Voyages d'un marchand de tout et de rien - épisode septentrional
#1
Reference: Voyages d'un marchand de tout et de rien - episode meridional

Interlude


298 de l'ère du renouveau (12 ans plus tôt)


L'astre de Solaris frappait l'enclume de neige de ses rayons impitoyables.

Le voyageur, lourdement couvert par sa tenue en peaux de bêtes fourrées, et le visage couvert par un masque, était à l'abri à la fois de l'irradiation venue d'en haut et du froid mordant qui régnait en ces latitudes.

Le vent faisait voler de très fines volutes de neige blanche qui, bien qu'extrêmement légères ne parvenaient pas à s'élever très haut.

La lumière intense se réfléchissait sur chaque surface enneigée du paysage.

Et le fidèle camélidé, lourdement chargé, à quelques pas derrière lui, supportait vaillamment ces conditions de voyage difficiles, inhabituelles.

Il s'était adapté.

Son pelage avait poussé et ses réserves de graisses, reconstituées et stockées dans ses bosses et sous sa peau, le protégeait du froid de façon plus efficaces encore que les manteaux de fourrures de l'hélion.

Tasr'Amal touchait au but.

L'homme et le chameau franchirent une crête et aperçurent enfin leur destination.

Björnhill

Une citadelle impressionnante, perchée sur un promontoire à flanc de montagne et dominant le Fjord.

Une enclave de monde relativement civilisé sise entre l'Ingemann sauvage et la chaine de Relicanth.

Bjrönhill, c'était aussi la promesse de la fin d'un contrat particulièrement difficile à honorer pour le marchand d'ingrédients.
Il avait récupère la recette, puis, un a un, les différents éléments requis au cours d'un long périple dans toute la région sud-est d'Ecridel.

Son client l'attendait.

Ou peut-être ne l'attendait-il plus après tout ce temps ? Ce qui avait été proposé en échange de l'Elixir valait-il même tous ces efforts ? Et aussi, que comptait faire ce prêtre Gothar de ce mystérieux accessoire d'un ancien culte de Solaris tombé dans l'oubli ? Beaucoup de questions qui méritaient d'être résolues.

Le voyageur se remit en marche afin de franchir les derniers vallons avant les portes de la ville.
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#2
En passant sous les remparts de Björnhill, l'hélion ne put s'empêcher de faire une comparaison avec les fortifications de sa capitale natale.

Alors que les portes de Babylios se distinguaient en combinant aspect fonctionnel et décoratif indiquant de manière très efficace au voyageur qu'il entrait dans un havre de culture et de civilisation, les remparts de la capitale Agar eux , en imposaient de manière beaucoup plus sobre mais néanmoins incontournable, par la démesure de leurs dimensions.

Hauteur, épaisseur, et ce surplomb donnaient le sentiment à celui qui n'était jamais venu d'être un insecte s'introduisant dans un monde de géants.

Tasr'Amal avait un objectif précis, alors, une fois franchi les portes, il ne s'attarda pas dans les quartiers marchands.

Il aurait le plus de chance de retrouver ce prêtre en commençant ses recherches par le temple de l'Aurore.

Un bâtiment de marbre et de bois, qui s'il fallait le comparer aux murs, était fait d'un style architectural complétement différent. Le temple était façonné avec soin pour honorer le dieu Asagerim de tout ce que l'art de ce peuple du nord pouvait produire de mieux.

Une fois introduit dans le sanctuaire, profitant d'une séance de culte ouverte au public, Tasr'Amal identifia non sans mal son commanditaire parmi les nombreux prêtres gothars en charge des cérémonies.

Il dut puiser loin dans sa mémoire le souvenir du visage de cet homme. Cet homme qui lui avait fait part de cette recherche très spéciale, un soir, dans une taverne de Björnhill.

Un visage reflétant une assurance immuable, gagnée a force d'exercer son influence sur les autres, une attitude qui mettait en confiance et un sourire bienveillant qui invitait aux confidences. Détail remarquable, il y avait aussi des yeux bleus très clairs, froid comme la glace, qui trahissaient une intelligence vive et calculatrice.

Mais le prêtre était occupé et l'hélion mit du temps avant de pouvoir l'approcher suffisamment pour lui glisser quelques mots en privé.

Lorsqu'il comprit d'un coup, la raison de la présence de cet étranger à son culte, le visage du Gothar se transfigura dans une mimique mêlant surprise, enthousiasme et peut-être même une touche fugace d'avidité.

Mais très vite il chassa les signes visibles de cette excitation de son visage, répondant rapidement au marchand de venir le trouver chez lui, dans sa maison, à la tombée du jour, afin de discuter l'affaire.

Ici il ne pouvait ni ne voulait aborder le sujet et devait continuer son office.

Tasr'Amal n'insista pas et quitta le temple. Il lui restait du temps avant que la nuit ne tombe sur la cité.

Il trouva une écurie qui saurait prendre soin du chameau pendant son séjour.

Il ne se doutait pas qu'il ne le reverrait plus…
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#3
Le soir tombait sur Björnhill.

La plupart des Agar étaient chez eux ou dans les tavernes à boire de l'hydromel.

L'hélion, emmitouflé dans une cape, parcourait les rues presque désertes pour se rendre à son rendez-vous.

Un rendez-vous d'affaire, mais il était curieux que le prêtre ait préféré le rencontrer à domicile. Un besoin de discrétion qui intriguait le marchand.

La demeure du Gothar était à l'image du reste de la ville. Pas ostensiblement luxueuse, mais solide, robuste, et légèrement austère, présentant a la rue de large murs de pierre taillées sans fenêtres.

Tasr'Amal frappa a la porte.

Il dut attendre encore un peu dans le froid qui commençait à se faire mordant avec l'arrivée de la nuit, puis soudainement, la porte s'ouvrit et un garde lui fit signe d'entrer.

On le conduisit à travers des corridors, puis sous les colonnades d'un petit cloitre intérieur, avant de le faire entrer dans une pièce faiblement éclairée par une lampe à huile posée sur une table.

Il s'agissait peut-être de la salle à manger des domestiques, encore un curieux endroit pour une rencontre.

Le prêtre l'attendait.

« Bonsoir cher ami hélion, je suis bien content que vous ayez trouvé le chemin pour venir me rendre cette petite visite »

Son sourire était accueillant, mais quelque chose dans son attitude mettait Tasr'Amal mal à l'aise.

« Je suis même très heureux, plus encore, que vous vous soyez souvenu de mon intérêt personnel pour ce fameux élixir du culte de Dagan. »

Mais voyant que Tasr'Amal restait dans l'expectative il précisa.

« Pardon du culte de Solaris. J'oubliais que vous avez vos propres noms dans votre language. »

Ainsi donc, ce chantre d'Asagerim avait d'une certaine manière connaissance de certains aspects oubliés du culte de Solaris, connu localement sous une appellation différente. Les Agars étaient-ils nombreux à s'intéresser à Dagan alias Hélios alias Solaris ? Probablement pas. Mais une branche du culte qui aurait persisté dans la faction de Skelden après la scission des clans humains au début de l'ère des hommes, pouvait bien avoir gardé plus longtemps certaines pratiques antiques de l'église de Solaris.

Après tout pourquoi pas, se disait l'hélion, à chacun ses lubies.

Il amorça la négociation.

« Vous savez, je n'ai pas l'élixir lui-même. Mais j'ai la recette et l'ensemble des ingrédients. »

Tasr'Amal espérait que l'Agar aurait les moyens de finir la conception de son élixir lui-même.

« Vous devez savoir que nombre de ces ingrédients n'étaient pas facile à rassembler. »

Le Gothar sembla brièvement irrité mais se reprit vite.

« Vous n'avez pas l'élixir ? hmmm … ce n'est pas grave, je peux effectivement remédier à cela si vous avez bien tout le nécessaire. Avez-vous ces ingrédients sur vous ? »

Tasr'Amal acquiesça. Il les sortit même de son sac pour que son interlocuteur puisse juger de lui-même de l'authenticité de l'objet de l'échange.

La recette trouvée dans la grande Bibliothèque de Babylios.
Les cristaux de sel du Désert de Salith
Les spores lumineuses de la foret de Korri
Et les fleurs délicates des sous-bois de Pelethor.


Les yeux de l'Agar brillaient à présent de convoitise. Le marchand Hélion tenta de profiter de ce moment pour amorcer la discussion de la contrepartie.

« Toutes ces choses introuvables dans vos contrées seront à vous bien sûr. Il faut quand même que nous reparlions de ce que vous aviez proposé comme paiement… »

Mais l'amorce timide du marchand fut interrompue par un rire inattendu.

« Certes, il faudrait que nous en reparlions, mais vous allez être déçu. Je n'ai jamais été en possession de ce que vous espériez en fait. Je ne m'attendais même pas à ce que vous reveniez. »

Tasr'Amal comprit aussitôt que la négociation dérapait.

Il n'y avait même jamais eu de négociations.

Regardant autour de lui dans la pièce, l'hélion s'aperçut qu'une poignée de garde était venu bloquer toutes les issues de la petite cuisine.

« Mais vous m'avez rendu un service que vous n'imaginez même pas, et comme je suis magnanime vous aurez la vie sauve. »

Le Gothar souriait toujours, affichant toujours et même dans cet instant, une face bienveillante impeccable.

« Bien sûr, je ne peux pas me permettre de vous laisser libre de raconter à d'autres le sujet de mes recherches. Je connais un camp pénitentiaire a l'extrême nord du Rigulsheim qui vous mettra définitivement hors de portée de me nuire. C'est un endroit dont on ne revient pas, voyez-vous ? »

Ainsi le piège se referma sur l'hélion.

Saisi par les gardes, il fut jeté en cellule dans la demeure du prêtre, puis quelques jours plus tard transféré dans un convoi de prisonniers en direction du bagne, anonyme parmi les autres criminels.

[Image: 540452convoi.jpg]


Fin de l'interlude, 12 ans plus tôt


[Image: 329063Village.jpg]
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#4
310 de l'ère du renouveau (cette année, il y a quelques mois)



La petite embarcation en peau de phoque revenait à quai.

Son équipage, semblait de bonne humeur.

La pèche avait été bonne dans la baie, seule partie de la mer de glace dégelée en cette saison.

Les pécheurs commencèrent à remonter leurs prises, attrapées au filet rudimentaire ou au harpon, sur des pontons de bois vermoulus qui bordaient le petit village pénitentiaire.

Le bagne ici était assez unique en son genre. Il était situé si loin de tout dans le grand nord du continent, qu'il fallait des jours de marche en convoi dans la toundra balayée par les vents avant de rejoindre la moindre zone habitée plus au sud.

S'enfuir par la mer n'était pas non plus une option envisageable, puisque la mer, gelée une grande partie de l'année, devenait un chaos de glaçons tranchant s'entrechoquant au gré des vagues à la meilleure saison.

Les prisonniers étaient alors laissés relativement libres de leurs faits et gestes dans leur village constitué de maisons de bois basses a moitié enterrées pour ne pas offrir trop de prise au vent qui soufflait parfois de façon assez rude à cet endroit.

Il y avait quelques "gardiens". Des natifs de la région qui échangeaient leur "hospitalité" aux seigneurs Agars qui expédiaient ici des indésirables, en échange de biens manufacturés d'autres parties du monde.

Leur tâche se limitait principalement à s'assurer que les prisonniers ne constituent pas de réserves de nourritures en vue de tenter une folle traversée.

En suivant les règles relativement simples de ce village étrange, Tasr'Amal avait bon gré, mal gré, fini par s'intégrer dans la petite communauté.

Le plus dur avait été d'abandonner son mode de vie de nomade.

Aujourd'hui douze ans après, il aurait été difficile de le distinguer d'un indigène dont il s'était efforcé d'apprendre le langage, les coutumes, et le mode de vie.

Les habitants du camp l'avaient renommé Tasr'Amuk.


Il était dans cette barque ce matin-là, lorsqu'un soldat en armure vint héler les pêcheurs en train d'accoster.

« Y a –t-il un dénommé Tasr'Amal parmi vous ! »

Un ton autoritaire, exigeant, hautain.

Un inconnu au camp. Sans doute un convoi de nouveaux prisonniers était arrivé pendant la partie de pêche.

Tasr'Amal, aujourd'hui bien âgé, s'avança, reconnaissant son ancien nom.

« Que puis-je pour vous ?
- Vous allez nous suivre. Rassemblez vos affaires.
- Je suis libre ? Libéré ?
- Je n'en sais rien, je suis les ordres. Quelqu'un a Bjornhill a requis votre présence. »


Tasr'Amuk se demandait ce qu'on pouvait bien lui vouloir, lui, l'oublié, après tout ce temps.

« C'est le Gothar qui vous envoie ?
- Je n'en sais rien, mais je ne pense pas. Il s'agit d'une Dame. Assez de questions, présentez-vous à la porte à midi. »


Pour une raison encore inconnue de ce dernier, le vieux Tasr'Amuk était appelé à retourner dans le grand tourbillon du monde.
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#5
Retour a Bjornhill, le convoi était arrivé à destination.

C'était si loin déjà dans son souvenir, mais Tasr'Amuk eut un instant d'hésitation, aux portes d'une construction vaguement familière devant laquelle les gardes, peu bavards sur le trajet retour, l'avaient escorté.

Il crut reconnaître la demeure du prêtre qui l'avait piégé, mais comment savoir s'il ne faisait pas erreur. Plusieurs bâtiments de notables se ressemblaient à Bjornhill.

De toute façon quel choix avait-il encore. Les gardes ne le laisseraient pas prendre le large et disparaître en ville.

Il entra et se laissa conduire à une nouvelle cellule.

Le sol et les murs de pierre froide, pas de mobilier, Tasr'Amuk se dit que si cela devait devenir sa nouvelle prison, il avait définitivement perdu au change.

Il réalisa qu'il aurait pu connaitre bien pire que son ancien pénitencier et ses règles permissives.

Comme ils étaient arrivés en ville tard dans la soirée, on laissa Tasr'Amuk seul dans cette pièce, rapidement verrouillée, et il comprit qu'il allait devoir passer la nuit à même le sol.

Toute cette histoire s'annonçait plutôt mal à ce stade.

Pourtant on avait laissé a Tasr'Amuk ses vêtements de fourrures, rassemblés a la hâte pour le voyage, ses affaires, emballés dans un sac.

Le vieil homme se posait des questions sur son sort et eut beaucoup de mal à trouver le sommeil.




Pourtant le lendemain les choses évoluèrent de façon étonnamment positive. On lui apporta d'abord une bassine pleine d'eau chaude et des linges. Les servantes lui expliquèrent qu'on attendait de lui qu'il se lave et se débarrasse de la crasse du voyage.

Il était ensuite attendu par la maîtresse des lieux à l'étage.

Tasr'Amuk, s'exécuta, toujours intrigué, et une fois propre et habillé, se laissa conduire à cette entrevue.




La femme Agar était jeune. Elle était belle aussi, Tasr'Amuk le nota dans un coin de son esprit. Ce détail qui sautait aux yeux dès le premier regard, n'avait peut-être aucune importance, puisqu'il était lui-même beaucoup trop âgé à présent pour imaginer un quelconque jeu de séduction dans la négociation à venir avec cette femme.

Lorsqu'il se présenta devant elle, elle le dévisagea quelques instants sans rien dire.

Tasr'Amuk ne dit rien.

Elle essayait probablement de le jauger selon des critères dont il n'avait aucune idée.

Que pouvait-elle bien lui vouloir ?

D'après la robe en velours de facture très simple mais de qualité exceptionnelle qu'elle portait, on pouvait sentir qu'elle n'avait pas de complexe à manifester sa richesse matérielle sans extravagance.

Malgré son jeune âge, une jeune femme à peine sortie de l'adolescence, elle avait déjà une attitude qui indiquait une certaine habitude à prendre des décisions et à commander.

C'était sans doute possible la maîtresse des lieux.

Elle portait pour seuls bijoux un collier supportant le poids d'un talisman en pierre ciselé comme de la dentelle.

Tasr'Amuk gardait cette faculté issue de son ancienne vie d'apprécier rapidement la valeur des objets et dans ce cas précis, il y avait de fortes chances au vu de la complexité du motif que le talisman soit doté de propriétés magiques.

Vu de loin cela aurait aussi pu être une vulgaire imitation, mais l'ancien marchand écarta rapidement cette hypothèse car il ne pensait pas la jeune femme naïve.

Il restait à déterminer si le talisman possédait un pouvoir autonome, peut-être une protection ? Ou si c'était un focus arcanique.

Alors qu'il se perdait lui-même dans des déductions mentales incertaines, la femme prit la parole.

« Etes-vous le marchand d'ingrédients ? »

Tasr'Amuk cligna des yeux ne sachant s'il devait nier ou jouer franc jeu.

« J'étais un marchand itinérant dans une autre vie. Mais je pensais peu nombreux ceux qui sauraient se souvenir de moi, et encore moins dans cette ville.

- Je suis Némée Edenlock. Mon père Loggi m'a parlé de vous. »


Son père ?

Etait-elle la fille du Gothar ?

Tasr'Amuk se souvint qu'il lui avait semblé reconnaître la demeure.

Mais qu'était-il advenu du traître ? Quel rôle jouait sa fille à présent ?

« Je me doute que vous nourrissez des ressentiments à son sujet … »

Des ressentiments, le mot était faible, mais l'hélion avait fini par tourner cette page douloureuse, abandonnant avec les années toute idée de vengeance.

« … mais sachez que malgré la nécessité qu'avait mon père de vous faire disparaitre, il vous tenait en haute estime suite à ce que vous avez réalisé. »

Tasr'Amuk était maintenant complètement perdu. A quel jeu jouaient cet Agar et sa fille ?

Voyant qu'elle embrouillait l'esprit de son prisonnier, la jeune femme tenta de prendre une autre approche en reprenant du début.

« L'année dernière, mon père a disparu.

Il était au sommet de sa gloire, son influence dans la cite et dans l'église était plus grande que jamais et pourtant du jour au lendemain il est parti sans explications.

Son départ soudain m'a laissé à la tête de sa maison et je fais de mon mieux pour faire face mais je ne pouvais rester sans comprendre ce qui s'était passe et savoir ce qu'il est devenu.

Alors j'ai fouille ses affaires et découvert qu'il avait installé ici-même dans nos caves un laboratoire secret dont il avait caché même à moi l'existence. »


La fille laissait à présent s'exprimer un mélange de déception, de frustration et de colère. Elle reprit cependant vite le contrôle.

« Peut-être m'a-t-il jugé trop jeune pour m'inclure dans son projet ?

Dans son laboratoire j'ai retrouvé des notes. Des notes incomplètes mais qui me firent avancer. Son installation servait principalement à préparer un Elixir. »


Tasr'Amuk toujours attentif comprit à ce moment qu'il y avait finalement un lien avec sa propre histoire.

« Un Elixir de Révélation …

… un procédé en lien avec la sphère de Dagan et l'élément lumineux …

Mais je n'ai malheureusement pas trouvé de notes expliquant ce qu'il cherchait à révéler ni pourquoi.

En revanche je sais qu'il a réussi à concevoir la mixture. D'après ses notes il y en avait juste assez pour deux fioles.

J'en ai retrouvé une, cachée astucieusement dans notre cave à vin. Mais je suis quasi sûr qu'il est parti avec la deuxième. »


Tasr'Amuk posa alors la question qu'il n'osait pas poser jusque-là.

« Certes cela semble crédible, mais … moi … qu'attendez-vous de moi ?

- Et bien il a mentionné quelque part la détermination dont vous avez fait preuve pour réunir les ingrédients. Apparemment vous êtes doué pour aller trouver des choses inaccessibles et vous n'abandonnez pas. Il écrivait aussi que c'était du gâchis de devoir vous faire disparaître.

J'ai cru d'abord qu'il vous avait tué.

Je comprends à présent qu'il avait une obsession maladive du secret autour de cette entreprise et je ne sais toujours pas pour quelle raison.

Mais un jour en relisant nos comptes, j'ai trouvé des lignes justifiants certaines dépenses visant à faciliter le transfert, sans jugement, d'un individu vers le village-prison.

J'en ai déduit que c'était vous et je vous ai fait chercher.

Que savez-vous de tout ceci. Etiez-vous son partenaire ? »


Tasr'Amuk prit une grande inspiration avant de répondre.

« Malheureusement non.

J'étais un marchand d'ingrédients et il m'avait engagé pour cette recherche en me faisant miroiter une offre aussi tentante qu'illusoire au final. J'ai trouvé moi-même la recette dans la grande bibliothèque de Babylios puis les ingrédients un a un, mais je suis au regret de vous dire que la recette n'indiquait rien, rien de plus que le fait que cette préparation servait dans les cérémonies d'un ancien culte religieux. Je n'ai aucun indice sur ce qu'il voulait en faire et ne suis moi-même pas un expert en théologie. »


L'hélion se demanda si tout allait en rester là, et si cet aveu d'impuissance serait suffisant à le faire libérer.

Mais Némée semblait réfléchir.

Elle se dirigea vers un coffre dont elle sortit un masque blanc.

Elle revint vers le vieil homme.

« C'est regrettable que vous ne sachiez même pas pourquoi vous avez été traite de la sorte. Et je n'en sais rien moi non plus. Mais je veux savoir et j'ai encore besoin de vous.

Je vais vous confier une mission. »


Tasr'Amuk attendit. Le mot mission pouvait à la fois annoncer une opportunité inespérée de changer sa situation ou un nouveau calvaire à venir.

« Vous allez retrouver mon père.

Qu'il soit mort ou vif, je veux que vous le retrouviez. »


Le ton était impérieux. La dame ne souffrirait aucune contestation et pourtant Tasr'Amuk explosa.

« Vous ne pensez pas que ça suffit vos histoires ? J'ai déjà payé pour cette folie ! Je n'en ai rien à faire moi des Elixirs de révélations et des gothars illuminés ! Je veux juste partir, reprendre ma vie d'avant, parcourir le monde à nouveau avant d'être rattrapé par la mort. Je ne suis plus tout jeune, Mademoiselle. J'ai depuis longtemps passé l'âge pour ce genre d'aventures. »

La femme ne se laissa pas attendrir.

« Et pourtant, Monsieur, techniquement vous êtes toujours mon prisonnier. Et si vous ne voulez pas m'aider je vais juste vous renvoyer dans le nord. »

Son expression s'adoucit,

« Mais si vous acceptez de m'aider, la liberté semble une récompense tout à fait envisageable.»

Tasr'Amuk ne dit rien, attendant la suite.

« Bien, ceci dit vous ne pourrez pas m'aider en restant captif dans un village perdu. Et si je vous lâche dans la nature à la recherche de mon père, je n'aurais plus aucun contrôle sur vous, et donc aucune garantie que vous tiendrez parole.

J'ai donc enchanté ce masque pour remédier à ce problème. Son fonctionnement occulte n'est pas bien difficile à comprendre. C'est un canal magique. Quand vous le porterez j'aurais le moyen de voir ce que vous voyez. Et si je sens que vous vous détournez de ma mission, ce masque peut me servir aussi à vous lancer des malédictions quelque-soit la distance. Enfin j'ai rajouté un enchantement pour qu'il ne puisse être retiré. »


Tasr'Amuk soupira.

Il était tombé sur une sorcière sadique et féticheuse.

« Le choix vous appartient à présent.

La quête … ou la détention. »


Elle lui tendait à présent le masque et une petite bouteille contenant un liquide faiblement luminescente qui devait contenir le fameux élixir.

« Je vous confierai aussi la seconde fiole qui sera sans doute nécessaire pour suivre mon père là où il s'est rendu. Votre futur ne dépend que de vous et de votre coopération. »

Tasr'Amuk hésita car la vie dans le village de pécheur n'était au fond pas si mauvaise.

Mais il était un nomade dans l'âme.

Il prit le masque et la fiole.
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#6
Les recherches de Tasr'Amuk l'avait d'abord conduit sur de nombreuses fausses pistes.

Le gothar était connu mais lorsque l'hélion posait la question aux habitants de Björnhill, que ce soit dans les rues ou dans les auberges, personne n'avait d'indications précises à donner.

Tout au plus connaissaient-ils le personnage mais n'avaient pas souvenir de l'avoir vu depuis le temps de sa disparition.
Il décida donc d'étendre ses recherches aux avant-postes agars et nains de la région.

Havard, Ermelinde, Sigvart, Kromgar, Khazid-Grom, Barak-norn …

En de rares occasions, des paysans lui parlaient d'un autre étranger qui semblait s'intéresser de près aux lieux consacrés méconnus.

Les sites présumés de toutes sortes de légendes locales.

Des sanctuaires peu à peu tombés dans l'oubli et qui ne généraient plus aucun pèlerinages ni ne servaient plus depuis longtemps à aucun culte actif.

Il faut dire qu'il lui était difficile de séparer ce qui tenait du vrai renseignement et ce qui tenait de la rumeur fantaisiste.

Quand on cherche trop, on finit parfois par trouver ce qu'on aimerait trouver sans le trouver vraiment.

Néanmoins il commença lui aussi à s'intéresser à ces endroits souvent difficiles d'accès.

Lorsqu'une grande maison naine recruta des mercenaires pour enquêter sur des incidents étranges se déroulant dans l'un de leur haut-lieu de sépulture, il rejoignit l'expédition, entretenant l'espoir que sa cible en soit la cause.

Mais la visite au cimetière Lachez, avait rapidement balayé cet espoir.

Il s'y passait effectivement des choses étranges, qui laissaient entrevoir de complexe intrigues dans la structure de la société naine. Toutefois, ces troubles se révélèrent au final sans aucun rapport avec le prêtre qu'il cherchait.

Plus tard, lors des évènements qui conduisirent à l'amorce d'une guerre civile entre les partisans de Broder Aaren et le reste des clans Agars, Tasr'Amuk s'enrôla parmi les troupes loyalistes.

Il avait dans l'idée d'aller vérifier si Loggi aurait pu, pour d'obscures raisons, se joindre au clan rebelle.

Après tout, il avait quitté sans préavis ses fonctions dans l'Eglise, et cela pouvait avoir un rapport.

Tasr'Amuk n'avait jamais été soldat. Il avait été dans sa vie alchimiste de formation, marchand de profession, pécheur pendant sa détention. Mais il n'avait aucune expérience de la guerre.

Et sa première expérience tourna court. Dès les premiers affrontements contre les maraudeurs d'Aaren, il fut grièvement blessé et rapatrié dans une civière au camp en arrière ligne.

Il suivit le déroulement du conflit allongé sur un lit d'infirmerie, en convalescence.

Il ne put jamais vérifier si Loggi était dans le camp adverse. Tout au plus entendit-il quelques bruits qui couraient dans le camp parlant de puissante magie à l'œuvre dans la forteresse.

C'était bien entendu suspect, digne d'une investigation plus poussée, mais il n'avait décidément pas la force de se relancer au combat. Il tenta de retourner au front une fois mais fut très vite reconduit à l'infirmerie.

Lorsque sa convalescence arriva à son terme et qu'il fut remis sur pieds, le conflit avait déjà pris fin.




C'est alors qu'il reçut une lettre de Némée.

Citation :« Très cher ami,

Malgré votre infortune dans vos recherches jusqu'à présent, je suis soulagée de voir que vous tenez parole. Ne perdez pas espoir, continuez vos efforts et je vous aiderais.

J'ai continué d'enquêter de mon coté, et suis récemment tombée sur une nouvelle piste qui devrait vous relancer.

Je me suis souvenu que mon père, du temps où il servait encore l'église d'Asagerim, entretenait quelques relations avec un ancien ordre voué à la lutte contre l'influence démoniaque, appelé Egide de Myrinn, un ordre encore en activité malgré leur lent déclin au cours de dernières décennies.

Ces relations étaient jusqu'à récemment simplement pragmatiques, dues aux obligations de sa fonction.

Pourtant, il semble que les échanges de lettres se soient multipliés juste avant sa disparition.

Je me suis donc adressé à certains représentants de cet ordre et c'est ainsi que j'ai découvert que mon père les avait rejoint après son mystérieux départ de la maison !

Malheureusement ce n'est pas la fin de votre quête, car il a fini par disparaitre aussi de l'Egide également, après avoir participé à quelques missions. Une fois de plus sans explications.

Néanmoins, ce bref épisode indique qu'il est à la recherche de quelque chose en rapport avec le rôle séculaire de cet ordre. Il s'est nourri de leurs connaissances, s'est servi de leurs réseaux et a sans doute passé un stade où il n'a plus eu besoin d'eux. Je ne crois pas qu'il ait été sincère à leur cause au final.

Je vous propose donc de suivre sa trace et de rejoindre l'Egide afin de mieux comprendre le parcours de mon père.

Je joins à cette lettre une lettre de recommandation de ma part, en espérant avoir encore une certaine influence.

Je vous serais reconnaissante d'essayer au moins.

Avec ma cordiale considération

Némée Edenlock. »
Par coïncidence, Tasr'Amuk avait déjà côtoyé des membres de cet ordre qui avaient également participé au siège de la forteresse du jarl rebelle.

Il n'eut pas trop de mal à s'adresser à ces relais, une fois le conflit fini, afin de proposer sa candidature.

Par chance, l'Egide qui, en temps normal essayait de maintenir son effectif dans le domaine du raisonnable, avait récemment, peut-être à cause des derniers évènements dans la région, décidé de s'agrandir un peu et acceptait donc de nouvelles recrues.

C'est par ce concours de circonstances que Tasr'Amuk rejoignit l'Egide de Myrinn.



Quelques temps plus tard, au quartier général de l'Egide, Tasr'Amuk faisait de son mieux pour intégrer les bases de la formation que l'ordre donnait à ses nouvelles recrues.

Les entraînements physiques alternaient avec les cours d'histoire.

Citation :[hrp]Pour enchaîner sur un petit dialogue avec les instructeurs de l'Egide[/hrp]
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#7
Le temps avait passé et Tasr'Amuk avait fait du chemin au sein de l'Egide de Myrinn.

Il avait participé à de nombreuses missions, dont une a Herkliff qui l'avait confronté brutalement avec la révélation de l'existence et de la présence en cet Age des Démons en Ecridel.

Certes, la formation qu'il avait reçue a l'Egide l'avait préparé à cette éventualité, mais il eut malgré tout un choc en découvrant que les vieilles histoires de puissances malfaisantes n'étaient pas des fictions et que la menace devait être bien réelle.

D'autant plus que les démons les plus puissant avaient le don de se cacher dans une apparence humaine et jouaient de leur influence parmi les gens ordinaires et les grands de ce monde.

Il commença à s'investir encore plus dans la vie de la guilde, gagnant peu à peu la confiance de ses camarades, au point qu'un soir, il finit par être considéré par ses pairs comme digne de remplacer un Triarque sur le départ.

Lui qui portait encore un masque de servitude se retrouvait ainsi curieusement aux plus hautes responsabilités d'une organisation, certes pâle reflet de ce qu'elle avait été dans le passé, mais malgré tout dramatiquement importante au vu des dernières découvertes.

Pourtant les pistes, suite à l'incident d'Herkliff, se firent rares.

Les membres de l'Egide prirent part à d'autres évènements, explorèrent d'autres sites inconnus charges d'une histoire mystérieuse, mais sans lien malheureusement avec les démons dont ils avaient découvert l'existence.

Tasr'Amuk soupçonnait que les activités des démons ne se limitaient pas aux terres des Agars. Certains rapports semblaient d'ailleurs indiquer qu'ils feraient bien d'aller regarder aussi ce qui se passait plus au sud.

Cependant récemment, la situation du Nord évoluait.

Tandis que l'Egide, par défaut, se retrouvait enlisée dans une guerre totale contre les orcs de la région, détruisant leurs campements un a un, chez les humains, une situation de guerre civile était sur le point d'éclater entre Ulrik Sigvald et le Jarl Stirling.

Et dans tout ça, l'hélion n'avait toujours pas retrouvé le gothar disparu.

C'est dans ce contexte que la sorcière Némée Edenlock reçut une nouvelle lettre de Tasr'Amuk

Citation :Très chère Némée,

Vous n'êtes pas sans savoir que la quête que vous m'avez confiée ne progresse guère.

J'ai toute les raisons de penser que votre père a eu vent lui aussi, avant nous de la présence de ces démons Xalari et de leur capacité à prendre une apparence humaine pour les plus puissants d'entre eux.

Cela expliquerait parfaitement son besoin d'un élixir de révélation, dont je suis allé chercher les ingrédients il y a de cela plusieurs années. Je pense que cet élixir doit être en mesure de révéler la nature démoniaque des Xalari.

Du moins c'est ce que Loggi pensait vraisemblablement.

Ce qu'il me reste à déterminer c'est s'il les cherchait dans le but de les dénoncer ou de les rejoindre. Pardonnez-moi cette supposition hasardeuse au sujet de votre parent. Je ne cherche pas à vous offenser mais j'ai toujours à l'esprit la façon dont il m'a traité et mis au secret. Il devait redouter que l'on découvre ses agissements ou son intention et je me demande s'il aurait agi ainsi si sa cause était irréprochable.

Mais ce ne sont là encore que des hypothèses.

Vous n'êtes pas sans savoir que les Agar se préparent à un conflit fratricide. L'Egide semble ne pas vouloir prendre de position collective ni pour un camp ni pour l'autre. Je pense que cela n'est pas prêt de changer à moins que l'on ne découvre des preuves que les démons tiennent sous leur influence le Jarl ou le rebelle Ulrik.

Je vous propose d'enquêter a Bjornhill sans vous compromettre. Vous disposez à présent d'informations dont peu disposent et vous conviendrez avec moi j'en suis sûr que si le Jarl est corrompu, il est vital pour le bien de tous de le découvrir.

De mon côté je vais rejoindre le camp d'Ulrik pour me rendre compte par moi-même de ce qui s'y passe. Ils ne me laisseront jamais le rejoindre avec ce masque maudit je pense, c'est pourquoi je pense qu'il est temps que nous nous rencontrions à nouveau pour que vous me retiriez cet artefact.

Il est évident que vous perdrez votre moyen d'action mais j'espère m'être montre suffisamment digne de confiance jusque-là et la situation ne nous laisse guère de choix.

Votre dévoué Tasr'Amuk
Citation :[hrp]Némée est un PNJ même si c'est moi qui l'ait crée pour mon histoire. Pour l'animation n'hésitez pas a la jouer et a vous en servir pour interagir avec Tasr'Amuk[/hrp]
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#8
Tasr'Amuk avait disparu pendant longtemps de la circulation.

Travaillant sous couverture, il avait délaissé son poste de triarque de l'Egide.

Libéré de l'enchantement du masque, il pouvait se fondre comme un parfait étranger dans la population, il était redevenu Tasr'Amal, l'hélion, le marchand loin de chez lui, l'étranger insignifiant.

Némée pourtant, s'était pris d'affection pour son esclave d'alors. Et contre toute attente entretenait une correspondance régulière mais discrète avec lui.

Leurs recherches s'étaient révélées infructueuses. Et n'ayant pas toutes les pièces du puzzle, ils s'étaient retrouvés dans l'impasse.

La menace qui devait venir des démons, semblait comme dissipée alors qu'une autre machination prenait de l'ampleur.

Tasr'Amuk, à force de chercher des traces de personnes sous influence, finit par avoir vent de cette armée rassemblée aux pieds des montagnes délimitant Andoras. Tout semblait indiquer que cette troupe nombreuse n'agissait pas de sa propre volonté. Pour autant, rien d'approchant a l'emprise démoniaque. Il s'agissait de quelque chose d'autres.

Alarmé, Tasr'Amuk revint à l'Egide, plus d'un an après son départ. On lui parla de guilde des ombres et de Holdar renégat. Ses camarades avaient, eux aussi, vécu plus que leur part de péripéties et de secrets éventés. L'heure semblait grave, et l'adversaire puissant.

Une expédition se préparait.

Tasr'Amuk aurait pu laisser faire, reprendre la route, se libérer des affres de cette partie du monde et laisser les mystérieux Holdars régler leurs histoires entre eux.

Mais il avait noué une forme d'amitié et de respect avec les agars et les nains qu'il avait côtoyé. La richesse de ces personnalités diverses qui partagent un temps votre chemin et vous apportent chacun un petit quelque chose.

Alors Tasr'Amuk remit son masque - Némée devait être mis au courant de ce qui allait se passer - reprit sa lance, et se joignit aux aventuriers partis à la rencontre de Pryd.



Le vieux marchand, reconverti en soldat de fortune, peinait dans cet affrontement gigantesque qui se déroulait à flanc de montagne.

Le camp de l'armée de Pryd avait d'abord été investi mais sans traces de responsables, le groupe des Nains et des Agars avait entrepris de suivre les forces les plus nombreuses déjà occupées à tenter de rejoindre les cols, ou à miner les points les plus sensibles de cette barrière naturelle.

Mais l'ascension au beau milieu de ces forces hostiles et déshumanisées, s'avérait difficile pour Tasr'Amuk.

Il fut sauvé à plusieurs reprises par l'intervention in extremis de ses camarades et il s'efforçait de leur rendre la pareil au mieux de ses moyens.

Il semblait clair, avec le peu de connaissance alchimiques que l'hélion pouvait posséder que la puissance explosive rassemblée sur les falaises révélait une intention de créer une brèche permettant de passer outre cette défense naturelle et de déverser un flot de combattant vers l'intérieur de ces terres inviolées.

Or leur ascension les mettait tous dans une situation critique, alors qu'ils se trouvaient plus proche du sommet ou ils croyaient pouvoir trouver le responsable, ils se trouvaient aussi marcher sur des rocs en voie d'être pulvérisés.

C'était donc aussi une course contre la montre. Ou une erreur fatale.



Et c'est dans ce chaos que Tasr'Amuk retrouva Loggi le Gothar.

Enfin après tant de temps passer à le chercher, et sans s'attendre à le trouver là, Tasr'Amuk le reconnut au milieu des paladins, des assassins et des sorciers.

Il voulut l'appeler, le défier, le forcer à venir lui expliquer son histoire, la raison de l'Elixir, le dessein qui l'avait mené à trahir le marchand, à mentir à sa fille, à quitter sa position respectée à Bjornhill pour disparaître…

…mais le gothar avait les yeux tout aussi vides de volonté que les autres.

Il ne répondit pas, se contentant de mener un assaut de plus avec les autres contrôlés. Un pantin parmi tant d'autres.

Tasr'Amuk le perdit de vue dans le combat, emporté par le torrent des assaillants, pressé de défendre sa propre vie avant de pouvoir satisfaire sa curiosité.

La vague fut repoussée, une autre ne tarderait pas.

Et Tasr'Amuk retrouva Loggi gisant, abattu par un autre, il n'était pas encore mort, non, mais son heure était venue.

« Pourquoi ? » fut la seule chose qu'il eut le temps de lui souffler à l'oreille du mourant cherchant à capter son regard. Mais le gothar était déjà trop loin. Le peu de présence d'esprit qu'il réussit à libérer du contrôle du collier à l'article de la mort fut pour ces mots :

« J'ai … échoué … »

Il emportait son secret dans la tombe.

Tasr'Amuk s'empara de la deuxième fiole. Par un curieux hasard il la portait encore sur lui. Elle était encore pleine, il n'avait donc pu l'utiliser.

Il compara les deux récipients. Tous deux brillaient de la même lueur surnaturelle.

Ces deux exemplaires de l'Élixir de Révélation était tout ce qu'il restait de ce dénouement tragique.

Tasr'Amuk rangea soigneusement ce modeste héritage dans son matériel et retourna bien vite vers le reste de l'expédition.
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