23-04-2012, 17:27:15
Les Holdars. Malédiction ? Punition ? Envahisseurs ?
Plus le temps de se questionner, la guerre était là. Asteras ne les soutenait plus, ils étaient seuls, un petit groupe d'elfes. Ils ne pouvaient plus que lutter pour leur survie, maudire ceux qui les avaient abandonnés... Et tenter de se reconstruire, tant bien que mal.
Et Mitriath émergea des cendres de la guerre.
Liska était jeune à l'époque, mais il n'avait pas tout oublié. Il avait eu de la chance. Sa famille avait été épargnée par la Mort jusque là. Son père était revenu vivant, bien que blessé, des combats. Sa mère avait su le protéger du pire, lui, ses frères et sa sœur.
Sa sœur...
Il courait à en perdre haleine dans la forêt. La pluie avait cessé depuis quelques heures mais le terrain restait glissant. Il ne s'en préoccupait pas, tomba une fois, se releva et faillit glisser de nouveau plusieurs fois durant sa course effrénée.
Elle était revenue ! Enfin.
Plusieurs mois - des années peut être ? Il ne savait plus... - s'étaient écoulée depuis qu'il avait vu sa sœur pour la dernière fois. Elle avait terminé son apprentissage de druide, elle lui avait attribué son surnom depuis longtemps. Et puis elle était partie pour un soit disant «voyage initiatique » pour parfaire sa maîtrise de la magie. Elle devait rentrer vite. Mais les semaines, les mois s'étaient écoulés sans que personne n'ait la moindre nouvelle. Et puis un membre de son groupe avait reparu, blessé, hagard. Il n'avait pas pu dire ce qu'il s'était passé, sous le choc. Il n'avait pas reparlé. Plus un mot depuis ce jour. Les prêtresses d'Halista le gardaient au sein de leur temple, espérant peut être qu'il guérisse un jour de son mutisme.
Et aujourd'hui, voilà que Lyss était revenue. Il ne savait pas qui l'avait retrouvé, ni comment, mais il n'en avait cure. Elle était revenue, c'est tout ce qui importait.
Depuis qu'elle était partie, la famille n'était plus pareille... Ses petits frères ne se rendaient pas tous compte de la situation. Mais leurs parents étaient... Différent... Leur mère parlait beaucoup moins, sombrant souvent dans une douce mélancolie, fixant le vide, un étrange sourire aux lèvres. Elle en venait parfois même à oublier ses enfants les plus jeunes, laissant à Renard les soins de la maison. Et leur père avait du mal à supporter ce comportement étrange. Il partait de plus en plus souvent, à l'aube, et ne revenait que le soir sans un mot, pour dormir. Il passait son temps en forêt. Parfois à chasser, parfois à... Peu importe. Elle était revenue, tout allait s'arranger, après tout ! Non ?
Les gardes de la ville qui patrouillaient d'un air morose ne virent qu'une tignasse rousse passer à la vitesse de l'éclair.
Le temple d'Halista était à l'autre bout de la ville. Il devait de dépêcher. Heureusement, le mauvais temps avait dissuadé grand nombre de citadins de sortir de la ville. Personne pour le gêner dans sa course.
Il ne mit que quelques minutes de plus pour rejoindre l'endroit. Il s'arrêta devant l'entrée, hors d'haleine. Il n'attendit pas d'avoir reprit son souffle pour entrer. On l'attendait. Une prêtresse l'attrapa par le bras et lui murmura quelques mots à l'oreille. Il acquiesça d'un signe de tête, trop essoufflé pour parler. Dehors, la pluie n'allait sans doute pas tarder à reprendre de plus belle.
On le conduisit à une petite chambre au fond du temple. De celles où l'ont soigne les grands blessés, ceux qui ne peuvent pas être mit avec les autres. Il voulut entrer mais la prêtresse qui l'avait guidé le retint. Elle eut un instant l'air de vouloir dire quelque chose mais elle hésita, laissant s'installer le silence. Puis elle se reprit et parla.
-Il faut que je vous prévienne...
-Quoi ? S'impatienta-t-il.
-Ne soyez pas surpris si votre sœur ne... Ne comprends pas forcément ce que vous lui dites. C'est assez difficile à entendre mais elle ne se souvient plus de rien.
-De rien ? Comment ça de rien ? Vous voulez dire, elle ne sait pas ce qu'il lui est arrivé ?
-Non, non. C'est bien pire. Elle a tout oublié, toute sa vie. Son amnésie est totale.
Le roux en resta interdit.
Et pourtant le ton de la prêtresse était catégorique. Elle savait ce qu'elle disait. Et lui ne savait que répondre, se contentant de rester planté là, immobile, le visage figé sur un mélange de surprise et d'incompréhension.
Il lui fallut quelques minutes pour prendre pleinement conscience de l'état de sa sœur, de toutes les implications qui en découlaient et quelques autres instants encore pour trouver le courage d'entrer, sachant que la jeune femme à l'intérieur n'avait désormais plus la moindre idée de qui il était...
Elle leva les yeux vers lui lorsqu'il passa la porte, la refermant doucement derrière lui. Assise sur le bord du lit, vêtue tout juste d'une longue chemise de nuit, elle l'observait comme on observe un inconnu. Liska resta là, tournant le dos à la porte, sans oser s'avancer plus, de crainte de l'effrayer.[i]
-Tu... Tu es... Liska? [i]L'interrogea-t-elle timidement.
-Oui, c'est bien ça ! Tu t'en souviens ?
-Non... C'est... On m'a dit que tu viendrais...
Un instant, il avait cru qu'elle s'en était rappelée... Naïf qu'il était... Bien sûr que les prêtresses ou même leurs parents avaient du lui parler de lui avant qu'il n'arrive. Au moins savait-elle qui il était. Il se détendit légèrement, s'avançant vers elle et s'asseyant au bord du lit d'un air nonchalant.
-En tout cas, je suis heureux de te revoir enfin ! C'est le plus important après tout ! Fit-il, essayant tant bien que mal de se persuader de la seconde chose. Alors, tu...
-Tu arrives seulement maintenant ? L'interrompit une autre voix dans le fond de la pièce, près de la petite fenêtre par qui entrait la pâle lueur du jour. C'était sa mère. Il n'avait même pas remarqué sa présence tant elle se tenait immobile près de la fenêtre. Liska fronça les sourcil, appréciant peu le ton sec avec lequel elle s'était adressé à lui.
-Excuse moi, mais j'étais à l'autre bout de la ville, j'ai du la traverser en courant... Et la pluie ne m'a pas aidé à faire vite.
-Mais tu...
-Écoute, on en parlera plus tard. Trancha-t-il. On ne va pas embêter Lyss avec ça, hein ? Fit-il avec un sourire complice pour sa sœur. Celui qu'elle lui rendit était bien plus timide et même un peu triste. Quelques secondes de silence pesant s'écoulèrent durant lesquelles sa mère lança un regard noir de reproches au roux. Lui n'y fit même pas attention, bien décidé à reprendre cette conversation plus tard. Dans l'immédiat, il y avait d'autres choses plus importantes. Lorsqu'elle comprit qu'elle avait perdu la bataille pour cette fois, l'elfe se leva et sorti de la pièce, s'excusant vaguement, laissant le frère et la sœur seuls. Cette dernière lâcha un long soupir quand la porte se referma à nouveau.
-Hé bien ? Ça ne va pas? Interrogea le roux, intrigué par cette soudaine démonstration de contrariété...
-Si, si... C'est juste que... Cette femme... Notre mère, à l'en croire... Depuis qu'elle est là, elle n'a fait presque que pleurer et me prendre dans ses bras. C'était touchant au début mais... C'est devenu pesant et je ne suis pas fâchée qu'elle s'en aille, à vrai dire. Elle s'arrêta un instant avant de s'apercevoir qu'elle n'aurait peut être pas du dire ça. Oh, excuse moi ! Ca n'était pas très fin de ma part... C'est notre mère après tout, je...
-Non, non, ne t'excuse pas ! L'interrompit-il, sentant bien que ses excuses n'étaient pas sincères. Et quelque part, il pouvait le comprendre. Elle a bien changé depuis ton départ, en vérité. Et pleurer est peut être une des rare choses qu'elle sache encore faire correctement. Ajouta-t-il non sans amertume. Contente toi de l'ignorer ! Alors, maintenant que tu es de retour parmi nous, que dirais-tu de visiter la ville ? Proposa-t-il, accrochant un sourire à son visage, bien que sourire fut la dernière chose dont il ait réellement envie...
-Mais les prêtresses ont dit qu'il fallait que je reste ici encore quelques temps...
-Peu importe ce qu'elles disent, rester ici ne t'aidera en rien ! La forêt est magnifique, même par temps de pluie, ça serait dommage de manquer ça, non ? Et nous serons de retour avant la nuit, c'est promis !Lança-t-il d'un air enthousiaste en se levant. Tu as de quoi t'habiller ?
-Oui... On... Enfin, nos parents m'ont apporté ce qu'il fallait. Répondit Lyss, l'air à peu près convaincue par le discours de son frère.
Et elle devait avouer que l'ambiance du temple ne lui plaisait pas vraiment. Peut être que ce grand roux lui était un total inconnu mais il semblait être apte à lui faire changer d'air... Et si il était son frère, elle n'avait aucune raison de ne pas lui faire confiance, après tout. Il sorti, à la fois pour s'assurer que personne ne les retiendrait sur le chemin de la sortie et pour laisser à l'elfe le temps de s'habiller. Elle le rejoignit quelques instant plus tard, fermant la porte avec précautions.
S'inclinant dans une révérence factice, sourire aux lèvres, son frère lui prit la main avant de la guider vers l'extérieur. Ces étranges manières arrachèrent un sourire à Lyss.
Quelques gouttes éparses tombaient encore des feuilles de l'arbre qui abritait le temple mais la pluie n'avait pas encore reprit. Pour l'instant, du moins... Les deux elfes s'arrêtèrent un instant, Liska jeta un coup d'œil au ciel à travers les épaisses frondaisons de la forêt. Il n'en voyait pas assez pour savoir si la pluie allait reprendre ou non mais peu importe. Il se mit en route, sa sœur sur ses talons.
Comme promis, il lui fit faire le tour de la ville, lui contant nombre d'anecdotes sur presque chaque nouvel endroit qu'il lui montrait. Ici, l'arbre royal, on raconte qu'un jour, un voleur malchanceux et avide de richesses avait essayé d'y pénétré en grimpant dans les branches mais les gardes l'ayant repéré, il y était resté coincé plusieurs jours de suite avant de se décider à se rendre. Là, près de ce pont de bois, un embouteillage si important avait eu lieu, un jour, que plus de la moitié des gens désireux de traverser avaient du se jeter à l'eau malgré le froid hivernal ! Et cet arbre étrangement tordu, là bas, certains racontaient qu'il était hanté par un esprit de la forêt. Esprit qui, en réalité, n'était qu'un hibou qui avait simplement effrayé quelques gamins qui passaient par là lors d'une sortie nocturne pas vraiment autorisée par leurs parents...
Lyss semblait apprécier ces histoires et souriait souvent aux plaisanteries de son frère. Elle semblait s'être détendue. Ses réponses étaient moins hésitantes, plus directes. Liska semblait lui aussi soulagé d'un poids. Voir que sa sœur se sentait mieux le rassurait, en vérité. La pluie les surprit vers la fin de l'après midi, et, avant qu'ils n'aient le temps de se trouver un abri, ils étaient déjà trempés jusqu'aux os et ce malgré la relative protection des feuillages déjà trempés de la forêt... Au plus grand étonnement de sa sœur, Liska se dirigea non pas vers le temple mais vers le sud de la ville. Lorsqu'elle lui demanda pourquoi, elle n'eut pour toute réponse qu'un mystérieux sourire. Néanmoins elle le suivit. Ils étaient déjà trempés, de toute façon alors l'être un peu plus longtemps ne changerait pas grand chose.
Lyss ne pouvait pas le savoir mais à aucun moment, même pas quand les trombes d'eau avaient commencé à se déverser sur eux, Liska n'avait eut l'intention de les ramener au temple. Elle le suivit un long moment, le long d'un chemin forestier qu'elle aurait du reconnaître entre milles... Et bien vite, ils arrivèrent à la petite caverne sous l'arbre. Et, au plus grand étonnement de la jeune femme, des petites boules de poils rousses surgirent d'un terrier dans le sol et se précipitèrent vers lui. Même si les renardeaux se montrèrent tout d'abord méfiants envers Lyss, la curiosité l'emporta bien vite et certains, les moins craintifs, vinrent timidement lui mordiller les doigts, par jeu. Et pour la première fois depuis bien longtemps, Liska pu la voir rire à nouveau aux éclats.
Plus le temps de se questionner, la guerre était là. Asteras ne les soutenait plus, ils étaient seuls, un petit groupe d'elfes. Ils ne pouvaient plus que lutter pour leur survie, maudire ceux qui les avaient abandonnés... Et tenter de se reconstruire, tant bien que mal.
Et Mitriath émergea des cendres de la guerre.
Liska était jeune à l'époque, mais il n'avait pas tout oublié. Il avait eu de la chance. Sa famille avait été épargnée par la Mort jusque là. Son père était revenu vivant, bien que blessé, des combats. Sa mère avait su le protéger du pire, lui, ses frères et sa sœur.
Sa sœur...
Il courait à en perdre haleine dans la forêt. La pluie avait cessé depuis quelques heures mais le terrain restait glissant. Il ne s'en préoccupait pas, tomba une fois, se releva et faillit glisser de nouveau plusieurs fois durant sa course effrénée.
Elle était revenue ! Enfin.
Plusieurs mois - des années peut être ? Il ne savait plus... - s'étaient écoulée depuis qu'il avait vu sa sœur pour la dernière fois. Elle avait terminé son apprentissage de druide, elle lui avait attribué son surnom depuis longtemps. Et puis elle était partie pour un soit disant «voyage initiatique » pour parfaire sa maîtrise de la magie. Elle devait rentrer vite. Mais les semaines, les mois s'étaient écoulés sans que personne n'ait la moindre nouvelle. Et puis un membre de son groupe avait reparu, blessé, hagard. Il n'avait pas pu dire ce qu'il s'était passé, sous le choc. Il n'avait pas reparlé. Plus un mot depuis ce jour. Les prêtresses d'Halista le gardaient au sein de leur temple, espérant peut être qu'il guérisse un jour de son mutisme.
Et aujourd'hui, voilà que Lyss était revenue. Il ne savait pas qui l'avait retrouvé, ni comment, mais il n'en avait cure. Elle était revenue, c'est tout ce qui importait.
Depuis qu'elle était partie, la famille n'était plus pareille... Ses petits frères ne se rendaient pas tous compte de la situation. Mais leurs parents étaient... Différent... Leur mère parlait beaucoup moins, sombrant souvent dans une douce mélancolie, fixant le vide, un étrange sourire aux lèvres. Elle en venait parfois même à oublier ses enfants les plus jeunes, laissant à Renard les soins de la maison. Et leur père avait du mal à supporter ce comportement étrange. Il partait de plus en plus souvent, à l'aube, et ne revenait que le soir sans un mot, pour dormir. Il passait son temps en forêt. Parfois à chasser, parfois à... Peu importe. Elle était revenue, tout allait s'arranger, après tout ! Non ?
Les gardes de la ville qui patrouillaient d'un air morose ne virent qu'une tignasse rousse passer à la vitesse de l'éclair.
Le temple d'Halista était à l'autre bout de la ville. Il devait de dépêcher. Heureusement, le mauvais temps avait dissuadé grand nombre de citadins de sortir de la ville. Personne pour le gêner dans sa course.
Il ne mit que quelques minutes de plus pour rejoindre l'endroit. Il s'arrêta devant l'entrée, hors d'haleine. Il n'attendit pas d'avoir reprit son souffle pour entrer. On l'attendait. Une prêtresse l'attrapa par le bras et lui murmura quelques mots à l'oreille. Il acquiesça d'un signe de tête, trop essoufflé pour parler. Dehors, la pluie n'allait sans doute pas tarder à reprendre de plus belle.
On le conduisit à une petite chambre au fond du temple. De celles où l'ont soigne les grands blessés, ceux qui ne peuvent pas être mit avec les autres. Il voulut entrer mais la prêtresse qui l'avait guidé le retint. Elle eut un instant l'air de vouloir dire quelque chose mais elle hésita, laissant s'installer le silence. Puis elle se reprit et parla.
-Il faut que je vous prévienne...
-Quoi ? S'impatienta-t-il.
-Ne soyez pas surpris si votre sœur ne... Ne comprends pas forcément ce que vous lui dites. C'est assez difficile à entendre mais elle ne se souvient plus de rien.
-De rien ? Comment ça de rien ? Vous voulez dire, elle ne sait pas ce qu'il lui est arrivé ?
-Non, non. C'est bien pire. Elle a tout oublié, toute sa vie. Son amnésie est totale.
Le roux en resta interdit.
Et pourtant le ton de la prêtresse était catégorique. Elle savait ce qu'elle disait. Et lui ne savait que répondre, se contentant de rester planté là, immobile, le visage figé sur un mélange de surprise et d'incompréhension.
Il lui fallut quelques minutes pour prendre pleinement conscience de l'état de sa sœur, de toutes les implications qui en découlaient et quelques autres instants encore pour trouver le courage d'entrer, sachant que la jeune femme à l'intérieur n'avait désormais plus la moindre idée de qui il était...
Elle leva les yeux vers lui lorsqu'il passa la porte, la refermant doucement derrière lui. Assise sur le bord du lit, vêtue tout juste d'une longue chemise de nuit, elle l'observait comme on observe un inconnu. Liska resta là, tournant le dos à la porte, sans oser s'avancer plus, de crainte de l'effrayer.[i]
-Tu... Tu es... Liska? [i]L'interrogea-t-elle timidement.
-Oui, c'est bien ça ! Tu t'en souviens ?
-Non... C'est... On m'a dit que tu viendrais...
Un instant, il avait cru qu'elle s'en était rappelée... Naïf qu'il était... Bien sûr que les prêtresses ou même leurs parents avaient du lui parler de lui avant qu'il n'arrive. Au moins savait-elle qui il était. Il se détendit légèrement, s'avançant vers elle et s'asseyant au bord du lit d'un air nonchalant.
-En tout cas, je suis heureux de te revoir enfin ! C'est le plus important après tout ! Fit-il, essayant tant bien que mal de se persuader de la seconde chose. Alors, tu...
-Tu arrives seulement maintenant ? L'interrompit une autre voix dans le fond de la pièce, près de la petite fenêtre par qui entrait la pâle lueur du jour. C'était sa mère. Il n'avait même pas remarqué sa présence tant elle se tenait immobile près de la fenêtre. Liska fronça les sourcil, appréciant peu le ton sec avec lequel elle s'était adressé à lui.
-Excuse moi, mais j'étais à l'autre bout de la ville, j'ai du la traverser en courant... Et la pluie ne m'a pas aidé à faire vite.
-Mais tu...
-Écoute, on en parlera plus tard. Trancha-t-il. On ne va pas embêter Lyss avec ça, hein ? Fit-il avec un sourire complice pour sa sœur. Celui qu'elle lui rendit était bien plus timide et même un peu triste. Quelques secondes de silence pesant s'écoulèrent durant lesquelles sa mère lança un regard noir de reproches au roux. Lui n'y fit même pas attention, bien décidé à reprendre cette conversation plus tard. Dans l'immédiat, il y avait d'autres choses plus importantes. Lorsqu'elle comprit qu'elle avait perdu la bataille pour cette fois, l'elfe se leva et sorti de la pièce, s'excusant vaguement, laissant le frère et la sœur seuls. Cette dernière lâcha un long soupir quand la porte se referma à nouveau.
-Hé bien ? Ça ne va pas? Interrogea le roux, intrigué par cette soudaine démonstration de contrariété...
-Si, si... C'est juste que... Cette femme... Notre mère, à l'en croire... Depuis qu'elle est là, elle n'a fait presque que pleurer et me prendre dans ses bras. C'était touchant au début mais... C'est devenu pesant et je ne suis pas fâchée qu'elle s'en aille, à vrai dire. Elle s'arrêta un instant avant de s'apercevoir qu'elle n'aurait peut être pas du dire ça. Oh, excuse moi ! Ca n'était pas très fin de ma part... C'est notre mère après tout, je...
-Non, non, ne t'excuse pas ! L'interrompit-il, sentant bien que ses excuses n'étaient pas sincères. Et quelque part, il pouvait le comprendre. Elle a bien changé depuis ton départ, en vérité. Et pleurer est peut être une des rare choses qu'elle sache encore faire correctement. Ajouta-t-il non sans amertume. Contente toi de l'ignorer ! Alors, maintenant que tu es de retour parmi nous, que dirais-tu de visiter la ville ? Proposa-t-il, accrochant un sourire à son visage, bien que sourire fut la dernière chose dont il ait réellement envie...
-Mais les prêtresses ont dit qu'il fallait que je reste ici encore quelques temps...
-Peu importe ce qu'elles disent, rester ici ne t'aidera en rien ! La forêt est magnifique, même par temps de pluie, ça serait dommage de manquer ça, non ? Et nous serons de retour avant la nuit, c'est promis !Lança-t-il d'un air enthousiaste en se levant. Tu as de quoi t'habiller ?
-Oui... On... Enfin, nos parents m'ont apporté ce qu'il fallait. Répondit Lyss, l'air à peu près convaincue par le discours de son frère.
Et elle devait avouer que l'ambiance du temple ne lui plaisait pas vraiment. Peut être que ce grand roux lui était un total inconnu mais il semblait être apte à lui faire changer d'air... Et si il était son frère, elle n'avait aucune raison de ne pas lui faire confiance, après tout. Il sorti, à la fois pour s'assurer que personne ne les retiendrait sur le chemin de la sortie et pour laisser à l'elfe le temps de s'habiller. Elle le rejoignit quelques instant plus tard, fermant la porte avec précautions.
S'inclinant dans une révérence factice, sourire aux lèvres, son frère lui prit la main avant de la guider vers l'extérieur. Ces étranges manières arrachèrent un sourire à Lyss.
Quelques gouttes éparses tombaient encore des feuilles de l'arbre qui abritait le temple mais la pluie n'avait pas encore reprit. Pour l'instant, du moins... Les deux elfes s'arrêtèrent un instant, Liska jeta un coup d'œil au ciel à travers les épaisses frondaisons de la forêt. Il n'en voyait pas assez pour savoir si la pluie allait reprendre ou non mais peu importe. Il se mit en route, sa sœur sur ses talons.
Comme promis, il lui fit faire le tour de la ville, lui contant nombre d'anecdotes sur presque chaque nouvel endroit qu'il lui montrait. Ici, l'arbre royal, on raconte qu'un jour, un voleur malchanceux et avide de richesses avait essayé d'y pénétré en grimpant dans les branches mais les gardes l'ayant repéré, il y était resté coincé plusieurs jours de suite avant de se décider à se rendre. Là, près de ce pont de bois, un embouteillage si important avait eu lieu, un jour, que plus de la moitié des gens désireux de traverser avaient du se jeter à l'eau malgré le froid hivernal ! Et cet arbre étrangement tordu, là bas, certains racontaient qu'il était hanté par un esprit de la forêt. Esprit qui, en réalité, n'était qu'un hibou qui avait simplement effrayé quelques gamins qui passaient par là lors d'une sortie nocturne pas vraiment autorisée par leurs parents...
Lyss semblait apprécier ces histoires et souriait souvent aux plaisanteries de son frère. Elle semblait s'être détendue. Ses réponses étaient moins hésitantes, plus directes. Liska semblait lui aussi soulagé d'un poids. Voir que sa sœur se sentait mieux le rassurait, en vérité. La pluie les surprit vers la fin de l'après midi, et, avant qu'ils n'aient le temps de se trouver un abri, ils étaient déjà trempés jusqu'aux os et ce malgré la relative protection des feuillages déjà trempés de la forêt... Au plus grand étonnement de sa sœur, Liska se dirigea non pas vers le temple mais vers le sud de la ville. Lorsqu'elle lui demanda pourquoi, elle n'eut pour toute réponse qu'un mystérieux sourire. Néanmoins elle le suivit. Ils étaient déjà trempés, de toute façon alors l'être un peu plus longtemps ne changerait pas grand chose.
Lyss ne pouvait pas le savoir mais à aucun moment, même pas quand les trombes d'eau avaient commencé à se déverser sur eux, Liska n'avait eut l'intention de les ramener au temple. Elle le suivit un long moment, le long d'un chemin forestier qu'elle aurait du reconnaître entre milles... Et bien vite, ils arrivèrent à la petite caverne sous l'arbre. Et, au plus grand étonnement de la jeune femme, des petites boules de poils rousses surgirent d'un terrier dans le sol et se précipitèrent vers lui. Même si les renardeaux se montrèrent tout d'abord méfiants envers Lyss, la curiosité l'emporta bien vite et certains, les moins craintifs, vinrent timidement lui mordiller les doigts, par jeu. Et pour la première fois depuis bien longtemps, Liska pu la voir rire à nouveau aux éclats.