas capable d'en éprouver. Mais je sais au plus profond de mon être que chaque rencontre m'enrichit davantage. Il est des trésors insoupçonnés chez les autres. Ainsi, je suis un être de solitude mais je ne me refuse pas à aborder certains individus, et parfois, à faire route avec eux. Si j'apprécie la compagnie, ce n'est, pour sûr, pas ma nature première…


J'abandonnai rapidement mes spéculations sur les Ents et me concentrai un instant sur ce que je devais faire.

« Voyons...

Mais où est passée ma besace ? »
m'exclamai-je presque affolée.

A peine eussé-je terminé ma phrase, que l'on m'attrapa la cheville et me fit tomber face contre terre. Le précieux petit sac en cuir et moi étions nez à nez. Le souffle court, je me retournai vers celui qui avait provoqué ma chute, volontairement je le crains. Personne. A moins que... Mon regard se posa lentement sur le sol… juste à temps pour voir les racines d'un arbre rentrer sous terre. Elles ressemblaient à des tentacules couvertes d'écorce. Une fois celles-ci rétractées, je levai les yeux vers le tronc.

Tu crois qu'il parle ? Ne sois pas stupide.

J'étais perplexe, mais pas au point de rester figée sur place. Je me levai donc et dépoussiérai mes habits.

Curieux tout de même… A l'instant-même où je suis tombée, il s'est produit quelque chose d'étrange avec cet arbre. Tu as sans doute encore une fois rêvé. Par Merlin, je ne suis pas tombée toute seule !

Tandis que je décrochai ma cape de magie pour la secouer, me vint une idée.


« Peut-être bien qu'il parle... » dis-je dans un murmure.

« Bonjour. »

« Rien. »

« Il y a quelqu'un ? » demandai-je tout en jetant ma cape sur l'épaule. Enfin, quelque chose, je veux dire.

Tu es absolument ridicule Hilary. Tu vois bien qu'il n'y a rien ici. Ni personne d'ailleurs.

Le fait de me dire que je m'étais sans doute trompée me fit froncer les sourcils. Je voulais vivre l'extraordinaire, et s'il fallait aller à sa conquête, je le ferais. Après toutes ces quêtes que j'avais accomplies, je ne pouvais me résoudre à cesser de courir après.

N'oublies-tu pas quelque chose ? En effet...

Je glissai ma main dans ma besace afin d'en extraire une minuscule boussole en bronze. Un véritable héritage pour un voyageur. Après quelques secondes, le vieil objet indiqua la direction du nord.

« Puisqu'il me faut aller à l'Ouest, c'est par ici », déduis-je en levant les yeux du précieux instrument.

Sans perdre de temps, sans regarder derrière moi, je me mis en route.

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