De la solidarité fémi-naine...
#1
Une bourrasque et une violente lumière faillirent faire tomber la naine. Elle ne mit qu'un fugace instant à s'assurer que ses courtes jambes allaient bien la maintenir debout. Après quelques clignements, ses yeux s'adaptèrent à la lumière et elle les leva au ciel.
Celui-ci était pourtant sombre, chargé de gros nuages bien gris.
Elle venait d'emprunter le boyau de la mine la menant vers l'extérieur et la confrontation avec le monde réel était à chaque fois comme une nouvelle naissance. Non pas qu'elle s'en souvienne, mais elle avait la sensation que quitter le ventre de la terre nourricière était toujours un peu difficile pour un nouveau-nain.Le ciel était chargé et le vent faisait battre ses longues nattes rousses au vent. La pluie n'allait pas tarder à être de la partie. Elle aurait bien aimé que ce jour soit un peu ensoleillé pour pouvoir profiter des scintillements de l'astre sur sa nouvelle hache. Mimir était une naine, elle avait beau aimer l'obscurité des boyaux, elle aimait que ça brille. Soit, sa hache ne brillerait pas aujourd'hui, mais elle était sûre qu'elle ferait un bel éclat lors d'un combat.

Elle regarda autour d'elle pour s'assurer de la présence de ses frères. Ils étaient tous là, même si Heimda, l'aîné, le sage, était déjà un peu loin. Ils avaient également franchi le boyau et étaient eux aussi en train de s'adapter à l'espace extérieur à leur manière : Baldr pensif et regardant au loin, les jumeaux Tuisto et Tyr se chamaillant, comme d'habitude. Elle sourit en les voyant... Elle aimait et admirait vraiment ces fiers guerriers-au-grand-coeur-mais-il-ne-fallait-surtout-pas-le-dire.

En regardant autour d'elle, elle vit également une naine.


Tiens j'la connais pas, celle-là!

La naine regardait autour d'elle, semblait un peu perdue. Elle ne semblait pas très à l'aise avec sa grosse arbalète. Malgré tout, elle se donnait de la contenance et sifflotait fièrement en n'ayant l'air de rien. Mimir connaissait bien ce regard et cette attitude. Elle l'avait elle aussi lors de ses premières sorties de Karad. Que le royaume était grand et vaste, en comparaison de la cité de Karad, chaleureuse et protectrice. Oui ce monde était vraiment effrayant quand on faisait ses premières sorties...

Mimir se rendit soudain compte qu'elle avait perdu une partie de cette naïveté et de cette innocence qui la caractérisaient : elle avait affronté déjà un petit nombre de créatures plus patibulaires les unes que les autres, elle avait déjà vu ses frères salement blessés au combat; si salement blessés parfois que le mort avait bien failli les emporter. Mais ses frères lui avaient appris qu'en étant solidaires, la fougue des Muspellheim qui coulait dans leurs veines pouvait déplacer des montagnes (même si en réalité les nains aimaient plutôt qu'elles restent à leur place, leur coeur étant si confortable). Mimir avait vraiment de la chance de pouvoir avoir grandi avec ces guerriers. Elle avait beaucoup appris et maniait plutôt pas mal les haches elle aussi, et avait quelques bestioles à son actif maintenant. Mimir n'était pas encore tout à fait une guerrière accomplie, mais elle avait mûri et gagné de l'expérience.

En voyant cette naine qui lui rappelait celle qu'elle était il y a encore un peu de temps, elle eut envie de partager un peu de tout cela avec elle. Surtout que ce n'était pas facile de trouver sa place dans ce monde de barbes lorsqu'on était du genre féminin. Mimir s'éclaircit la gorge, cracha un bon coup par terre et héla :


Hé toi là-bas!

Elle s'approcha d'elle.

T'es nouvelle dans l'coin? Parce que t'as l'air sacrément perdue. J'ai l'impression qu'tu prends la même direction qu'mes frères et moi. J'connais une bonn'taverne à quelqu'jours de marche, on fait route ensemble et on fait connaissance? J'te paierai une bonne bière. Pi moi ça m'changera un peu de mes parties d'osselets avec mes frangins.
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