Le Royaume d'Andoras

Version complète : Les grands esprits se rencontrent
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Sorn

Sorn jeta un regard discret et rapide aux alentours pour vérifier que personne ne soit témoin de son... accident. Les deux professeurs étaient occupés à bavarder près de l'entrée, et lui tournaient le dos, tout comme une jeune elfe qui étudiait près de lui un recueil sur les pouvoirs élémentaires.
Il lut la formule a trois reprise afin de bien la mémoriser, puis pointant ses mains vers sa voisine, la prononça doucement.

Premier sort, premier jour à l'école de magie, il y avait toutes les chances pour que la réalité des faits servent ses desseins. Et effectivement, le ratage de son entrainement fut des plus réussis.
Une petite bourrasque s'échappa, entrainant avec elle quelques parchemins dont les enluminures faisait de chamarrés papillons qui vinrent se poser sur la table de l'elfe studieuse, soulevant au passage quelques-uns de ses cheveux de jais...

- Oups ! S'écria-t-il d'un air confus, puis s'inclinant en une courtoise révérence il poursuivit :

Je vous prie de bien vouloir croire, gente damoiselle, je le jure
que cette impromptue brise qui fit s'envoler votre délicate chevelure,
n'est que le fruit de ma méconnaissance des arcanes puissantes de l'air,
car jusqu'ici je n'usais pour m'exprimer que d'anodins vers
pour concocter a l'intention de ceux qui le voulaient quelques airs.
Mais je manque de tact et me présente séant : à votre service, Sorn, le trouvère.
La magie est pour moi un art nouveau, raison plausible de mon fiasco
qui fit s'évader de mes mains inexpertes ces éthérés oiseaux,
a moins que ce ne fut votre silhouette parfaite qui me fit échouer en me troublant.
Je pense finalement que la faute incombe de concert a ces deux événements.
Si je vous avoue l'issue que je vois a ce couple de soucis vous trouverez que j'abuse :
Enseignez-moi comment triompher des éléments et... soyez ma muse !

Hilary ewilan

J'éclatai de rire.
Le jeune apprenti avait fait voler çà et là mes cheveux pour attirer mon attention. Pense-t-il que je suis dupe ?
Consulter les manuels de magie était une couverture, ma ruse pour me fondre dans la bibliothèque. S'il avait été plus appliqué, le galopin aurait sans doute remarqué que je tenais mon livre à l'envers. Malgré cela, j'admirais son geste espiègle. Les gens nonchalants et indolents m'excédaient autant qu'ils me démoralisaient. Le garçonnet, lui, avait ce grain de malice qui intéresse les rebelles pétulants. Probablement était-il aventureux.

Je posai le volume sur une table en prenant soin de faire du bruit et avançai vers la porte dans une fougue certaine. Comme je m'y attendais, l'un des professeurs présents dans la salle me dévisagea. Je lui tirai la langue. La fine langue rose d'une malapprise. Ce maître de magie pouvait bien penser ce qu'il voulait, son avis m'importait peu. Seul le garçon comptait.
Sa poésie m'avait amusée et lorsque je fus enfin à sa hauteur, tout près de l'entrée de l'Académie, je l'imitai :

« Vous voilà bien ingrat de mentir sur vos desseins,
Admettez donc votre faute que je vous pardonne,
Que l'on quitte tout souriants ce lieu estudiantin,

Ne faites guère croire que je vous intimide,
Quand l'unique cause de cette maladresse,
N'a point à voir avec une bévue stupide,

Réjouissons-nous à la taverne du coin,
Sans mensonges, duplicité, fabulation,
Si vous consentez que nous allions plus loin

Sans doute vous tromperai-je pour me divertir,
Car j'ai bien trop souvent de l'imagination,
Mais n'est-ce pas amical de vous avertir ?
»

Sorn

Sorn fut surpris de la répartie autant que de la malice de son interlocutrice. Comme elle allait quitter la pièce, une hésitation le figea. Il y avait les filles qui le rabrouaient, souvent par principe, et celles qui rougissaient avant de le suivre... et elle. Duplicité affichée, prétendue sincérité, il y avait anguille sous roche, si ce n'était vouivre sous poussière.

Mais il semblait qu'il y avait dans cette affaire plus à glaner qu'une simple aventure, et bien qu'il ait été présent dans l'école depuis moins d'une heure, la solennité studieuse du lieu commençait à lui peser.

Il entra dans son jeu et jeta son livre au vieux professeur de magie en lui glissant un clin d'oeil, avant d'ajouter dans un murmure un « De retour après l'amour... » entendu. L'ancien rattrapa le grimoire in-extremis. Sa patience déjà titillée par la langue taquine, se brisa dans un geste menaçant. Mais déjà il n'y avait plus personne à gronder.

Sorn couru dans le couloir, heurtant au passage une dame outrée, puis déboucha dans la rue. Le temps pour ses yeux de s'habituer à la clarté, il la vit.

Prenant un air faussement hautain et la direction opposée à celle qu'elle avait emprunté, il déclama en marchant doucement :

Je porte rarement mes pas au bouge du coin, trop fréquenté,
J'ai plus pour habitude de me rendre chez mes bien-aimées,
Si bien sûr leur conjoint régulier est allé honorer la bière...
Ne pouvons nous visiter votre mignonne garçonnière ?

Hilary ewilan

Je vis Sorn bousculer une femme estropiée. Avec une vivacité sans pareil, il poussa la lourde porte en bois de l'académie et se retrouva dehors. Sa prestesse me déconcertait... mais il n'y avait pas que cela. Alors qu'il s'éloignait, le poète tint d'étranges propos. Il était question d'amour secret. Et dans son langage, cela avait tout l'air d'une proposition. Croyait-il que j'étais sa dulcinée, ou quelque autre chose de ce genre ? Assurément, je ne l'étais pas. Comment pouvait-il dire de telles sottises ?

Je retournai sur mes pas et marchai dans sa direction. Là, je le fixai. Son joli minois m'attendrit, et sans vouloir perdre une miette de ce moment exquis, je plongeai mes yeux dans les siens. Ces derniers chatoyaient la lumière dorée du début d'après midi. Quelle beauté !
Quel magnifique reflet que le mien ! Telle une petite fille face à un grand miroir, je m'examinais sous toutes les coutures.

J'esquissai un sourire discret face à ce tableau parfait. J'aurais pu m'admirer des heures. Néanmoins, il y avait le garçon, tout près, qui semblait m'attendre.

Dans un rire franc, je lui déclarai :

« Il n'est point d'amour, entre nous, ni de lueur,
Rien qu'une rencontre, quelques flatteries,
La confrontation de deux esprits chamailleurs,
Point assez pour faire naître l'envie.

Je fais l'idiote ! Ce ne peut être que jeu !
Construisons notre radeau et fuyons,
Main dans la main, rien de tendancieux,
Vers une amitié fusionnelle à deux »

Sorn

Elle céda et vint... l'hameçon avait été mordu...
Peut-être.
Qu'y avait-il sur son nez pour qu'elle l'envisage ainsi ? Aurait-il manqué une mouche ce matin ?
Le couperet de ses paroles mit fin aux perplexités autant qu'aux espoirs et le piège effrayant et perfide n'avait pas tardé à faire connaître sa nature : devenir l'ami d'une créature à l'élégance rare tout en se voyant refuser le bénéfice de ses trésors. Il était tombé mainte fois l'embuscade de ce supplice de tentation, se demandant pourquoi il ne s'était pas contenté de voguer vers plus de facilité.

Mais... Puisqu'elle avait décrété que de ses dires elle le tromperai, ce devait être là sans nul doute un biais pour acquiescer tout en se faisant désirer. Ou avait-elle menti en affirmant qu'elle mentirait ?
Bah... Au pire il en tirerait en bien sympathique compagnie une pinte sans débourser le sou qu'il lui restait...

Saisissant sa main et portant sur elle les yeux qu'il savait si bien humecter, il se laissa guider.

Pardonnez ma brusquerie, due à l'alchimie de votre anatomie,
Point de bouderies, soyez mon amie en toute camaraderie !
Quel plus beau présent que l'estime d'une dame parfaite ?
Je saurais me montrer digne de l'honneur que vous me faites.
Ceci me fait penser que bien que je me sois a vous présenté,
Je ne sais point comment votre précellence est nommée.

Hilary ewilan

Alors que j'inventoriais les bijoux que portait Sorn, celui-ci prit ma main dans la sienne. Elle était tiède et rebondie. Je serrai puissamment le poing et le dégageai de sa prison charnelle.
Mes pieds se décollèrent du sol dallé et s'élevèrent légèrement, me laissant branlante dans les airs. Je tentais de léviter. Malheureusement, l'exercice subit quelque revers. Comme j'effectuais d'immenses pas dans le vide, je m'affalai par terre. Et pour parfaire cette déconfiture, ma cheville se tordit dans une jolie plainte.


« N'ayez crainte, ami poète, je suis sauve,
L'atterrissage est une question de style,
Mon genre à moi, c'est d'imiter les fauves
Rien n'est trop grâcieux pour une jeune nubile. »



En même temps que j'exposais les raisons de ma chute, je dépoussierais mes habits. Lorsque j'eus fini, je saisis la main de Sorn et le conduisis hors de la ville. Je courais. Sans doute, le garçon était-il déjà essoufflé puisque je ne l'aperçevais plus.

« Une petite baignade vous tente-t-elle ? Cap sur la plage ! » criai-je avec un air de triomphe.


Quand je vis le miroir d'eau au loin, je me retournai. Personne.


« Tu veux jouer à cache-cache ? Dommage ! Tu ne connaîtras pas mon nom ! »

Chassez le naturel et il revient au galop. Louheä avait fait bonne figure en vouvoyant son interlocuteur, mais elle avait relâché ses efforts.

Hilary ewilan

Quelques jours plus tard, j'écrivis une lettre à Sorn avec un long commentaire sur sa façon de nager. J'avais déjà roulé mes parchemins et je m'apprêtais à ranger mon encrier lorsque me vint une idée. Mon intuition soudaine dirigea mes mains vers un morceau de papier et me dicta les mots. Quelle illumination !

Studieuse, je dessinai de belles courbes à la plume, accolai les lignes en silence. Quand j'eus fini, je me relus à haute voix :


« Toi l'inconnu,
Je te convie à un petit goûter dans ma cabane,
Tout au fond du jardin.
Repaire des oisillons et des fleurs sauvages,
Cette demeure insolite nous accueillera au crépuscule,
Lorsque le ciel se déchirera entre mille couleurs tièdes.
Signé : Louheä »



C'était un pari audacieux. Cet homme à qui j'allais envoyer ce courrier ne me connaissait guère. Notre seul souvenir commun était une rencontre de quelques minutes sur le versant d'une colline, derrière Tilador Erdana. Je me souvins l'avoir trouvé idiot avec son fourniment et sa tête de guerrier. De longs cheveux, teintés de brun et de noir, encadraient son visage carré. D'abord j'avais observé ce qu'il tenait dans ses deux mains - des lames d'Asteras aux reflets bleutés - puis je m'étais laissé tenter par son regard sombre et pénétrant. En chaque elfe, en chaque nain, je voyais un garde-manger, un coffre à jouets ou encore un moyen de m'amuser. Un remède contre l'ennui. Étrangement, quand je posais mes yeux sur cet inconnu, j'oubliais combien de bonbons à la lavande peuplaient mes poches, ces friandises que j'avais soigneusement comptées durant des heures. J'oubliais mes projets de bêtise. Ma malhonnêteté, mon vilain caractère, c'est comme si un troll des cavernes les chopait par la peau du cou et les jetait par delà la falaise.

J'aspergeai mon parchemin d'eau de rose, l'enroulai délicatement et nouai un joli ruban bleu autour. Ca en jette, pensai-je tout en accrochant le message à la patte crochue de mon pigeon voyageur.


« J'aurais eu toutes mes chances avec Sorn... et moi, j'écris à je ne sais qui... habitant je ne sais où ! »


[Image: crbst_parchemin-ruban-enfant0.png?t=1qnf3c90ioho]

Diarthot

***Alors que l'elfe tachait d'accomplir une des tâches qui lui avait été confiée, un biset vint se poser sur une branche non loin de lui puis se mit à roucouler. Le guerrier vint alors délicatement libérer l'animal du message qu'il transportait. A peine avait-il dénoué le ruban qu'un parfum de rose venait titiller son odorat.
"On ne peut dire qu'il n'y ai pas la dose" pensa-t-il.
Il n'avait pas encore entièrement déplié le message qu'il se surpris à sourire devant ce simple détail. La lecture de l'invite le laissa quelque peu circonspect, non pas sur la nature de celle-ci, après tout il était jeune, sportif, intelligent et disposait d'un faciès au goûts de ces dames, non ce qui le contrariait se trouvait dans la signature, il ne connaissait pas cette fameuse Louheä.
"Allez, rien à perdre, si c'est un thon je trouverais bien un moyen de m'éclipser en douce..." pensa intérieurement le jeune homme.
Saisissant sa plume il griffonna quelques phrases puis attacha celui-ci à la patte du pigeon qu'il avait occupé avec un petit sac de graine.


Voila une invitation des plus gourmande et il me tarde de pouvoir y goûter néanmoins il serait impoli de faire languir une jeune fleur c'est pourquoi je vous pris de vouloir nourrir ma curiosité de quelques indices qui me mèneront à cette fabuleuse cahute.

Diarthot.

Louheä

Le jour de la rencontre, il faisait doux. Le ciel de couleur pastel était saupoudré de nuages étirés pareils à des nuées en lambeaux gracieux. Tout était parfait, à commencer par le cadre. Il s'agissait d'un endroit inhabité et verdoyant que j'avais choisi avec précision. Pour l'occasion, j'avais aussi sorti mon plus beau collier. Ce bijou était la trouvaille dont j'étais le plus fière. Il était entièrement constitué de perles en verre, parfois peint à la grisaille, et de turquoise. La peau pâle de mon décolleté semblait accueillir avec plaisir cet ornement qui coulait en gouttes bleu ciel dans l'échancrure de ma robe. En parlant de robe, j'avais retourné mes placards pour trouver la tenue parfaite. Durant une matinée entière, j'avais vidé l'armoire de ma chambre de nombreux trophées pour y voir plus clair, voir quels vêtements je possédais. J'avais le choix entre une culotte bouffante, volée à un inconnu, et une tunique de sorcier trouée par endroits. Heureusement, une robe en lin s'était montrée, sauvant par la même occasion mon séant du ridicule.

Comme j'avais hâte !

Il n'y avait plus qu'à attendre. D'une minute à l'autre, l'objet de mes désirs arriverait au point de rendez-vous. Pour l'instant, je tenais fermement les lettres de l'épéiste dans ma main droite tout en me remémorant les traits de son visage. Parfois je songeais aux deux épées qu'il tenait lorsque nous nous étions croisés. C'est pas un guerrier de pacotille, pensai-je. Je ne pus m'empêcher d'estimer la valeur d'une telle arme et de voir là le gage de beaucoup d'argent. Déjà mon esprit voleur élaborait un plan machiavélique pour récupérer le bien, mais je le détournai de ce genre de pensées.


« Qui voudrait d'un aigrefin ? Il faut que j'arrête d'avoir des penchants pikpocket ! », dis-je d'un air déterminé.


J'étais résolue à calmer mes manies d'escroc, convaincue que Diarthot - c'est ainsi que se nommait l'auteur des lettres - était différent des autres elfes. Je ne savais pas trop en quoi, mais il était exceptionnel. Et puis, quand bien même ce jeune homme se révélerait ennuyeux, un crétin fini, je n'aurais qu'à lui soustraire quelques pièces d'or pour me consoler d'un rencard foiré.

Diarthot

***Suivant les indications de la mystérieuse inconnue le guerrier se dirigea alors vers le point de rendez-vous, prenant soin de faire un détour vers la cascade la plus proche de l'itinéraire pour y faire une toilette. C'est en milieu d'après midi qu'il arriva à la cabane attenante à un chêne majestueux, un chêne dont l'une des branches servait de support à une balançoire cette même balançoire qui berçait une silhouette. Cette silhouette, de dos, se balançait langoureusement, le mouvement induit faisant épouser à la robe légère qui habillait celle-ci les courbes d'une poitrine et de hanches prononcées. Une partie des réserves de Diarthot furent chassées par ce ballet enivrant qui s'offrait à lui. Restant silencieux il s'approcha de la belle pour venir s'arrêter légèrement en retrait d'elle. Celui-ci s'efforça de ne pas regarder Louheä, fixant l'horizon, laissant son imagination se délecter des premiers instants de cette rencontre.

Alors que les minutes s'écoulaient, laissant part belle au concerts mélodieux d'un couple de mésanges à tête bleue, Louheä prit la parole ***


Nous voici côte à côte, dans ce jardin d'abondances.
Ne-vas tu pas m'approcher ?


***C'est alors qu'il se tourna vers elle, masquant son malaise derrière un sourire. En effet celui-ci avait été choqué par le visage de Louheä, non pas qu'il fut hideux, bien au contraire, mais les traits juvéniles de son visage le laissaient momentanément pantois. Incapable d'estimer son age il déposa alors une bise sur le dos de la main de la jeune fille en se présentant puis essaya de sonder celle-ci.***

Si mon œil ne me fait pas défaut, tu es bien audacieuse pour ton age.

***Pour seule réponse elle saisit la main de Diarthot et la conduisit dans sa poche surprenant de nouveau le jeune homme, tout étonné de se faire ainsi balader par une jouvencelle.***

Sens-tu ? Maints trésors habitent mes habits. Des bijoux, des coupes, quelques parchemins volés ou encore des friandises.


***Ne sachant que répondre, complètement désarçonné il répondit la première chose qui lui vint à l'esprit, quelque peu gêné de se retrouver la main dans la poche d'une ado.***

Hehe, au poids de cette seule poche j'espère que je ne fais pas parti des victimes passées ou à venir. Malheureusement je ne suis qu'un simple guerrier sans autres possessions que mon armure et mes armes j'espère que tu n'est pas trop déçu.


Puis-je observer cette armure qui a tant de valeur a tes yeux


***Les yeux de la jeune fille étaient pleins de malice et Diarthot se demanda un instant ci celle-ci n'avait pas remarqué les gouttes d'eau qui perlaient encore au bout des ses longues mèches, laissant penser que la chemise sous son armure puisse épouser le torse musclé du jeune homme. S'il n'était pas toujours tourmenté par la jeunesse de son interlocutrice il aurait été certain de son coup, après tout il s'était habitué à le faire, sauf que le retrait de son armure était habituellement à son initiative. Cessant de cogiter il retira alors son armure, faisant apparaître une ample chemise en lin, et proposa à la jeune femme de la soupeser. ***

Elle n'a de valeur que par le fait qu'elle protège ma vie, les ornements ne sont la que par simple caprice de son créateur. Les apparences sont parfois trompeuses, prends cette armure, elle n'est pas plus lourde qu'un manteau d'hiver.

***Louheä s'écroula sous le poids de l'habit de métal.***

Pas plus lourde qu'un manteau d'hiver ? C'est toi qui le dis !

***L'elfe tenta de se relever, mais en vain.

Le guerrier récupéra l'armure et la déposa à ses pieds puis proposa son bras à la frêle jeune femme afin qu'elle se relève plus aisément. Celle-ci se redressa lentement en prenant appui sur le bras du guerrier puis trébucha, d'une manière suspecte aurait pu dire des observatrices jalouses, pour s'effondrer à bras ouverts sur le jeune homme. C'est ainsi que Diarthot se retrouva une main sur l'épaule l'autre au creux des reins, corps collé et visage à quelques centimètres de celui de la jeune fille réveillant en lui les sens qui l'habitaient au premiers instants de la rencontre. Comme hypnotisé par Louheä, celui qui aimait et contait comment il se jouait des jeunes bourgeoises se retrouvait pantin en face d'une gamine. Il émergea une dizaine de secondes plus tard, la pensée du mot gamine le ramenant à ses doutes et redressa alors complètement la jeune fille avant de reculer d'un pas. Louheä qui avait sans doute cru l'affaire pliée pendant un instant ne put cacher sa frustration, remonta sur le siège en bois et commença à se balancer énergiquement.***


Tu devrais faire attention, cette balançoire n'est plus toute jeune.

***Évidemment la remarque indélicate ne fit que transformer la frustration de la jeune fille en colère, celle-ci amplifiant encore les mouvements de balancier....jusqu'à la chute. Diarthot ne put qu'observer le plongeon, étant trop loin pour intervenir. Il se précipita alors vers elle mais celle-ci avait perdu connaissance. Il la transporta alors dans la cahute puis la coucha, la bosse sur l'arrière du crane de la jeune fille semblant être bénigne. Il veilla ensuite la jeune femme jusqu'au petit matin, s'assurant de son réveil et filant avait qu'elle ne soit totalement réveillée.***

Louheä

Lorsque je me réveillai, j'étais allongée sur un tapis de feuilles, dans l'obscurité de la cabane.
Ma tête me brûlait un peu et mes souvenirs paraissaient avoir été consumés. Que faisais-je étendue là ? Pleine de doutes, je me relevai, prenant garde aux branches acérées tombant du toit, et sortis de l'habitation sylvestre. Là, l'éclat du soleil m'éblouit. Dans un gémissement à peine audible, je me frottai les yeux comme pour les nettoyer de ce trop plein de lumière.

Il m'avait semblé que Diarthot et moi avions passé la nuit côte à côte, que sa respiration forte et régulière m'avait réconfortée et bercée. J'avais cru sentir une présence mais peut-être n'était-ce que le fruit de mon imagination. Possiblement avais-je pris mes désirs pour la réalité.

Néanmoins, un sourire se dessina sur mon visage. Si je ne me rappelais pas tout, je me souvenais au moins de sa façon de me regarder. Et puis, il m'avait fait tomber dans ses bras intentionnellement ; j'en étais persuadée. Ces indices-là ne trompaient guère : je ne le laissais pas indifférent.

« C'est un début », fis-je à l'adresse d'un passereau aux joues grises qui s'était posé devant moi.

Il y avait cependant une ombre au tableau. Quelque chose que je ne savais expliquer, un comportement étrange, parfois contradictoire. La veille, le guerrier complaisant m'avait proposé son bras pour me relever de ma chute, mais il s'était empressé de mettre fin à cette gentillesse, dans le seul souci de s'éloigner de moi. C'était horriblement frustrant et déloyal. Pour achever de me dépiter, Diarthot avait lancé une petite réflexion bien aiguisée concernant l'âge avancé d'une balançoire.
Comme j'étais irritée, comme cette remarque m'avait courroucée ! L'elfe avait toujours eu d'obligeants propos à mon égard et soudain il me disait qu'à choisir entre moi et une balançoire, il choisirait la balançoire... sous prétexte qu'elle est plus âgée !

A la fois indignée et déçue, je me décidai à obtenir des réponses.
Depuis quelques temps, dans la région, une rumeur vantait les talents d'une diseuse de bonne aventure. Sans doute, saurait-elle me dire si je reverrai Diarthot. Je savais déjà que j'étais promise à un brillant avenir, c'était écrit dans les étoiles. En revanche, rien n'était sûr avec mon épéiste.
Je me mis donc en route vers Tilador Erdana, le dernier endroit qu'avait fréquenté la voyante. A quoi pouvait-elle bien ressembler ? Je l'imaginai avec un foulard à franges autour du crâne, une longue et lourde robe violette de velours, une aura mystérieuse, des lèvres minces dont s'échappe un discours nébuleux. Alors que je marchais en direction du village, je construisais de toutes pièces ce personnage étonnant. Les bosquets et les étangs défilaient devant mes yeux ; j'approchais de Tilador.

A la tombée de la nuit, sous un voile de fraîcheur, j'arrivai enfin.
Les rues étaient désertes. Des rats venus des champs se faufilaient dans les rigoles du sol, l'esprit tranquille. A la campagne, les gens n'avaient que trois activités : travailler, puis manger et dormir. Pour cette raison, Tilador avait cessé d'être animée dès le crépuscule. Braves travailleurs de la terre, fermiers, meuniers et autres paysans avaient abandonné leur labeur lorsqu'ils avaient vu le soleil décliner, avant qu'ils n'y voient plus rien. Ils s'étaient ensuite délassés à table auprès de leur compagne et s'étaient précipités au lit une fois le ventre chaud et rempli.

Fort heureusement, il y avait un endroit toujours plein de vie en toutes circonstances : la taverne. Je pensai que la voyante devait s'y trouver alors j'y entrai. Cependant, il n'y avait nulle trace de cette diseuse de bonne aventure. Personne ne semblait ni l'avoir vue, ni l'avoir entendue dans l'estaminet. Le tavernier confirma les dires de ses clients mais avant que je ne quitte l'établissement, il me remit un bout de papier avec quelque information.

« Vous êtes pas la première. D'autres, comme vous, ont voulu savoir ce que leur réservait l'avenir alors ils ont suivi les traces de cette dégénérée », dit-il d'une voix grave, comme pour me faire peur.

Rodric Metherlance

Rodric était parti vers le nord pour voir les fameux loups des neiges, il fit un petit détour à Tilador histoire de se reposer à la taverne.

La nuit commença à tomber, il hâta le pas quand soudain il vit une petite fillette endormie avec du pain à la main et un pot de confiture à la myrtille à ses pieds.
Son ventre lui ordonna de lui "emprunter" sa nourriture. Après tout, c'est pas bien de gâcher la nourriture.

Il prit la nourriture et remarqua un papier dans la paume de sa main. Il lut l'inscription " Voyante araknelee, tilador erdana". Pour la remercier et s'excuser de son méfait, il la traina vers l'adresse , il renversa la confiture, ah quelle horreur pensa t'il, il la mit sur son dos et partit en direction de la colline.

Quand il fut arrivé, il la déposa contre un rocher et repartit à Tilador, sur la pancarte des annonces il vit une affiche d'un spectacle, [Image: songe.jpg]
hum pensa t'il c'est là que les frêle bourgeoise elfes s'y rendront, je devrais peut être y aller. Mais il revint à ses occupations principaux : glander dans une taverne, celle de Tilador.

Louheä

Les hautes herbes étaient imbibées de rosée du matin et trempaient mes habits. Ce fut un réveil brutal. Un réveil par le froid. Dans un sursaut, je me redressai et amenai mes genoux glacés contre ma poitrine. Je nouai mes bras autour de mes jambes et attendis quelques secondes.

Dans mon souvenir, je m'étais endormie sur un vieux banc en bois aux portes de Tilador Erdana. Après une dizaine d'étirements pour conserver ce corps jeune et en bonne santé, j'avais ôté de mon sac en cuir deux petits bocaux de confiture pour les dévorer dans la soirée. Et voilà que j'étais transie de froid, à flanc de colline tel un chalet abandonné.

J'étais pleine de tracas. J'avais peur d'avoir perdu une information de première importance. Avec panique, je me mis à chercher partout le morceau de parchemin laissé par le tavernier. Celui-ci était tombé dans l'herbe. Une grosse empreinte violette figurait sur le bout de papier, juste à côté des mots " Voyante araknelee ". Une délicate odeur sucrée s'en dégageait. J'humai l'inscription et reconnus le parfum de ma confiture. Tout en passant ma langue sur la note, je m'interrogeai sur la signification de cela.

« Une personne a délibérément mangé ma préparation fruitée, puis elle m'a transportée ici», répétais-je inlassablement.

Il me fallait éclaircir cette affaire. La situation était cocasse et cela n'avait rien pour me déplaire. J'aimais le défi que m'avait lancé le mystère de la nuit passée. De plus, un indice me mit rapidement sur la voie.

Au sommet de la colline, une femme de très belle allure se tenait debout et observait la plaine. Lorsque je m'approchai d'elle, je remarquai son regard perdu dans l'horizon. Elle avait l'air pensive. Autre part que sur la planète Synca, pensai-je.

Sa tenue était de mille teintes de vert, sertie d'émeraudes et de nombreuses autres pierres précieuses. Je m'aperçus bien vite que l'elfe était marginale parce qu'elle exhibait son ventre, chose que personne ne faisait en Erioss. Elle était seulement vêtue d'une jupe-culotte à volants et d'une bande de tissu sur la poitrine. Sur cet ensemble, d'innombrables dorures, décorations et broderies au fil doré.
Pour parfaire la tenue, la femme arborait une magnifique couronne de métal. Je restai béate quelques instants devant cet accoutrement singulier puis je compris qu'elle était la personne que je recherchais. La voyante. Celle à qui il me fallait parler, demander conseil.

Diarthot

***Quelques jours plus tard***

***L'elfe s'était placé sous la cascade, ainsi il était dans sa bulle, l'écoulement puissant de l'eau le privant des ses sens. S'abandonnant au massage rugueux de la chute alors que l'aube se levait il cherchait les raisons de son insomnie. Pourtant celles-ci semblaient être claires et déjà la journée durant il avait été absent, perdu dans ses pensées. Ne parvenant à chasser ses songes il avait couru jusqu'à n'en plus pouvoir espérant ainsi, en s'infligeant telle expiation, se libérer des ses rêveries. Alors qu'il croyait avoir atteint son but, se repaissant de viande séchée et de baies, un ramier se posa non loin. Diarthot l'ignora tout d'abord puis, rongé par la curiosité, consentit à lire la missive. ***


Cher Diarthot,
Comme il est agréable d'envoyer une lettre lorsque l'on connaît le nom du destinataire ! Je voudrais le répéter encore : cher Diarthot, cher Diarthot, cher Diarthot...
Suite à notre petite entrevue, je suis devenue embarrassée. Ne sachant quoi penser de ton attitude, qui, soulignons-le fut fâcheuse, j'ai consulté une praticienne de la divination, quelque voyante reconnue à travers tout le royaume, afin de savoir si nous sommes amenés à nous revoir. J'ai l'idée que les grands esprits se rencontrent souvent deux fois.
J'ai donc hâte de te croiser au hasard d'un chemin. Demain, vers midi, au même endroit ?
Signé : Louheä


***Bien mal lui en avait prit, à la vue même de la calligraphie, les songes l'envahirent à nouveau, le tourmentant avec d'autant plus de force que d'efforts qu'il avait consentit pour les chasser. Il essaya bien s'étendre mais la torpeur semblait le fuir et à mesure que les heures passaient désir et raison nourrissaient de nouvelles interrogations.

A présent il était là, sous cette cascade, vidé de toute autre pensée que son adoratrice et ainsi il relisait mentalement le même message. ***


Embarrassée…et moi alors ? … Moi foi si c'est le seul moyen de retrouver le sommeil ….

***Sur ce constat il s'extirpa du torrent d'eau, se sécha et s'habilla en vitesse : il devait la retrouver pour faire cesser son tourment…le soleil avait déjà quitté l'horizon… ***

Louheä

J'attendis longtemps près de la cabane, sans apercevoir la moindre silhouette. Diarthot n'avait guère répondu à l'invitation et j'ignorais quelle était sa décision.
Alors que je m'ennuyais, une butte de terre se forma à mes pieds dans un petit tremblement. Perplexe, je tapai du pied cet amas nouveau. Je fus surprise de découvrir enfoui dans le sol, un petit baluchon propret. Oubliant alors toute ma lassitude, le coeur empli de curiosité, je glissai mes mains dans le paquet et en sortit... une lyre ?
Avec elle, il y avait de nombreux autres instruments d'apparence plutôt modeste.

[Image: 1130103255.gif]

L'objet était composé de huit cordes ocres qui, sous la lumière du soleil, brillaient de mille feux. Je restai intriguée par cet instrument de musique qu'un elfe avait caché sous un ciel d'arbres. Pourquoi avoir dissimulé cela ici ?
A présent, j'étais la maîtresse de ce trésor, son unique possesseur.

« La Lyre », murmurai-je.