Le Royaume d'Andoras

Il avait fallu du temps pour convaincre la famille d'offrir à Hakon une sépulture décente. Certains conseillers s'étaient farouchement opposés à la décision du chef de la Maison Plonge-Mestal, alors que d'autres avaient appuyé sa décision, notamment Kandrian, fidèle conseiller et le père biologique de son demi-frère - Hakon et Bikram partageaient la même mère. Maintes discussions virulentes s'étaient tenues dans le hall de feu la Grande Maison, et deux mois furent nécessaires pour arriver à un accord.

Ajustant son plastron familiale, Bikram se remémora les événements qui avaient mené à la chute de son demi-frère. Une mission supposée être secrète, l'aide des aventuriers, la recherche du Marteau, de bien étranges pilleurs de tombe, l'affrontement. Plusieurs questions étaient restées sans réponse : pourquoi son frère s'était opposé ouvertement à lui ? Si son comportement était belliqueux, Hakon était futé. Quelles raisons l'avaient poussé à le faire ?

Bikram soupira, puis sortit de la pièce pour se diriger dans le hall de la maison. Des gardes tenaient les entrées en cas d'escarmouche. La boisson était interdite pendant les funérailles, les présents devraient donc se tenir tranquille.
Il s'approcha du centre de la pièce et observa les nains assis sur les bancs : des membres de la famille proches, des partisans d'Hakon, des pique-assiettes, des nains toujours à la recherche des faveurs de grandes maisons et un étrange individu en grande robe noire tenant une faux à deux mains.

En remontant les rangées de nains assis, les dorures devenaient plus raffinées, les haches mieux polies et plus rutilantes, les armures moins cabossées. Au premier rang, sa mère Morgra, portait une armure noire avec le blason familial argenté sur le torse. Elle ne cachait pas sa tristesse, pourtant sans avoir compris les choix de son fils. A côté se tenaient son mari actuel, Kandrian et deux autres conseillers Trül et Alrik. Sans surprise, Bredja manquait à l'appel.

Il s'installa devant l'autel, près d'une stèle gravée à la mémoire de son frère. Respirant un grand coup, il récita son discours mainte et mainte fois travaillé. Sa voix se projeta dans chaque recoin du hall, rompant le silence solennel. Il clôtura son monologue avec ces mots :

[...] Que Thuri en soit témoin, Hakon a prouvé sa valeur et sa vaillance, et mérite sa place auprès de Notre Père à tous.



Un moment de recueillement suivit sa tirade, puis les nains se dispersèrent. Traditionnellement la famille grave la stèle à la mémoire du défunt, mais les récentes polémiques avaient eu raison de cette coutume. Kandrian profita de ce moment pour remettre à Brikram une lettre cachetée.

Il l'avait écrite peu de temps avant sa mort. A croire qu'il savait qu'il s'engageait sur une pente glissante. Il m'a fait promettre de te la remettre s'il lui arrivait malheur. Seul Thuri sait ce qu'il a écrit.

Le remerciant d'un signe de tête, il se mit à l'écart avant de l'ouvrir.

Citation :Bikram,

Ouvre les yeux et contemple les manigances faites en ton nom.

Hakon

[HRP] Ceux qui ont participé au scénario "la relique Plonge-Mestal", peuvent répondre en indiquant s'ils sont présents ou non (sans obligation de présence IG). Le choix peut avoir un impact sur la suite des événements. [/HRP]

Plus de deux mois s'étaient écoulés depuis les tragiques évènements du cimetière Lachez qui avait vu l'affrontement fratricide des frères Plonge-Mestal pour la domination de la maison déchue prendre un virage funeste avec la disparition d'Hakon Plonge-Mestal. Gorbad avait failli tout abandonner à son retour à Karad pour retourner à sa vie oisive. L'aventure, c'était trop éprouvant… mais c'était aussi une drogue à laquelle il avait déjà succombé et après quelques jours de tristesse à ruminer dans sa chambre, le manque se fit sentir. Le jeune nain remit le pendentif en forme de hache, souvenir de son père, autour de son cou et agrippa le manche de la hache de son oncle qu'il avait conservé, avant d'aller faire un baiser à sa mère et de passer le seuil de la porte de leur chaumière.

Il avait promis à Bikram d'être une épine dans son pied si ce dernier ne faisait pas tout ce qui était en son pouvoir pour restaurer le nom des Plonge-Mestal mais un peu d'air frais, loin de Karad, lui ferait du bien. Le guerrier retrouva sur la route de nombreux aventuriers qui avaient fait partie de l'expédition au cimetière Lachez et deux, en particulier, devinrent des compagnons : Dorik Brise-Rune et Thorgard. En leur compagnie, Gorbad découvrit Barak Norn et Khazid Grom. Non loin d'eux, il faillit perdre la vie dans une clairière où des chevaliers errants l'avaient laissé exsangue sur le bord de la route. Dans leurs pas, il était parti découvrir les terres agars. Lorsqu'il apprit que les funérailles de son oncle allaient se dérouler prochainement, Gorbad décida de rentrer à Karad.

Le jour des funérailles, il partit à la cérémonie en compagnie de sa mère, qui avait fait tresser ses cheveux et portait une robe sombre. Lui, arborait son armure de cuir d'aventurier, légèrement rehaussée par un casque de métal portant les armoiries de la maison Plonge-Mestal qui portait encore quelques stigmates des coups que le nain avait pris au cours de son périple. La hache familiale pendait à sa ceinture. Ils s'assirent quelque part dans les rangées du milieu, entouré par d'autres membres de la famille de leur rang. A la vue de Bikram, Gorbad se dit qu'il devait trouver le temps d'aller parler à son grand-oncle de… la famille ? Du devenir de la tête du marteau de leur aïeul ? Du futur ? Il ne savait pas trop au fond. Il voulait juste se montrer, ne pas se faire oublier au souvenir du patriarche des Plonge-Mestal. Toutefois, ce n'était peut-être ni le lieu, ni l'endroit. Nul doute que le frère d'Hakon devrait recevoir les condoléances de tellement de personnes que Gorbad risquait de passer inaperçu dans ce cortège.

A la fin de la cérémonie, il quitta sa mère quelques instants pour s'approcher d'une torche illuminant les lieux. Là, il sortit un petit bout de papier de sa poche et l'approcha des flammes pour qu'il parte en fumée. Le document contenait un hommage à Hakon que le jeune nain avait écrit la veille. Il espérait que les paroles devenues cendres rejoindraient, d'une manière ou d'une autre, son destinataire. Il les récita une dernière fois, à voix basse, en guise d'ultime prière.

« Oncle Hakon, ce jour terrible t'appartient,
Ce jour de deuil où nous honorons ton destin.
Notre maison appartient à la montagne et à la terre,
Nous n'avons pas peur de rejoindre nos pères,
Car nous savons que tant qu'il y aura un cœur pour se souvenir,
Nul ne pourra vraiment mourir.

On dit que pour chaque défunt, il y a une étoile qui luit,
Afin que jamais ne disparaisse sa vie.
Que Thuri, Haul et Grungar avec sagesse lisent ton cœur,
Et fasse de toi un égal ou un serviteur.
Oncle Hakon, sans honte je pleure ta mort.
Pour que demain, je n'éprouve ni regrets, ni remords »

Deux mois à s'étriper pour des funérailles.
Sacrés plonge-mestal ... Faut il que j'y aille ?
Au fond loin de l'autel ça sentira moins fort,
Ce qu'il en mettent du temps pour enterrer leurs morts.

Les voir se pavaner dans leurs plus beaux habits.
Célébrer la fin d'une fratricid' tuerie.
Encor un bain de foule pour se faire bien voir ?
Encor un bain de foule pour un peu de gloir ?

Habit de toujours, crasseuz, terreuz et en loqu' !
Pour les changer des médaille et autres breloqu' ?
Cérémonie pompeuz célébrée par Bikram !
Que Thuri ai pitié d'Hakon, de son âme.

J'ai hâte de le voir reposer sous terre,
A sa gloir' je boirai bien une ou deux bières.

Sleipnir etait là.

Thoröm qui était de passage à Karad Zirkomen eu vent de l'enterrement du Plonge-Mestal, lui qui fut présent lors de cette triste affaire se dit qu'il serait intéressant d'être là aux funérailles.

Il s'y rendis donc avec l'espoir de voir des têtes sympathiques avec lesquelles il avait combattu dans le cimetière.

Il eu la bienséance de prendre un bain et de se rendre présentable avant de s'y rendre. Beaucoup de monde était présent et Thoröm pu se faire discret pour observer la cérémonie.

Ashlarak, que la vue (et l'odeur) des non morts avaient secoués plus que de raison, décida d'aller s'assurer que ce mort la le resterait bien.

Si les discussions évoquaient toutes le même sujet, à savoir les informations sur la mort d'Hakon et les conflits avec
son frère, nains et agars présents restaient sur leur défensive. Etait-on le prochain à périr sous les coups de Bikram ?
Exprimer ouvertement son mécontentement signifiait son arrêt de mort ?

Si chacun allait à son interprétation des derniers événements, le principal concerné ne put s'empêcher de blêmir à la lecture de la missive. Ses doutes étaient fondés. Il allait devoir redoubler de prudence.

Un nain venait d'arriver avec un peu de retard.
les Embaumeurs du Nord sont présents et veilleront à ce que les morts ne dérangent pas la cérémonie .