Par une nuit sans lune.
#21
La cité blanche avait retrouvé son calme habituel.

L'affaire du vagabond retrouvé mort sur les quais d'Asteras ne faisait plus parler d'elle, l'enquête ne semblant n'aboutir à rien, le corps ayant été confié aux mages de l'Académie de magie pour être examiné n'ayant jamais été rendu aux autorités, pour une raison sombre et mystérieuse. Bien sûr, ces derniers avaient commencé à nourrir des doutes sur l'école et ses membres cependant les interrogations avaient été bien vite dissipées et les enquêteurs ne possédaient pas le pouvoir suffisant pour forcer les mages à leur donner des réponses, l'affaire fut donc ébruitée, par manque d'information.

Mais voilà qu'elle allait revenir à l'ordre du jour, alors qu'un soir au bar de l'auberge de la Licorne, un apprenti d'un archimage reconnu, fraîchement sortit de ses brillantes études, noyait un quelconque désespoir dans l'alcool. Bien entendu, on se moqua bien dans un premier temps d'en connaître les raisons. Le plus important, c'était qu'il paie correctement sa consommation !
Cependant, le jeune elfe éméché avait de nombreuses choses intéressantes à dire, comme purent le constater bien tôt ses voisons de bar, après quelques verres :

-Un tragique destin nous z'attend, c'moi qui vous l'd-HIC !

Tout l'monde dans c'te cité c'croit à l'abri d'tout complot grâce à l'présence de nos « vénérables » archimages, mais j'vous l'dit, c'qu'une illusion, sont tous aussi pourris qu'les autres !
Ses paroles délirantes devenant de plus en plus gênantes, un garde qui prenait alors sa pause en buvant un rafraichissement, posa son verre, et l'air sombre et la voix autoritaire, dit en empoignant le bras du mage :

-Je pense que vous avez suffisamment débité de sottises pour ce soir, venez, je vais vous raccompagner chez vous.

Cependant, malgré sa corpulence fébrile, l'interpellé lui résista, et s'agrippant avec ténacité au comptoir, commença à hurler :

-Non ! ‘Faut qu'tout l'monde sache ! J'en ai marre d'garder l'secret, ça suffit ! J'peux pas mettre en danger tout un peuple, même voir tous les peuples d'Ecridel juste par vanité ! ‘Faut qu'le monde entier connaisse la vérité !

-Taisez-vous et suivez moi, tout ceci commence à bien faire, répliqua froidement le militaire.

Ignorant le garde de plus en plus insistant, l'apprenti s'accrocha avec la volonté du désespoir à l'elfe situé à côté de lui, et lui dit comme sur le ton de la confidence, l'haleine empestant l'alcool :

-V'souvenez cette histoire d'vagabond r'trouvé mort sur l'quais y'a quelques lunes ? L'enquête a été arrêté par manque d'information, soit disant. Mais c'faux ! J'faisais parti d'l'équipe de mages qui a examiné l'corps. Oui monsieur, j'vous l'jure ! Et vous savez c'qu'on a découvert ? Qu'le bougre n'avait plus d'sang, même pas coagulé ! Pas une seule goutte ! Comme si on lui avait tout aspiré ! Et vous savez c'que ça signifie ? Hé non, v'savez, car seuls les mages le savent… C'la preuve qu'quelqu'un a fait un rituel arcanique, un rituel sombre et maléfique ! Je vous le jure ! Je sais même que c'lui qui a fait ça est un membre de l'Académie, j'l'ai entendu d'la bouche d'mon maître alors qu'il discutait discrètement avec un confrère. Ils savent tout, et vous ne connaissez pas la meilleure ? C'un des leurs qui a fait le coup ! C'fou, mais j'vous le jure, qu'Fryelunf m'terrasse s'pas vrai ! Et en plus-

-CA SUFFIT !!!
hurla le garde d'une voix puissante qui fit sursauter tous les individus présents dans la salle, et surtout ceux qui commençaient à être captivé par le récit pour le moins surprenant de l'apprenti des arcanes, et qui ressentaient un certain malaise même si cela semblait trop fou pour être vrai. Empoignant d'une main de fer l'auteur de cette agitation naissante, le soldat commença à traîner l'indigné vers la sortie, malgré la résistance déchaînée que lui opposait ce dernier, en disant d'une voix implacable :

Votre petit numéro a assez duré, je vous ordonne de me suivre à présent. Mais soyez cependant satisfait, vous aller pouvoir décuver tranquillement dans les goêles de la ville durant les trois prochains jours à suivre, car je vous arrête sur le champ pour diffamations !

-Mais je dis la vérité ! LA VERITE ! couina l'accusé pour sa défense. J'ai la preuve ici de c'que j'affirme, regardez ! C'sont les copies que j'ai réalisé en hâte des documents qu'possède mon maître dans l'tiroir d'son bureau, c'sont des pages du journal de l'Haut-Mage responsable de toutes ces disparitions ! J'vous raconte pas des bobars, même qu'il s'appelle Nahgoth ! Il y décrit dedans tous ses abominables expériences ! Et comme par hasard, le bougre a disparut peu d'temps après l'accident avec toute sa clique ! Mais attendez, regardez, j'les ai ici, regardez, regardez !

Avec l'énergie désespoir, le jeune individu agrippa sa sacoche et commença à en vider le contenu en cherchant de façon désordonné, affolé, souhaitant prouver sa bonne foi au garde… Mais il n'en eu pas le temps. La sacoche lui échappa des mains, son contenu se vida sur le plancher, au désespoir de l'elfe qui cria au garde de s'arrêter… Mais ce dernier n'en fit rien.

Et c'est ainsi que l'apprenti, désespéré, sortit traîné par son geôlier, n'ayant pas la force de résister, aux larmes, voyant sa fin venir, laissant l'auberge entière abasourdi, chacun étant choqué par la scène qui venait de se dérouler publiquement sous leurs yeux.

Puis un elfe plus réactif que les autres s'avança et se baissa pour rassembler les affaires dispersées du mage et les remettre dans sa sacoche… Avant de tomber sur deux parchemins chiffonnés. L'écriture était abrupte, ayant sans doute était faite dans la hâte, mais le texte lisible. Sans doute était-ce les fameuses preuves dont avait parlé l'apprenti.

L'elfe, curieux, commença sa lecture, rejoins par d'autres dont le récit incongrue du disciple avait bouleversé.
S'ensuit d'un instant de silence… Suivit d'une stupeur générale.



Les précieux documents furent par la suite rapidement récupérés par les autorités, prévenus par un informateur ayant assisté à la scène… Cependant il était déjà trop tard. Les parchemins avaient déjà pu être lus par de nombreux elfes qui à présent plus qu'inquiétés par ce qu'ils venaient d'apprendre, demandait des réponses… Aussi le gouvernement, qui découvrait honteusement en même temps que ses citoyens le terrible secret dissimulé jusqu'alors par l'Académie, n'eu pas d'autres choix que de jouer franc jeu en affichant publiquement des copies des pages qui avaient été récupérés, en promettant au peuple Haut-Elfe de mobiliser tout son pouvoir pour mettre définitivement au clair cette fâcheuse affaire. C'est pourquoi l'école de magie ne tarda-t-elle pas à être envahie de gardes et que certains de ses éminents membres a être « escortés » jusqu'au palais, afin d'y avoir une sérieuse discussion avec les conseillers et le roi lui-même.


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Extraits du journal de Naghoth, Haut-Mag d'Asteras, récupéré dans le bureau d'un Archimage anonyme à l'Ecole de magie.
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