Le Royaume d'Andoras

Version complète : Liaison dangereuse
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Hector Di Scudira

Victor patientait. Pour une fois, il n'était pas sous l'emprise d'une des potions que lui avaient demandé de boire les soigneurs. Doucement, il allait mieux. Il avait beaucoup moins mal, sauf à sa tête, qui était parfois très douloureuse. Apparemment, il avait eu un traumatisme crânien, mais ça finirait par aller mieux. Il l'espérait. Bien sûr, il était habitué aux diverses douleurs dues aux combats. Mais pas à la tête. Il avait toujours quelques bandages.

Il soupira faiblement et observa l'un des blessés franchir le seuil du dispensaire. Et bien, les Agars et les Nains en avaient fait des dégâts. Il contracta sa mâchoire quelques instants, pensant qu'ils les feraient payer. Il ne se rappelait pas de leurs visages, mais tous paieraient s'il les croisaient. Ils paieraient pour Cendre, surtout.
Il esquissa un sourire quelque peu charmeur à l'une des infirmières qui l'avait soigné durant les semaines précédentes, et qui l'appréciait beaucoup. Il devait avoué qu'il avait joué un peu avec elle. Pas en termes physiques, bien sûr. Simplement, il s'amusait à la charmer de temps à autre. Elle n'était pas la seule à qui il semblait plaire, mais il évitait tout de même de trop en faire. C'était déjà amusant de voir les petites marques de jalousie à laquelle son "infirmière préférée" avait été confronté lorsqu'il lui faisait les yeux doux.

Il franchit la porte de la petite pièce. On l'avait autorisé à entrer. Il marcha doucement, sans bruit, vers le lit où se reposait la jeune femme. Il ne put s'empêcher de sourire. Elle semblait bien plus calme que d'habitude ainsi. Il s'installa tranquillement sur le petit banc où les soigneurs avaient l'habitude de poser leur matériel et posa ses yeux azur sur Selinde. Il croisa les doigts et se mit à attendre, patiemment.

Il ne sait pas si c'était récent ou non. Il ne savait plus. Vraiment, il avait oublié certaines informations qui lui semblaient importantes. Dans tous les cas, il était là. Il avait vu Dione sortir des lieux, alors... Et bien, il espérait en profiter pour passer un peu de temps avec cette femme intéressante.
Il prit le pichet d'eau qui était sur la table et se servit un verre qu'il but d'une traite, avant de le remplir à nouveau et de le reposer. Sortant ensuite un petit livre, il se mit à lire, relevant les yeux de temps à autre, et dès qu'elle bougeait.

Selinde Belroza

La jeune femme reposait dans l'un des nombreux lits du dispensaire de l'Etoile de Nacre d'Yris. Ses blessures avaient été nettoyées et pansées. Aux dires des Disciples, son état s'était stabilisé, mais elle restait néanmoins inconsciente depuis son rapatriement d'urgence.

Il arrivait parfois, que son paisible sommeil se transforme en cauchemar. La pyromancienne s'agitait alors frénétiquement, au point que les médecins aient jugé bon d'attacher ses poings pour qu'elle ne blesse durant ces crises. Son visage se crispait dans une pantomime muette et effrayante.

Ce matin-là, il en fut ainsi.

Alors qu'elle dormait elle se redressa d'un seul geste sortant d'un état allongé à une position assise. Son souffle était court et haletant comme si la jeune femme venait de pratiquer quelques efforts physiques. Des larmes coulaient sur ses joues.

"Père... Non..."

Elle tourna la tête, observant la pièce dans laquelle elle se trouvait et qu'elle reconnaissait pour avoir été rendre visite à Rufus Valroc en ces lieux dans le cadre d'expérience sur un spécimen porcin. Son esprit était aussi clair que pouvait l'être quelqu'un sortant d'un coma. Ses frères n'étaient pas là... Mais comment Dione aurait-il pu être là ? Elle étouffa un sanglot. Mais Yan... Avait-il survécu ? Elle ne pouvait que l'espérer.

Sans parler qu'elle ne comprenait pas la présence de ce bien-né si naïf à son chevet. Que faisait-il là, celui-là ? Elle n'avait pas besoin qu'un noble lui fasse la charité ! Il la fixait de ses yeux bleus lumineux.

"Victor ?"

Hector Di Scudira

Le jeune homme lisait des poèmes. Il trouvait ça reposant. Il n'allait pas avoué qu'il en apprenait aussi certains pour pouvoir en déclamer quelques vers au besoin.

Il releva ses yeux vers la jeune femme alors qu'elle cauchemardait, refermant son livre. Il se pencha sur elle, prenant un linge propre et le mouillant pour l'appliquer sur son front. Peut-être que ça la calmerait un peu. A peine avait-il appliqué le tissu qu'elle se réveilla en sursaut, pleurant. Père ? Était-ce lié aux racontards qu'il avait entendu vis-à-vis de ce qui avait pu se passer là-bas ?

Il l'observa un instant alors qu'elle reprenait ses esprits et reprit le linge mouillé. Devait-il avertir les infirmières tout de suite ? Non, ça pouvait bien attendre un peu. Il agissait probablement égoïstement.

Il esquissa un sourire incompréhensible lorsqu'elle dit son prénom. C'est bien, elle se souvenait de lui. Et vu la lueur qu'elle avait eu dans le regard, elle l'appréciait toujours autant. Il ne put s'empêcher de sourire de façon quelque peu sarcastique. Cela, il s'en souvenait.
Bien des gens le pensait un peu stupide, même Cendre, mais il savait généralement lire les gens. Il s'y était habitué pendant toute son enfance, lorsque les gens lui parlaient faussement en pensant "bâtard". Il savait le plus souvent ce que ceux qu'il côtoyait pensaient de lui ou d'autres, et il le gardait pour lui.

Il ne parla pas tout de suite, et se contenta de détacher ses mains emprisonnées pour ne pas qu'elle se blesse, puis lui tendit le verre d'eau qu'il avait rempli auparavant. Il parla ensuite d'un ton tranquille, mais avec toujours le même sourire.

« Rassurez-vous, Dione va bien et il est entier. Je l'ai vu sortir tout à l'heure. »

Il marqua une petite pause puis se lança sur un autre terrain.

« Je suis ravi de vous revoir, même dans pareille circonstance. Aussi ravi que vous êtes belle. C'est dire si je suis heureux. »

Selinde Belroza

A l'évocation de son nom, il eut ce petit sourire qui intrigua Selinde. Guère longtemps, cependant, les états d'âme du jeune homme ne l'intéressaient pas. Elle avait déjà eu à supporter ses maladresses d'enfant choyé par le passé et c'était bien assez. Les contusions et autres ecchymoses qui parcouraient sont corps étaient suffisamment douloureuses pour ne pas avoir à s'infliger un supplice supplémentaire.

Mais avec douceur, il la délia pour lui tendre un verre d'eau dont elle se désaltéra d'une traite. Sa gorge était bien sèche. Combien de temps avait-elle séjourné ici ? D'un très léger sourire, elle le remercia, néanmoins, de ses attentions.

Quand il l'informa de la survie de son frère, le fardeau qui pesait sur ses épaules s'estompa d'un coup, comme s'il venait d'ôter les charbons ardents sur lesquels elle marchait depuis des jours. Dione était vivant. Vivant ! Son sourire s'élargit laissant entrevoir la félicité qui habitait le coeur de la pyromancienne à cet instant. Elle en essuya une larme, de joie, cette fois. C'était presque trop beau pour y croire.

"Il me faut le retrouver de ce pas !"

Sur ces mots, elle essaya de bouger pour se lever d'avantage. En vain. Son corps était en miette, notamment sa jambe droite. Difficile de savoir exactement comment, mais elle avait été fracturée. Les Disciples y avaient apposé une attelle empêchant tout mouvement, certainement le temps que les os se remettent en place et se consolident.

Quelle plaie. Elle risquait d'avoir à s'en remettre à Victor pour l'aider à se mouvoir. C'est ce moment qu'il choisit pour la flatter sur son physique. Déroutant. Les compliments lui avaient toujours été inconnus, surtout de la part des autres. Elle ne savait comment y réagir, ni même évaluer leur sincérité. Elle choisit d'y répondre par des questions d'usage et de politesse concernant son état de santé.

"Et vous, Victor, est-ce que vous allez bien ? L'assaut devant la forteresse... Vous étiez en première ligne et n'avait pu vous réfugier à l'intérieur."

Hector Di Scudira

Victor sourit intérieurement de la joie de la jeune femme lorsqu'il lui annonça la survie de son frère, différemment du sourire qu'il arborait à l'extérieur. Il était content de la voir ainsi. Il faut dire que lorsqu'il s'était réveillé et avait appris que sa sœur et son cousin n'était pas mort, il avait été vraiment soulagé. Les liens du sang.

"Il me faut le retrouver de ce pas !"

Il n'avança même pas un bras pour lui expliquer de rester en place, son corps s'en chargea à sa place. Il avait lui-même mis du temps pour se lever, et pour se mouvoir sans douleur. Il avait reçu un coup dans la jambe, qui heureusement n'avait pas été fracturé. A l'heure actuelle, la blessure finissait cependant de se refermer. Il avait plus de chance que Cendre, ça, c'était sûr...

"Et vous, Victor, est-ce que vous allez bien ? L'assaut devant la forteresse... Vous étiez en première ligne et n'avait pu vous réfugier à l'intérieur."

Il plissa légèrement les yeux pendant un instant. Elle avait ignoré son compliment. Soit. Il retenterait plus tard.
Mais ! Il sembla absent un instant. Il se souvenait maintenant. Un petit passage des évènements, qu'il avait oublié. Selinde.
Il reprit un air sarcastique pour lui répondre.

« Oh, vous vous en souciez ? Il ne me semblait pas que ce soit le cas lorsque vous êtes rentrée en trombe dans la forteresse. »

Il marqua une pause et reprit un air plus amusé.

« Comme je vous comprends.
Et bien, disons simplement que j'ai fini par être mis à terre par plus d'une dizaine d'ennemis. Je ne dois pas ma survie à grand chose. Mais je vais plutôt bien, comme vous pouvez voir. Simplement un vilain coup à la tête qui me lance encore... »


Il se garda bien d'ajouter qu'il avait une amnésie partielle. Ça, ça ne regardait que lui.
Il se pencha sur la petite caisse au pied du lit et observa un instant les potions qu'elle contenait, avant d'en prendre une et de la tendre à Selinde.

« Tenez. L'infirmière vous l'aurait donné en arrivant. Cela soulagera un peu la douleur.
Vous avez faim ? »


Il en profita pour remplir à nouveau le verre d'eau.

Selinde Belroza

Voilà qui était singulier. Et digne d'intérêt.
Selinde ne s'était guère attendue à de tels propos. Pas de la part de Victor tout du moins. Le jeune homme s'était toujours montré réservé, pour ne pas dire d'un manque de confiance flagrant qu'il dissimulait médiocrement sous une attitude polie. Mais il n'avait pas hésité. Il avait osé.

Elle se contenta de répondre avec une franchise déconcertante, n'essayant pas de justifier d'une quelconque mesure sa lâcheté. Elle n'avait rien d'une héroïne et le savait parfaitement. Une vérité crue et sans fioriture suffisait bien souvent pour blesser.

"Ce n'était pas le cas, en effet. S'il me fallait recommencer, je le ferai. Entre votre survie ou la mienne, mon choix est fait depuis longtemps.

Que voulez-vous, je n'ai pas un sens de la justice et de l'honneur assez développé pour laisser volontairement ces barbares traverser nos lignes pour abattre un de nos mages elfiques."


Elle savait qu'il ne comprendrait pas l'allusion, mais prenait un malin plaisir à espérer qu'il l'interroge d'avantage sur les exploits de ce brave Leonide. C'était pour remplacer le vieil homme salement blessé que Dione avait été grièvement touché par le colosse aux tatouages. Elle n'avait aucune raison d'épargner son image d'indéfectible loyauté aux yeux de Victor.

"Simplement un vilain coup à la tête qui me lance encore... »

Effectivement, elle remarqua le bandage qui entourait une partie de son crâne. Le coup avait du être violent.

Elle accepta la potion qu'elle but en quelques gorgées. Les effets se firent rapidement sentir. Tandis que la douleur s'atténuait de toute part, le monde lui paraissait bien plus joyeux. Une sensation d'euphorie duveteuse l'envahissait. Elle hocha la tête pour acquiescer.

"Je dois reconnaitre que je mangerai bien un morceau."

Hector Di Scudira

"Ce n'était pas le cas, en effet. S'il me fallait recommencer, je le ferai. Entre votre survie ou la mienne, mon choix est fait depuis longtemps.

Que voulez-vous, je n'ai pas un sens de la justice et de l'honneur assez développé pour laisser volontairement ces barbares traverser nos lignes pour abattre un de nos mages elfiques."


« Je le sais, et c'est bien normal de privilégier sa propre survie après tout. »

S'il ne semblait pas avoir de choses à dire sur le reste de sa tirade, elle put remarquer une légère grimace quand elle-même parlait. Il avait eu vent de ces nouvelles aussi, et ça ne lui disait rien de bon. Et si jamais elle souhaitait avoir son avis sur la question, ou même lui raconter sa version des faits, il était sûr qu'elle finirait par le demander, ou le faire.

Il eut un petit sourire mystérieux lorsque Selinde but l'élixir, se contentant de se redresser de toute sa stature lorsqu'elle lui confirma avoir faim. Après avoir l'avoir un moment expérimenté, il s'avouait avoir hâte de la voir euphorique. Cela promettait d'être amusant, du moins l'espérait-il.
La tunique de velours noir qu'il portait se révélait un peu plus. Les fils rouges dessinaient sur tout le contour visible une jolie petite fresque brodée. Son pantalon et ses bottes semblaient plus quelconques. Il était finalement habillé de façon classique, bien qu'un peu plus coûteuse que la plupart du peuple.

« Et bien, reste à savoir si vous préférez manger la nourriture à peu près correcte du dispensaire, ou si vous préférez que nous nous échappions de l'endroit afin d'aller dans une auberge... J'en connais une très bien. »

Il conclut sur un petit sourire significatif de son propre choix. Et puis, ça allait être amusant de mentir aux infirmières. Il se doutait bien qu'elles n'allaient pas vouloir laisser sortir quelqu'un qui pouvait à peine marcher...
Il mit comme par habitude la main droite sur le pommeau de son épée, attendant la réponse de la jeune femme.

Selinde Belroza

Selinde ne souffrait quasiment plus de son corps meurtri depuis que la potion avait fait son office, mais son esprit semblait plongée dans une douce euphorie qui la préservait des événements passés. La proposition de Victor fut accueillie par un petit rire innocent, semblable à celui d'une fillette à qui l'on propose une partie de cache-cache.

"Vous faufilez-vous toujours ainsi, dans la chambre d'une femme pour l'enlever de la surveillance de ses médecins et pour l'inviter à diner ? J'ai bien peur de peiner à vous suivre jusque dans cette auberge avec elle."

Elle pointa du doigt sa jambe cassée, un sourire taquin et malicieux. Elle avait relevé le drap pour se faire une idée plus précise de son état. La vue des nombreux hématomes et des bandages qui dissimulaient à l'évidence des plaies profondes n'entama pas son humeur.

"Sauf si vous décidiez de m'aider à marcher.
Et aussi, mes affaires se trouvent au fond de la pièce, me semble-t-il. Pouvez-vous me les apporter afin que je puisse me changer ? Je ne veux vous faire honte en restant ainsi."

Hector Di Scudira

Le jeune homme eut un sourire amusé en l'observant rire innocemment. S'il avait cru la voir un jour comme ça. Mais la potion aidait. Ceci dit, il était quand même là pour espérer l'entendre rire de cette façon de nouvelles fois, et ce sans quelconque médicament.

« Non, c'est la première fois. »

Il ne dit rien d'autre. Il aurait pu dire qu'il espérait que ce ne soit pas la dernière avec elle, ou bien qu'avant il n'aurait jamais eu l'audace. Il savait que quelque chose avait changé en lui. Il s'en rendait compte par les réactions d'autres personnes. Peut-être que c'était mieux ainsi.
... C'était mieux ainsi.

Il laissa son regard se promener quelques instants sur le corps blessé de Selinde, grimaçant intérieurement à certaines blessures qu'il savait douloureuses. Il réfréna sa brusque envie de caresser les parties de peau qu'il pouvait voir et alla chercher les affaires de la jeune femme.

« Ne vous inquiétez pas, je vous aiderai. »

Il fit un sourire malicieux avant de se déplacer jusqu'à la porte.

« Je vais prévenir une soigneuse que vous êtes réveillée, sinon ils ne vous laisseront même pas poser un pied dehors. »

Il sortit donc sans oublier sa besace, et prévint quelqu'un du réveil de Selinde. En attendant qu'on vérifie qu'elle allait bien, il alla jusqu'aux écuries près du camp d'entraînement de l'autre côté de la grande rue, et arrêta un gamin pour lui demander quelque chose, gamin qui fila ensuite en courant.
Il revint et rentra dans la chambre dès que l'infirmière en sortit.

« Tout va bien ? »

Selinde Belroza

La guérisseuse s'était affairée auprès de sa patiente, renouvelant par quelques bandages propres, les anciens que le sang avait maculés. D'un regard sévère, elle avait examiné les blessures, mais aussi l'attèle pour être certaine que les os étaient bien en place. Elle l'avait aidée à s'apprêter également, l'assistant pour enfiler un pantalon sombre et une chemise blanche, tous deux suffisamment amples pour ne pas frotter les plaies.

Après quelques dernières recommandations, l'infirmière quitta la pièce, non sans une pointe de jalousie à l'arrivée de Victor.

« Tout va bien ? »

Selinde était assise sur le rebord du lit, sa jambe droite déposée de façon à lui éviter la moindre douleur. Elle lui sourit en hochant la tête.

"Oui. Il me faut faire particulièrement attention à ne pas m'appuyer sur ma jambe et éviter tout effort pour ne pas qu'une plaie s'ouvre à nouveau avant sa cicatrisation complète. Et la prochaine fois, vu mon gabarit, je dois me contenter de seulement boire la moitié de la fiole..."

Elle lui tendit la main en guise d'invitation à l'aider.

La sorcière se sentait bien. Terriblement bien.
Certes, son estomac criait famine lorsque Victor lui avait proposé ce repas à l'auberge, mais pas au point de se réjouir autant de passer du temps avec ce noble que la vie avait trop gâté. Sa jubilation à ce sujet était troublante, et cela même si le jeune homme, qu'elle croyait avoir cerné dans le passé, l'intriguait par un comportement jusqu'alors inédit.

Hector Di Scudira

Alors qu'elle sortait, Victor remercia l'infirmière d'un petit sourire, même s'il perçut la jalousie dans son regard. Il faut dire que c'était l'une de celles qui s'étaient occupées de lui quand il était dans un état lamentable, et qui semblait intéressée. Il ne pouvait pas répondre à toutes les attentes, surtout quand il n'était pas intéressé lui.

Il répondit au sourire de Selinde en observant l'attèle et lui prit doucement la main quand elle lui tendit, l'aidant à se relever.

« C'est vrai que la potion entière, c'était ce qu'ils me donnaient, et nous n'avons pas la même corpulence... J'aurais dû y penser. »

Il se baissa un peu et glissa un bras dans son dos, l'autre allant derrière ses genoux. Avant qu'elle est le temps de dire quelque chose, il lui dit :

« Passez un bras derrière ma nuque. »

Il la souleva en douceur, la portant dans ses bras avec un large sourire.

« Je pense qu'on ira plus vite comme ça. Non pas que je doute de votre capacité à marcher, mais ce serait long et possiblement douloureux pour vous. »

Il sortit à nouveau de la chambre, cette fois-ci en la portant, et continua sous le regard ébaubis de deux infirmières. L'une sembla ensuite circonspecte. Avant qu'elle ne parle, il la devança.

« Ne vous inquiétez pas Tereda, je l'emmène juste faire un tour dehors. Elle a besoin de prendre l'air. Je vais faire attention, faites-moi confiance... »

Le jeune homme conclut sur un petit clin d'œil et ne s'arrêta pas. La sus-nommée Tereda, qui semblait plus âgée que la plupart des autres guérisseuses, fronça un peu les sourcils et l'autorisa de quelques mots : "Très bien, mais pas plus de quinze minutes. Et faites attention à sa jambe !"

Il sourit à Selinde et murmura :

« Bien sûr, seulement quelques minutes...
J'ai eu une autre idée pour que nous nous déplacions sans trop de risques pour votre jambe et l'ensemble de vos blessures... »


Il la conduisit donc aux écuries. Un palefrenier était en train de finir d'arnacher une jument alezane.
Il regrettait presque d'avoir eu cette idée... Il était heureux de porter Selinde, ravi qu'elle ait un bras autour de son cou et qu'elle se laisse porter ainsi. Mais il savait que c'était en partie dû à l'élixir anti-douleur...

Selinde Belroza

Elle se laissa soulever et se retrouva ainsi dans les bras du jeune homme, blottie contre lui. Elle murmura, dans un souffles quelques mots audibles pour lui seul avant qu'ils ne franchissent le seuil de la porte.

"Cela me convient tout à fait."

Elle ne fit que très peu attention aux recommandations de Tereda et aux manigances de Victor pour la faire sortir du Dispensaire. Selinde écoutait simplement ses battements de coeur, l'oreille collée contre son torse. Ils étaient réguliers. Rassurants. Elle ne l'aurait certainement pas avoué, mais elle se sentait en sécurité dans ses bras. Comme dans ceux de Dione, sans pour autant que cette sensation soit tout à fait similaire.

Pendant qu'il marchait et la menait jusqu'à l'écurie, elle laissait vagabonder son doigt sur la fine broderie qui ornait son pourpoint. Les fils écarlates lui révélaient la filiation de Victor à un Nurmeth. A la vérité, elle ne savait pas grand chose à son sujet, si ce n'est des suppositions et déductions.

En voyant la jument, Selinde émit un petit hoquet de surprise.

"Nous allons monter à cheval ?"

Hector Di Scudira

Victor jetait des coups d'œil réguliers à la jeune femme alors qu'il marchait vers l'écurie. Elle avait l'air dans ses pensées. Il sourit et franchit les portes des écuries.
Il eut l'air amusé de sa surprise et hocha la tête en la posant doucement à terre.

« En effet. Ne vous en faites pas, elle est gentille. »

Il caressa le museau de sa jument puis la flatta, remerciant le palefrenier de l'avoir préparée. Il se retourna ensuite à nouveau vers son... invitée ? Il posa ses mains sur les hanches de celle-ci et la souleva pour la poser sur la selle.

« J'espère ne pas vous avoir fait mal. Vous pouvez passer votre pied de l'autre côté ? »

Il avait fait en sorte qu'elle n'ait qu'à passer sa jambe indemne, l'autre aurait été trop difficile. Il régla les étriers à la hauteur des jambes de Selinde, pour qu'elle puisse poser au moins son pied souffrant dedans. Il passa ensuite de l'autre côté et monta sur le cheval grâce à l'autre étrier, s'installant tranquillement derrière elle.

« Elle s'appelle Ablette. »

Il lança une pièce au palefrenier et prit les rennes pour sortir de l'écurie, pressant doucement le flanc de sa monture pour la faire avancer au pas. Il avait placer ses bras de part et d'autre des côtes de Selinde.
Mh, finalement, il était heureux d'avoir eu cette idée. Ils étaient tout aussi proches ainsi.

Il prit le chemin de l'auberge, serrant mine de rien doucement la jeune femme contre lui.

« Votre jambe, ça va ? »

Selinde Belroza

Les premières secondes de Selinde sur Ablette avaient été quelques peu effrayantes. Bien qu'immobile, la jument avait changé de pied d'appui déséquilibrant quelque peu la cavalière débutante qui s'agrippa fermement à la crinière de peur de finir à terre.

Dés que Victor se mit en selle derrière elle tout en la maintenant contre lui pour éviter qu'elle ne chute, bien évidemment, la peur disparut pour laisser place à une sensation grisante. L'allure tranquille de la jument lui permettait de garder sa jambe droite hors de tout choc.

Elle lui signala que tout allait bien. Comment aurait-il pu en être autrement dans son état vaporeux ? Elle ne ressentait plus la douleur, ni les peines qui devraient assaillir son coeur après les derniers événements. Pourtant, elle était plus préoccupée par Victor et les raisons qui l'avaient mené à se trouver à ses côtés lors de son réveil.

Ils avançaient depuis quelque temps déjà. Il y avait bien cette petite chose dont elle mourrait d'envie. Sans crier gare, elle prie les mains de Victor dans les siennes, tâchant d'imiter la position de ses doigts.

"Apprenez-moi à la diriger. S'il vous plait."

Hector Di Scudira

Le jeune homme tentait de se concentrer sur leur avancée dans les rues, et sur la conduite d'Ablette. La présence tout contre lui de Selinde le conduisait par moment vers des pensées qu'il garderait pour lui. Fort heureusement, il savait se contenir et ne s'était pas penchée sur elle pour déposer un baiser dans son cou, bien qu'il eut pu le faire.

Se raclant légèrement la gorge, il s'engageait dans l'une des dernières rues avant l'auberge lorsque la jeune femme se décida à lui prendre les mains et lui demander de lui apprendre à diriger Ablette.
Il s'arrête et sourit, lâchant les rênes et prenant à son tour ses mains entre les siennes. Il parla d'une voix douce.

« Très bien. Prenez les rênes comme je les prenais. »

Il positionna ses mains [à elle] sur les rênes et commença à tout lui expliquer, notamment qu'il suffisait de "tirer" vers la direction indiquée pour que le cheval suive le mouvement.

« Et normalement, on a aussi besoin de ses jambes, mais là... »

Il eut un petit rire et réprima le frisson qu'il avait, se concentrant sur les indications.

« Toute l'attitude du cavalier permet de diriger un cheval.
Je vous lâche, à vous de prendre la prochaine rue à gauche... »


Victor la lâcha donc, gardant cependant les mains proches des siennes pour si elle faisait une bêtise. Il n'allait tout de même pas les poser sur ses hanches ou sur ses cuisses... Hem, non.

Il lui donna les dernières indications jusqu'à atteindre l'auberge "La Dinde Dodue" (amusant à dire), ou plutôt l'écurie de celle-ci. Il l'applaudit un peu et descendit en faisant attention de ne pas la bousculer au passage, puis il la fit descendre également, la reposant une fois de plus en douceur sur le sol.

« Peut-être qu'une prochaine fois, nous nous occuperons de la position des jambes... »

Il eut un sourire amusé en pensant à la double signification que pourrait avoir cette phrase et alla donner les rênes d'Ablette au palefrenier qui attendait là en lui disant bonjour, avant de donner une pièce au même gamin qu'il avait engagé près du dispensaire, et de le remercier.

Il se mit à la droite de Selinde et lui prêta son épaule et son bras pour qu'elle s'appuie pour "marcher". Il ouvrit la porte et salua le tenancier qui semblait les attendre.

« Bonjour monsieur Vorda, comment allez-vous ? »

« Je vais bien ! Heureux de vous revoir messire. J'ai préparé une table comme demandé. »

L'aubergiste désigna une table bien apprêtée et observa un instant Selinde avant que Victor le fixe.

« Merci. »

Il le regarda faire un petit hochement et retourner derrière son comptoir. Il conduisit la jeune femme à la table et l'aida à s'asseoir, puis il alla s'asseoir à son tour, adressant un charmant sourire à la jeune femme.

« Que voudriez-vous manger ? »

Il indiqua la "carte" devant eux, puis interpella l'homme à son comptoir et lui demanda un certain vin.

Selinde Belroza

Selinde était entrée dans l'auberge de "La Dinde Dodue" au bras de Victor après sa leçon improvisée d'équitation. Elle se tenait à lui fermement tant pour parvenir à marcher à peu près convenablement que par le curieux plaisir d'être proche de lui. Quelle sotte. Elle s'était laissée amadouer par ce jeune homme séduisant dont les yeux d'azur tendaient à accélérer les battements de son coeur. Pire encore, elle adorait cette sensation et ne voulait pas que la journée prenne fin.

Cependant, sa présence au côté d'un noble ne suscitait pas une grande approbation. Même l'aubergiste, ce M. Vorda n'avait daigné la saluer et s'était contenté de la dévisager avec dédain, et cela malgré ses propres politesses. Elle n'était pas digne de la clientèle du lieu, comme devait en attester l'état de ses frusques pourtant à peine rapiécées.

Elle jeta un terrible regard noir à ceux, attablés, dont elle perçut les murmures et chuchotements méprisants. Elle s'installa avec l'assistance de Victor à sa place, essayant néanmoins de lui taire son humeur massacrante. Elle le laissa choisir un vin, mais n'ouvrit pas la carte qu'il lui avait désigné.

"Prenez-moi ce qu'il vous plaira, je doute manger avec appétit quoiqu'il arrive."

Elle se pencha vers lui, serrant quelque peu les dents face à la douleur qui s'installait à nouveau lentement dans son corps, pour l'interroger avec une froide franchise.

"Soyez sincère, Victor, pourquoi vous trouviez-vous dans ma chambre ce matin ? Nul ne viendrait de son plein gré et encore moins se montrerait envers moi aussi charmant. Qu'attendez-vous de moi réellement ?"

Elle hésita un moment avant de continuer.

"A moins que les rumeurs sur mes actions à l'intérieur de la forteresse vous soient revenues aux oreilles... Je suis accusée de haute-trahison, je suppose..."

Hector Di Scudira

Victor capta bien le regard noir qu'elle adressa aux autres personnes présentes, mais se contenta de sourire.

« Ne vous en préoccupez pas. »

Il n'ouvrit pas non plus la carte et continua de sourire d'un air amusé.

« Quel dommage. Malgré l'accueil qu'il vous a réservé, la cuisine est très bonne. »

Il demanda l'un des plats à l'aubergiste alors qu'il apportait le vin, et servit lui-même Selinde puis lui.

"Soyez sincère, Victor, pourquoi vous trouviez-vous dans ma chambre ce matin ? Nul ne viendrait de son plein gré et encore moins se montrerait envers moi aussi charmant. Qu'attendez-vous de moi réellement ?
A moins que les rumeurs sur mes actions à l'intérieur de la forteresse vous soient revenues aux oreilles... Je suis accusée de haute-trahison, je suppose..."


Il continua de sourire et but une gorgée du vin.

« Oui, j'ai entendu parler de toutes les choses qui ont bien pu se passer en mon... Absence. Pour l'instant, vous n'êtes accusée de rien, et je dois avouer que j'espère que ça ne sera pas le cas. Et si ça l'est, et bien... Nous verrons ce que nous pouvons faire pour palier à ce problème. Personnellement, je ne pense pas que ce soit une trahison. »

Il ne s'étala pas plus sur ses pensées quant aux évènements, puisqu'il aurait sans doute à le faire plus tard. Il fit une petite pause et reposa son verre en esquissant un sourire.

« Et vous savez, ce que j'ai dit à votre réveil était vrai. Vous êtes belle, Selinde. Et je suis venu vers vous parce que vous me plaisez. »

Il l'avait dit de but en blanc, en la regardant droit dans les yeux, de ses beaux yeux bleus. Il sourit à nouveau d'un air amusé en faisant un petit geste théâtral.

« Surprise. »

Non, décidément, ce n'était plus le même. Ce coup sur la tête l'avait changé. Ou bien était-ce simplement qu'il avait soudainement mûri et décidé de prendre en main sa vie ?
Il se sentait bien comme ça. Peut-être avait-il laissé échappé un peu trop rapidement qu'il l'appréciait particulièrement, mais tant pis. Il ne savait pas trop comment elle réagirait, mais dans tous les cas, elle ne pouvait pas bouger...

Selinde Belroza

Elle laissa échapper un soupir de soulagement lorsque Victor lui apprit qu'il ne la considérait pas comme coupable. A la vérité, elle n'avais aucun doute sur le résultat d'un procès si ses pairs décidaient de l'y mener. Leur justice n'avait jamais été la sienne tant sa balance n'avait rien d'équitable pour son mauvais sang. Elle assumerait les conséquences de sa naissance sans sourciller s'il le fallait. Mais étrangement, son avis lui importait presque autant que celui de ses frères.

Elle lui adressa un sourire mélancolique avant de boire une gorgée de ce vin qu'il venait de lui servir.

"Adviendra ce qui doit advenir."


« Et vous savez, ce que j'ai dit à votre réveil était vrai. Vous êtes belle, Selinde. Et je suis venu vers vous parce que vous me plaisez. »

Ses yeux bleus scintillaient en la fixant au point qu'elle eut du mal à ne pas en rougir. Elle n'y avait pas véritablement cru trop habituée aux sarcasmes de Mère la concernant. Pourtant, le comportement du jeune homme s'éclairait d'un jour différent. Il l'avait, pour ainsi dire, manipulée profitant des effets secondaires de cet élixir médicinal qu'il avait lui-même testé auparavant. Si elle avait désiré quitter l'auberge de colère, elle n'aurait pu le faire sans lui. Pas avec sa jambe fracturée.

Mais elle n'en avait pas l'envie. Victor la fascinait plus encore maintenant qu'elle avait compris. Elle aurait pu en être fâchée, et dans le fond, elle l'était, mais il avait eut recours à un stratagème si audacieux pour la posséder qu'elle en était flattée.

Comment avait-elle pu se tromper à ce point sur son compte ?

D'un ton mielleux et cajoleur, elle commença :

"Dans ce cas, j'ai, moi aussi, un aveu à vous confier. Approchez, plus près que je vous le révèle.

Votre plan est franc succès. Je suis à votre entière merci, incapable de m'extirper de ce piège que vous m'avez finement tendu. Je dois me rendre..."


Elle profita de la proximité de son visage pour déposer brièvement ses lèvres contre les siennes. Plus qu'un baiser, c'était un effleurement, une délicate caresse qui présageait de la promesse de bien d'avantage. Elle s'éloigna de lui.

"... à l'évidence, vous me plaisez beaucoup aussi."

Hector Di Scudira

"Adviendra ce qui doit advenir."

Non, il ne laisserait pas une sentence d'exil être infligée à une personne qu'il appréciait, encore plus elle. Il savait qu'il n'avait pas toutes les informations, mais il verrait plus tard.

« Je vous aiderai. »

Il avait l'air confiant en lui confiant ses sentiments, et ne pouvait s'empêcher de lui offrir un sourire bien trop charmant. Il l'observait dans les yeux, sans même ciller, attendant sa réaction.

"Dans ce cas, j'ai, moi aussi, un aveu à vous confier. Approchez, plus près que je vous le révèle."

Il joua le jeu et se pencha vers elle par dessus la table. Soit elle allait le gifler, soit simplement lui murmurer des mots, soit... quelque chose de plus appréciable.

Il eut un frisson, puis esquissa un sourire satisfait et se réinstalla correctement lorsqu'elle s'éloigna de lui. Très satisfait. Il s'adossa confortablement à la banquette et reprit son verre, son sourire toujours accroché aux lèvres.

« Vous m'en voyez ravi. J'avais peur que vous ne vous énerviez. »

Enfin, peur, façon de parler. Au pire, elle se serait fâchée et il aurait rattrapé le coup autrement. Il aurait pu. Mais puisqu'il n'en avait pas besoin...
Il but une longue gorgée et reposa les yeux sur elle.

« Je pensais que l'effet de la potion serait un peu plus long, mais ce n'est pas plus mal que vous soyez complètement vous-même. »

Il pianota un instant de sa main libre sur la table avant de lancer :

« Souhaitez-vous en savoir un peu plus sur moi à présent ? Au-delà du fait que j'appartiens à une classe sociale que vous appréciez tout particulièrement... »

Après tout, il l'avait bien vu qu'elle n'aimait pas les nobles. Probablement à raison.

Selinde Belroza

« Vous m'en voyez ravi. J'avais peur que vous ne vous énerviez. »

"Où ai-je dit que je ne l'étais pas ?"

Elle eut ce demi-sourire un peu railleur qui invitait le jeune homme à la méfiance.

« Souhaitez-vous en savoir un peu plus sur moi à présent ? Au-delà du fait que j'appartiens à une classe sociale que vous appréciez tout particulièrement... »

"Fichtre, vous insinuez que les nobles ne se résument pas qu'à leur titre et atours, ni à la manière dont ils foulent du pied les plus miséreux du Bas Peuple ? Que vous même n'êtes pas qu'un de ces prétentieux ayant eu le privilège de naître au bon endroit et de grandir sans connaître la faim et le froid ?

Racontez-moi, Messire, je suis curieuse d'écouter à quel âge vous avez su manier la cuillère d'argent avec laquelle vous êtes né dans la bouche."


Malgré le sarcasme apparent de ces propos, Selinde semblait réellement intéressée, ou tout du moins curieuse, d'entendre l'histoire du jeune homme.

Hector Di Scudira

Victor répondit au sourire railleur de la jeune femme par un petit ricanement amusé et finit son verre et un air en mode "ouhlala j'ai peur".

Il écouta ses sarcasmes et croisa les bras après avoir posé son verre. Il s'attendait à ça. Peut-être un peu moins, mais bien des propos dans le genre.
Il esquissa un petit sourire pour lui répondre sur un ton calme, ne semblant pas particulièrement froissé.

« Oui, j'ai eu le privilège de naître dans une famille noble, et je n'ai pas eu à lutter contre le froid et la faim. Mais non, bien qu'il y ait une partie de nous qui soient particulièrement... Comme vous le décrivez, nous ne sommes pas tous comme ça.
Mon père a accédé au titre de Nurmeth lorsqu'il a sauvé le Caldras de Malefosse. Avant, ce côté de la famille n'était même pas noble. Et ma mère, elle, vient d'une vieille famille noble, oui.
Et j'ai su manier la cuillère d'argent avec laquelle je suis né lorsque j'ai pu constater l'extrême amabilité de certains envers les nés-bâtards au sein de la noblesse. Tout aussi sympathiques qu'envers le bas-peuple.
Mais je sais que je n'ai pas à me plaindre comparé à vous. »


Il termina ses propos par un regard appuyé, un sourire, et se tourna vers l'aubergiste, qui arrivait avec leurs plats. Il le remercia et se resservit en vin.

« Et vous ? Si vous acceptez dans votre immense bonté de me révéler une petite partie de votre vie. »

Il esquissa l'espace d'un instant un sourire sarcastique, et prit ses couverts mais attendit une réponse de sa part avant de commencer à manger.

Selinde Belroza

"Vous êtes donc né hors mariage si j'en crois vos non-dits. Dans le cas contraire, vous n'auriez jamais eu à subir de tels quolibets."

Elle réfléchit un court instant, le doigt sur les lèvres.

"Je vous sais lier à cette pyromancienne un brin prétentieuse, Cendre, je crois. Cette soeur ainée dont vous m'aviez parlé des ambitions pour Cyrijäl et ses alentours. Serait-ce elle l'enfant légitime ?"

Ses yeux se posèrent sur les assiettes que l'aubergiste venait de déposer devant eux, pas sans un regard suspicieux sur la sorcière. S'il savait qu'il pouvait perdre malencontreusement son établissement dans un fulgurant incendie... Elle attrapa à son tour les couverts et ajouta avec un sourire.

"Bon appétit. Qu'avez-vous commandé au final ?"

Son ton badin aurait pu sous-entendre qu'elle ignorait délibérément la question de Victor sur son passé. Mais ce n'était pas le cas. Il souhaitait connaître l'origine de son ressentiment face à la noblesse ? Soit. Il en apprendrait tout autant sur la haine viscérale qu'elle vouait à sa mère. Elle prit une profonde inspiration et commença son récit, tâchant de se dissimuler sous un voile d'indifférence.

"Il était une fois, au niveau des ruelles les plus miteuses qui entouraient le port d'Yris, quatre enfants qui jouaient avec une fourmilière qu'ils avaient repéré dans des gravas. Plus mendiants qu'enfants, leurs haillons déchirés et poussiéreux laissaient entrevoir des membres squelettiques. Mais ils riaient ensemble, de cette cruelle innocence si chère aux bambins qui expérimentent toute sorte de tortures sur des insectes. Insouciants.

Exaspérée, leur Mère vint à eux afin d'agripper par le poignet son ainée, celle dont les joues ne cessaient d'être maculées de suie, et l'emmener sous leur toit à quelques pas de là.

Elle l'installa sur un tabouret bancal et commença à coiffer les longs cheveux laiteux de sa fille. Elle la débarbouilla pour la première fois, du moins de mémoire de la fillette qui n'avait pas encore treize printemps. Les marques d'affection de sa génitrice étaient bien rares que l'enfant se mit alors à rêver que sa mère l'aimait enfin. Elle en savourait chaque instant, confiante et sereine. Mère ne l'avait-elle pas apprêtée d'une robe toute propre ?

Mère la conduisit alors dans cette gigantesque maison et l'y abandonna dans une chambre sans un mot. La fillette fut rapidement rejointe par un adolescent de quelques années plus âgé. Il portait du violet sur ses toilettes."


Elle s'arrêta un instant pour boire une gorgée de vin. Elle en resterait là, la suite n'était qu'évidence sur la duperie de sa mère. Elle observa Victor en quête de sa réaction suite à cette confession. Avait-elle eu raison de se fier à ce jeune homme ?

Hector Di Scudira

« Oui, je suis né hors mariage. Certains semblent oublier que même la famille royale possède des bâtards dans leurs ancêtres.
Cendre est effectivement l'enfant légitime. »


« C'est du civet de lapin. Bon appétit. »

Il écouta l'histoire silencieusement, il avait commencé à manger. Alors qu'elle arrivait vers la fin de son récit, il avait pris son verre pour boire, mais arrêta son geste en même temps qu'elle terminait.

Une colère sourde s'empara alors de lui. Il savait pertinemment qu'elle était loin d'être la seule à subir ce genre de chose, mais... Il s'agissait d'elle.
Il serra la mâchoire et les poings. Peut-être un peu trop fort. Le verre se brisa dans sa main, retombant en morceaux ici et là, en partie dans son assiette, le contenu se déversant de même.

Cela sembla le calmer un peu, et il prit sa serviette, à moitié trempée par le vin, afin d'essuyer sa main et d'en extirper les quelques bouts de verre qui avaient eu la plaisante idée d'y rester. Il devait se calmer. Il avait mal, bien sûr, mais il ne pouvait s'en prendre qu'à lui-même.

« Excusez-moi. »

Il s'adressait à la jeune femme, qu'il avait probablement éclaboussé de quelques gouttes de vin. Il renvoya d'un geste de sa main valide l'aubergiste qui accourait et releva les yeux vers Selinde en souriant.

« Merci de votre confiance. »

Il prit le pichet d'eau sur la table et nettoya sa main, qui saignait un peu suite aux éclats de verre, au-dessus de son assiette. Le pauvre civet était déjà noyé sous le verre et le vin, alors de l'eau en plus...
Il entreprit d'enlever le bandage qu'il avait autour de la tête, qui de toute façon ne lui servait à rien, et commença à se bander la main, tranquillement.

Une fois cela finit, il se tourna vers l'aubergiste et l'appela d'un ton autoritaire. Celui-ci accourut de nouveau avec un autre verre, ramassant les débris de l'ancien, et récupérant l'assiette. Il revient ensuite avec une autre assiette de civet, sans piper mot.

« Merci. Je vous paierai le verre brisé. »

Victor esquissa un sourire poli et regarda Vorda retourner en cuisine.

Selinde Belroza

Selinde l'avait observé se laisser envahir par une colère contenue mais intense, faisant les frais d'un innocent verre de vin et d'une ingénue part de lapin. Elle ne lui avait conté cette histoire pour qu'il la prenne en pitié par une compassion étouffante, mais pour qu'il la comprenne en s'appuyant des pierres angulaires qui avaient bâtis sa vie.

"Vous êtes aussi maladroit qu'à notre première rencontre ! Mais vous auriez du me laisser vous aider. Mes dons se basent, certes, principalement sur la destruction et la combustion, mais j'aurai été capable de cautériser ces quelques plaies."


Elle lui avait dit ces quelques mots en essuyant d'un bout de serviette les quelques gouttes de vin qui avaient éclaboussé son visage. Sa chemise avait été tâchée, mais à la vérité, elle n'était bonne qu'à jeter depuis trop longtemps. Elle attrapa un morceau de viande avec sa fourchette qu'elle mit en bouche. Effectivement, ce n'était pas mauvais.

"Si cela peut vous aider à vous calmer, sachez qu'il n'est pas ressorti que du mauvais de cette histoire. Grâce à la petite bourse de pièce d'or que j'obtenais au petit matin, après une de ces nuits à lui appartenir, ma fratrie a pu se nourrir convenablement. Sans, je ne serai certainement pas devant vous aujourd'hui.

Hum, c'est vraiment délicieux ce lapin..."


Elle ne précisa pas non plus qu'elle s'était déjà abreuvée d'une soif de vengeance et s'était repue d'une cruelle vindicte.

Hector Di Scudira

« Présentement, je n'appellerai pas ça de la maladresse. »

Il avait retrouvé son sourire habituel et ses yeux brillants. Il attrapa une serviette sur la table d'à côté puisque la sienne était trempée de vin, et que l'aubergiste avait oublié de lui la reprendre. Il soupira et se réinstalla pour manger, balayant du revers de la main les quelques bouts de verre qui restaient, puis se resservit en vin.

Il ne dit rien par rapport à l'argent gagné parce que sa mère l'avait offert à un noble d'une famille d'Egurs, mais avait retrouvé son calme. Cela restait injuste, mais il s'agissait de choses passées, et il ne pouvait plus rien changer.

Il mangea tranquillement le lapin et vida son verre de vin, puis dès que Selinde eut fini, il proposa un dessert autre que ceux que l'auberge pouvait servir.
Il sortit de sa besace une petite boîte en bois et la tendit à la jeune femme.

« Tenez. »

Des petits carrés de chocolat tout simple se trouvaient ordonnés dedans.

« Je ne sais pas si vous en avez déjà mangé, mais j'ai pensé que vous pourriez aimer. »

Il se releva et alla jusqu'au comptoir pour payer ce cher monsieur Vorda. Il glissa aussi quelques mots à voix basse sur un ton peu sympathique.
Il revint vers la jeune femme avec un grand sourire charmeur et l'aida à se relever puis à marcher, comme lorsqu'ils étaient arrivé. L'aubergiste vint leur tenir la porte, lui souhaitant un bon après-midi à tout deux avant d'ajouter "Au revoir messire, au revoir mademoiselle.".

Victor retourna à l'écurie et attendit que le palefrenier sorte Ablette, faisant attention à Selinde. Comme à leur sortie du temple, il la souleva pour la poser sur la selle puis grimpa derrière elle en lui souriant.

« Vous voulez prendre les rênes ? »

Selinde Belroza

Elle ouvrit la petite boite de bois pour y découvrir ces mystérieux chocolats, dont les papilles de tous vantaient le goût exquis. Les siennes ne connaissaient encore ce genre de mets raffinés que l'on savourait par plaisir, et non par faim. Ses yeux s'éclairèrent de reconnaissance pour Victor.

"Merci ! Mais rentrons d'abord au Dispensaire si vous le voulez bien. Nous les mangerons ensemble dans ma chambre. Ce sera plus... agréable."

Elle avait hésité sur ce dernier mot, le premier lui étant venu à l'esprit avait été "intime". A l'auberge, elle se sentait constamment épiée, jugée, et elle avait besoin de calme, de se retrouver seule avec le jeune homme aussi. Selinde l'observa régler la note, remarquant son manège avec le tenancier.

Victor vint la récupérer, lui offrant son bras galamment pour la guider jusqu'au seuil de la porte où M. Vorda s'exécuta en de cordiales salutations pour les deux jeunes gens. Selinde esquissa un sourire satisfait, presque suffisant, et murmura quelques mots taquins à son chevalier du jour.

"Que lui avez-vous dit ? Avez-vous vu la veine sur sa tempe s'agitait de son orgueil blessé ?"

En quelques instants, elle se retrouva de nouveau perchée sur Ablette, Victor contre son dos.

"Absolument ! Et dés que je serai remise, vous m'apprendrez à partir au galop."

Hector Di Scudira

« Oh, je l'ai simplement menacé de lui faire mauvaise presse et de ne plus revenir s'il ne s'efforçait pas d'agir convenablement avec tous ses clients... »

Il esquissa un sourire amusé et donna les rênes à la jeune femme. Et voilà qu'il n'avait plus rien à tenir en mains... Il se pencha pour flatter l'encolure d'Ablette et en profita pour déposer un baiser dans le cou de Selinde en se redressant sur la selle, et pour effleurer ses hanches de ses doigts. Il attrapa ensuite le devant de la selle, serré contre la sorcière.

Il avait envie de faire un peu plus, mais cela ne se faisait pas au beau milieu de la rue, sur un cheval. Il la laissa les conduire parmi les rues, la rectifiant si elle semblait prendre un mauvais chemin.

Selinde Belroza

Un frisson parcourut son échine lorsque les lèvres de Victor se déposèrent sur son cou gracile. Elle lui aurait bien intimé de continuer, de ne pas s'arrêter malgré le regard des gens, mais ce n'était pas raisonnable qu'il s'affiche ainsi avec elle. Encore plus avec l'épée de Damoclès qui pendait sur sa tête.

Bien sûr, elle veillait à positionner sa jambe fracturée sans risque, mais aussi son corps contre le sien. Elle aimait son contact et regrettait que ses doigts ne l'effleurent pas d'avantage. Son esprit était plus attentif par son souffle chaud et régulier sur son oreille que le pas lent de la jument. Comment en était-elle venue à désirer si ardemment Victor ? Les effets de la potion étaient déjà dissipés comme en témoignait la douleur sur ses multiples lésions. Alors pourquoi ?

Ils finirent par atteindre le Dispensaire de l'Etoile de Nacre, laissant Ablette au bon soin d'un palefrenier. Le jeune homme prit Selinde dans ses bras vigoureux pour lui éviter de marcher d'avantage. Elle lui souriait. Mais avant qu'ils n'arrivent dans le couloir où se trouvait la chambre de la jeune femme, un raclement de gorge se fit entendre.

Tereda.

Hector Di Scudira

Le jeune homme se perdait dans ses pensées. Des pensées... Intéressantes ? Il avait envie de continuer à embrasser Selinde dans le cou, mais se retenait. Il poussa même un petit soupir de déception, et aurait aimé pousser Ablette au trot pour arriver plus vite au dispensaire, mais ce n'était pas une bonne idée pour la jambe de la jeune femme.

En la descendant du cheval en la tenant par les hanches, il lui fit un sourire puis la prit dans ses bras. Il lui rendait son sourire et l'observait plus que la route devant eux. Il se mordilla même les lèvres en reposant son regard devant eux. Il devait se concentrer sur autre chose qu'elle.

Il se stoppa en entendant le raclement de gorge de la soigneuse et se retourna vers elle avec un grand sourire.

« Tereda ! »
- Victor Di Velija...
- Oui, c'est moi. »
dit-il en la coupant avant qu'elle poursuive, toujours un grand sourire aux lèvres.
- Où est-ce que vous étiez passés ?
- Oh, vous savez, on a juste été faire un tour dehors... »
- Je vous avais dit quelques minutes !
- Et bien... C'était quelques minutes. En un peu plus long. »


L'infirmière le regarda avec scepticisme et une pointe d'exaspération.

« Allez, vous voyez bien qu'elle va bien ! Tout va bien, on a juste été manger... »

Il prit un sourire un peu plus charmant, jetant un coup d'œil à Selinde. Tereda resta silencieuse quelques instants avant de soupirer.

" Que je ne vous y reprenne plus... "

Il lui fit un clin d'œil et ramena finalement Selinde dans sa chambre, la posant doucement sur le lit.

Selinde Belroza

Citation :[HRP] Suite aux très nombreuses lettres de nos fans déçus de voir ce drama arriver à sa fin, voici une petite partie supplémentaire avant la saison 2. Smile
Cela se passe une bonne heure plus tard...]

Prise d'une insatiable curiosité, elle récupéra la lettre de Dione de sa poche qu'elle déplia soigneusement avant d'en entreprendre la lecture.

« Accepte cet insolent baiser sur tes lèvres... »

Le visage de Selinde se décomposa et prit une pâleur anormale même pour sa peau déjà terriblement diaphane. Ses yeux matérialisèrent la surprise avant d'étinceler d'une colère sournoise. A l'évidence, il l'avait lu.

Non seulement Victor s'était arrogé la lecture d'une missive ne lui étant pas adressée, mais il en avait passée l'existence sous silence. La sorcière fulminait. Elle lui avait accordé sa confiance et il l'avait trahie à la première occasion. Les autres agissaient toujours ainsi. Elle le savait pourtant, mais avec Victor, elle s'était plu à imaginer qu'il en serait autrement.

Elle se redressa soudainement, s'extirpant de son étreinte brutalement. D'un geste rageur, elle lui renvoya dessus ses vêtements alors à sa portée.

"Sors d'ici."


Au delà de la colère, il y avait cette petite larme qui coulait le long de sa joue.

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