à boire !
La traversée du désert fut des plus pénibles, plusieurs jours durant, bléssé et épuisé après l'agression surprise d'un bandit coriace sur les berges de la Loreline, Baba n'avait du sa survie qu'à la vivacité de sa course, habité comme a son habitude par l'esprit du lièvre lorsqu'il était en danger.
Se remettant avec difficulté des coups violents que lui avait administré le malandrin, avec satisfaction il arriva enfin en vue de la grande cité des Hélion, Babylios la magnifique.
Les hauts remparts d'où s'échappaient ici et là les flèches et les toitures dorées de quelques bâtiments richement décorés ne manquèrent pas de le surprendre, c'était là le spectacle le plus invraisemblable qu'il lui ai été donné de contempler.
La gorge nouée, aussi sèche qu'un rectum de blaireau, il se dirigea en clopinant vers l'entrée ouest de la cité.
A cette entrée de la ville quelques gardes filtraient les allées et venues de quelques chariots tirés par des créatures de bat étranges, et permettre le flot continu d'une populace affairée pour la plupart au cheminement d''eau et de fruits, sans aucun doute les trésors le plus précieux de la perle du désert.
De prime abord ce qui frappa le guérisseur c'est que ces humains étaient vêtus de belles mises aux couleurs chatoyantes et qu'il ne semblait pas y avoir de mendiants ou de campement de malades aux pieds des remparts.
Discrètement, se fondant dans la foule le visage dissimulé par sa lourde capuche, il se fit à peine remarqué et longea les ruelles étroites et ombragées jusqu'à une petite place où il se jeta sur la fontaine qui trônait en son centre.
A grandes gorgées il bu à s'en faire péter l'estomac, il manqua même de s'étrangler; jamais pareille soif ne lui avait desséchée autant le gosier, sa bouche était gercée et la déshydratation lui embrouillait l'esprit, il sentait son sang épaissit frapper ses tempes avec la cadence d'un percussionniste frénétique.
Puis, il s'arrêta un instant pour prendre ses marques et épousseter tant bien que mal ses haillons, il avait l'air plus misérable que le dernier des mendiants de la cité, il était peut être la seule âme miséreuse d'ailleurs, tout le monde semblait propre et bien nourri.
S'enquérant de la route à prendre pour trouver la grande bibliothèque auprès d'un garde bavard et visiblement amusé de voir un habitant de Jada, il ne releva pas les quelques quolibets douteux qu'ils lui furent adressés. La méfiance était de mise.
Il est vrai que vêtu de loques usées, des traces de sang séchés qui maculaient sa tunique miteuse, les pieds aussi crasseux que ceux d'un gobelin, il n'avait pas vraiment fier allure... on aurait pu lui donner l'aumône sans discuter tellement il faisait peine a voir.
Sa peau brulée par le soleil et sa maigreur de serpent, ses ongles longs et fendus, il tenait plus de la bête que de l'homme et dénotait considérablement vis à vis des tenues délicates et des soieries que portaient les plus humbles des habitants.
on verra plus tard pour les emplettes se dit il, sa soif de savoir était plus grande que l'intérêt que lui suscitait les étals des souks. Il déroba un fuit juteux sur une charrette, le vendeur fit une grimace de dégout mais n'osa pas interpellé le voleur.
L'odeur que répandait baba associé à son sourire décharné devait faire office d'armure dans ces quartiers où la richesse s'étalait sans pudeur et où les individus mettaient un point d'honneur à exhiber leurs bijoux.
Se mêlant aux ombres fraiches, il passa à proximité du grand palais qu'il admira un instant avant de s'éloigner en boitant pour monter les marches qui le menèrent dans le temple du savoir, la plus grande bibliothèque d'Ecridel; son coeur battait la chamade alors qu'il pénétrait enfin dans l'enceinte du bâtiment.