04-12-2010, 13:34:17
Conflit de conscience
Passé les portes du Temple, Melmoth se retrouva dans les rues d'Asteras au pavé fin et régulier.
L'architecture des maisons blanches aux ornements et aux tuiles colorées de couleurs pastel de toutes les nuances, avec une très nette dominance du vert et du bleu, était travaillée comme de l'orfèvrerie.
Les rues étaient encore désertes pour quelques minutes, et le rôdeur perdit son regard droit devant lui dans le vague, sans but précis.
Lui revenaient en mémoire de plus en plus précisément les images de son périple dans les Mines et dans la citadelle des Nains.
Les dernière heures en particulier bousculaient leurs images devant ses yeux.
L'école de magie se dessinait dans son esprit, les traits vicieux du maître des Runes, l'étui de cuir sur le comptoir.
Et puis ses paroles : "Pour toi, j'enfreindrai la loi des Nains. Le prix sera élevé."
Un frisson lui parcourut l'échine.
En effet, le prix avait été élevé.
Il se remémorait avec précision diabolique sa fuite en rampant, sur le sol de granite irrégulier et froid de la citadelle montagnarde, deux traits dans les flancs, une douleur intense faisant perler des larmes sur ses joues, son sang au sol trahissant sa fuite d'avance vouée à l'échec.
Il se souvint avoir subitement retrouvé confiance en apercevant l'armurerie à l'architecture massive, puisant dans ses réserves pour user d'une de ses compétences propres aux rôdeurs et qui leur permettent de dépasser leurs limites physiques.
Laissant à chaque pas sa vie se déliter un peu plus sur chaque marche, il avait poussé les portes et avait pénétré dans le lieu presque désert.
Un sourire se dessina instinctivement sur ses lèvres lorsqu'il revit les yeux écarquillés du jeune guerrier Nain, paralysé à sa vue, certainement plus par la surprise que par la peur.
Il se souvint vaguement d'un coffre rangé le long d'un mur couvert d'armes et de boucliers, dissimulés derrière une tenture.
La douleur lui parut presque réelle et il sursauta lorsqu'il se revit tourner la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir à la volée, les yeux à son tour grand ouverts à la vue de l'arbalète déjà déchargée dans les mains de la guerrière Naine aux yeux féroces, tandis que la pointe du carreau ressortait par devant de sa tunique de cuir.
Tout alors s'était accéléré, le temps ne devint plus qu'un instant unique ou tout se déroulait en même temps : sa chute en avant, le choc sourd de sa tête sur le sol de pierre, sa capuche se rabattant sur sa tête, les cris d'étonnement des Nains qui s'approchaient en courant, leurs bottes propageant le choc de leurs pas jusque dans sa tête.
Il se souvint ensuite ne plus avoir ressenti de douleur mais avoir connu la peur, vit de nouveau s'approcher le néant, remplissant sa vision comme un liquide épais et sombre, comme le sang qui coulerait devant une vitre jusqu'à l'obscurcir totalement.
Puis vint la vive lumière, l'immobilité paisible du pays des rêves, qui devait durer éternellement.
C'était il y a quelques heures à peine.
Sans savoir pourquoi, il avait retrouvé sa liberté, happant l'air goulument comme un plongeur resté trop longtemps en apnée.
Sa vue s'éclaircit et il retrouva sa lucidité.
Une image lui trottait dans la tête, celle du Maître des Runes lui remettant le rouleau de cuir.
Il mit la main sur sa besace à son côté et sentit la forme du rouleau en sa possession.
Il avait échoué... oui et non.
Bien sûr, sa mort serait écrite dans les livres des Nains.
Rien qu'à cette pensée, il faillit se comporter comme eux et s'arrêta juste à temps avant de cracher au sol.
Il était un Elfe. Et les Elfes ne crachent pas comme les Nains.
Il reconsidéra toutefois les choses avec objectivité.
Quel qu'en soient les motifs, par quelle magie ou par quelle actions des Dieux que cela ne fût fait, il n'en restait pas moins qu'il possédait le parchemin du Messager.
Sa mission n'était certes pas glorieuse, mais le résultat était là.
Il pourrait bientôt apporter la nouvelle à son Maître et poser un genou devant lui.
Il pourrait prétendre poser le pied sur la stèle et attendre sereinement l'avis du Conseil.
Il pourrait rejoindre les Ombres.
Il ne lui restait plus qu'une partie de la mission à accomplir.
Loin d'être une formalité, elle s'avérait plus accessible que la première.
Il devrait être en mesure de se procurer la tête d'un Nain.
La chasse allait commencer.
Passé les portes du Temple, Melmoth se retrouva dans les rues d'Asteras au pavé fin et régulier.
L'architecture des maisons blanches aux ornements et aux tuiles colorées de couleurs pastel de toutes les nuances, avec une très nette dominance du vert et du bleu, était travaillée comme de l'orfèvrerie.
Les rues étaient encore désertes pour quelques minutes, et le rôdeur perdit son regard droit devant lui dans le vague, sans but précis.
Lui revenaient en mémoire de plus en plus précisément les images de son périple dans les Mines et dans la citadelle des Nains.
Les dernière heures en particulier bousculaient leurs images devant ses yeux.
L'école de magie se dessinait dans son esprit, les traits vicieux du maître des Runes, l'étui de cuir sur le comptoir.
Et puis ses paroles : "Pour toi, j'enfreindrai la loi des Nains. Le prix sera élevé."
Un frisson lui parcourut l'échine.
En effet, le prix avait été élevé.
Il se remémorait avec précision diabolique sa fuite en rampant, sur le sol de granite irrégulier et froid de la citadelle montagnarde, deux traits dans les flancs, une douleur intense faisant perler des larmes sur ses joues, son sang au sol trahissant sa fuite d'avance vouée à l'échec.
Il se souvint avoir subitement retrouvé confiance en apercevant l'armurerie à l'architecture massive, puisant dans ses réserves pour user d'une de ses compétences propres aux rôdeurs et qui leur permettent de dépasser leurs limites physiques.
Laissant à chaque pas sa vie se déliter un peu plus sur chaque marche, il avait poussé les portes et avait pénétré dans le lieu presque désert.
Un sourire se dessina instinctivement sur ses lèvres lorsqu'il revit les yeux écarquillés du jeune guerrier Nain, paralysé à sa vue, certainement plus par la surprise que par la peur.
Il se souvint vaguement d'un coffre rangé le long d'un mur couvert d'armes et de boucliers, dissimulés derrière une tenture.
La douleur lui parut presque réelle et il sursauta lorsqu'il se revit tourner la tête vers la porte qui venait de s'ouvrir à la volée, les yeux à son tour grand ouverts à la vue de l'arbalète déjà déchargée dans les mains de la guerrière Naine aux yeux féroces, tandis que la pointe du carreau ressortait par devant de sa tunique de cuir.
Tout alors s'était accéléré, le temps ne devint plus qu'un instant unique ou tout se déroulait en même temps : sa chute en avant, le choc sourd de sa tête sur le sol de pierre, sa capuche se rabattant sur sa tête, les cris d'étonnement des Nains qui s'approchaient en courant, leurs bottes propageant le choc de leurs pas jusque dans sa tête.
Il se souvint ensuite ne plus avoir ressenti de douleur mais avoir connu la peur, vit de nouveau s'approcher le néant, remplissant sa vision comme un liquide épais et sombre, comme le sang qui coulerait devant une vitre jusqu'à l'obscurcir totalement.
Puis vint la vive lumière, l'immobilité paisible du pays des rêves, qui devait durer éternellement.
C'était il y a quelques heures à peine.
Sans savoir pourquoi, il avait retrouvé sa liberté, happant l'air goulument comme un plongeur resté trop longtemps en apnée.
Sa vue s'éclaircit et il retrouva sa lucidité.
Une image lui trottait dans la tête, celle du Maître des Runes lui remettant le rouleau de cuir.
Il mit la main sur sa besace à son côté et sentit la forme du rouleau en sa possession.
Il avait échoué... oui et non.
Bien sûr, sa mort serait écrite dans les livres des Nains.
Rien qu'à cette pensée, il faillit se comporter comme eux et s'arrêta juste à temps avant de cracher au sol.
Il était un Elfe. Et les Elfes ne crachent pas comme les Nains.
Il reconsidéra toutefois les choses avec objectivité.
Quel qu'en soient les motifs, par quelle magie ou par quelle actions des Dieux que cela ne fût fait, il n'en restait pas moins qu'il possédait le parchemin du Messager.
Sa mission n'était certes pas glorieuse, mais le résultat était là.
Il pourrait bientôt apporter la nouvelle à son Maître et poser un genou devant lui.
Il pourrait prétendre poser le pied sur la stèle et attendre sereinement l'avis du Conseil.
Il pourrait rejoindre les Ombres.
Il ne lui restait plus qu'une partie de la mission à accomplir.
Loin d'être une formalité, elle s'avérait plus accessible que la première.
Il devrait être en mesure de se procurer la tête d'un Nain.
La chasse allait commencer.